> 19 octobre 2023
1993, Caroline Quine (qui fête allègrement ses 63 ans) a la mémoire qui flanche lorsqu’elle rédige Alice et les félins.1 Sarah Berny, la fidèle gouvernante d’Alice Roy, est dénommée Sarah Gruen, alors que James Roy, le père d’Alice, est prénommé Carson ! Pour le reste, tout est d’aplomb. Même si Bess, Marion et Alice ont perdu leur chevalier-servant attitré respectif !
L’histoire se passe dans le milieu des éleveurs de chats ; des concours de beauté regroupent les plus beaux spécimens. Il y a des chats - les plus primés - qui valent de l’or. De quoi aiguiser les appétits. De quoi enlever les plus beaux numéros… afin d’avoir ses chances. Du moins, c’est ce que l’on pense avant de découvrir que l’enlèvement des chats ne constituent qu’une affaire collatérale orchestrée par une jeune fille mouillée jusqu’au cou dans un vol de bijoux de prix ! Un vol commis à Londres et qui concerne une « collection de diamants baptisés les Etoiles de Tanzanie ».
On nous dit d’habitude qu’Alice est devenue orpheline de mère, tout enfant. On apprend ici que c’est à l’âge de 4 ans qu’elle a perdu sa mère.
Dans cet opus, Alice se déplace en Mustang.
Et de « fajitas » au poulet !
Du moins d’un chat, un magnifique angora du nom de « Pacha » ! Un chat, qui fait l’objet de la convoitise de Ted Cassidy, l’ex-mari d’Andrea. Depuis que Pacha a été repéré par une agence de publicité pour réaliser un spot pour un aliment pour chats, Ted est pris d’une véritable passion pour son ancien compagnon à quatre pattes. Et dire qu’il y a peu il ne voulait absolument pas s’en occuper !
C’est le cas, par exemple, de Sean Dunleavy, qui est soupçonné d’avoir administré un somnifère à un chat concurrent pour le rendre moins séduisant, lors de son passage sur le podium !
Dans ce roman, Caroline Quine décrit, avec soin, les différents traitements réalisés, afin de magnifier les concurrents d’un concours de beauté féline. On observe ainsi les différentes étapes du toilettage, allant du shampooing, à la pulvérisation « d’une poudre blanche », afin de peigner aisément le pelage des animaux en question. « Sur les tables, les accessoires de toilettage » voisinent « avec les flacons de shampooing et les produits de soins en tout genre. »
Juste avant d’entrer sur le podium, il est bon de préciser que chaque maître réalise à son protégé « un petit toilettage de dernière minute », comparable à « l’ultime retouche maquillage » d’un top-modèle.
Kara Kramer est une femme sophistiquée, dont les mains sont « parfaitement manucurées » (Caroline Quine, pour être sûre que l’on a bien compris, nous le dit à deux reprises !). A l’agence de publicité Simon & Ross, elle fait la pluie et le beau temps, recrutant les stars de ses spots publicitaires avec professionnalisme. Son premier succès, une grosse campagne de pub pour « le parfum Pavel » ! « Une affiche porte-bonheur », qui a fait le succès de la société cosmétique fabriquant le produit et a révélé l’efficacité de Kara en matière de communication.
Kara serait, dit-on, capable de « coups tordus ». Elle aurait ainsi, il y a quelque temps, laissé courir un bruit terrible, lors d’une campagne pour un jus de fruits. Elle défendait alors les intérêts du jus « Fruits du Soleil » ; elle aurait alors, du moins c’est les mauvaises langues qui le disent, fait circuler une information fracassante. L’icône de « Tropical » (le jus de fruits concurrent) est « allergique aux agrumes » ; elle n’a donc, par conséquent, jamais pu goûter le jus de fruits dont elle vante les mérites. Le coup avait alors porté, engendrant un effondrement des ventes de « Tropical », au profit de « Fruits du Soleil » !
Avec la campagne pour le plat pour chat « Minet régal », dont Pacha est la star incontestée, certains commencent à jaser… Est-ce que Kara ne serait pas pour quelque chose dans la disparition de Pacha histoire de faire le buzz et de provoquer un raz de marée en faveur de « Minet régal » ?
L’une des concurrentes possède un superbe abyssin, dont les « grands yeux en amande » sont cerclés « de noir, comme s’ils étaient maquillés ».
Au salon du plus beau chat, tout le monde est rapidement au courant de la disparition de Pacha, puis de Desdémone, le chat de Sean Dunleavy. « Tout le monde » est « au parfum » comme on dit !
D’ailleurs, en ce qui concerne Alice, il n’est pas tombé à côté, mais pile sur sa tête, histoire de la mettre en garde. Il faudrait peut-être arrêter d’enquêter sur cette histoire de chats volés !
Gillian n’est jamais sur son stand. Sean Dunleavy en est exaspéré. On ne sait jamais où la trouver ! On la voit, ainsi, arriver tranquillement, un flacon à la main, alors que personne n’est plus là pour surveiller Desdémone et ses compagnons. « J’avais oublié le talc dans ma voiture. Il a fallu que j’aille le chercher avant le début du concours, expliqua la jeune assistante. »
Et puis, l’on s’étonne aussi, en apprenant que la jeune fille a tenu à tout prix à garder Desdémone, la nuit du départ de Londres. Elle voulait, disait-elle, « lui faire un shampooing et lui tailler les griffes » ! L’occasion rêvée, pour elle d’échanger les pierres en strass du collier de Desdémone, contre des diamants 100 % véritables.
Et on comprend tout lorsque, l’on nous révèle que Gillian est la petite amie de Sam Silver, un voleur de bijoux, bien connu des services de police.
Alice Roy, comme de coutume, a résolu l’énigme des chats disparus. En récompense, elle risque fort de se retrouver dans le prochain spot publicitaire concernant le produit « Minet Régal », aux côtés de Pacha. Kara, qui ne perd jamais une occasion de faire du bruit, est bien décidée à exposer la jeune détective sous le feu des projecteurs.
Pour une fois, il n’est pas question des cosmétiques utilisés par Alice, Bess ou Marion. Il est question, en revanche, de produits d’hygiène et de soin à destination des animaux. Ceux-ci sont toilettés, pour être les plus beaux possibles. Caroline Quine nous fait découvrir les concours de beauté pour chats ; disparitions, vol de bijoux. Tout est lié dans cette aventure qui pourra être lue par tous - même les personnes allergiques au poil de chat !
1 Quine C., Alice et les félins, Hachette Jeunesse, 1997, 254 pages
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