> 04 août 2019
« Choses vues » est un livre de souvenirs où l’on trouve, pêle-mêle, de « petites choses » et de « grandes ».1 Ce sont les petites qui nous intéressent, bien évidemment, aujourd’hui. Victor Hugo, Toto pour les intimes (c'est en effet ainsi que Juliette Drouet l'appelle dans ses lettres), ne manque pas d’humour et se plaît à rapporter des anecdotes, des bons mots, des situations cocasses... à croire que notre grand homme est le précurseur des blagues de Toto !
Pour qualifier la période de la Terreur, rien de tel qu’une comparaison médicale bien affutée. « Robespierre est un Dupuytren politique » qui manie la guillotine avec autant de dextérité que le célèbre chirurgien son bistouri.2
Les règles font « tomber le blanc et le rouge des joues des actrices ».
Alors que Toto se trouve chez son perruquier, il assiste à une scène de ménage entre celui-ci et son épouse : « Quand on ne peut avoir qu’un mari ouvrier et qu’on ne veut pas l’aider, on reste fille ou on se met fille. »
« M. le prince de Joinville a le visage couvert de barbe (blonde), ce qui me paraît contraire aux règlements de la marine militaire. »
Alors que Toto visite la Conciergerie, il assiste à l’évanouissement d’une jeune fille incarcérée dans le quartier des femmes. La gardienne lui explique : « Cela lui prend chaque fois qu’elle met un corset. » Le corset, un objet de torture bien pire que tout ce que l’on peut imaginer !3
« Les petites choses parodient les grandes. L’eau de Cologne elle-même a eu son Améric Vespuce, qui est Jean-Antoine Farina ». Le véritable inventeur s’appelait Paul Féminis.4
Lors du retour des cendres de Napoléon en 1840, une grande cérémonie est organisée. « Le Requiem de Mozart a fait peu d’effet. Belle musique, déjà ridée. Hélas ! La musique se ride, c’est à peine un art. »
Lorsque Toto rapporte un bon mot de l’écrivain Joseph Méry, cela donne ceci. Alors que Méry est à l’opéra, il apostrophe le chef d’orchestre, depuis le balcon où il se trouve, du fait des sons discordants qui s’échappent d’instruments de la famille des cuivres. « Ayez la bonté de m’extirper ces deux cors que j’ai là, à mes pieds. »
Non, pas dans la mâchoire à Toto, ni à Jean... mais dans la mâchoire du Dr Deboret, le médecin qui a autopsié le responsable d’un attentat dirigé contre le roi Louis-Philippe. Le terroriste possédait une belle dentition, le docteur une molaire branlante... le prélèvement était vraiment trop tentant !
Toto note, dans ses mémoires, que, durant l’été 1793, « le thermomètre atteignit à Paris quarante degrés. »
Toto est comme Napoléon ; sa tête délicate supporte mal les chapeaux neufs et ne se trouve donc bien que dans des chapeaux usés confortables.5 « Je comprends et je partage ce goût. Pour un cerveau qui travaille, la pression d’un chapeau neuf est insupportable. »
Le dimanche 20 décembre 1846, Toto II, fils de Toto Ier, « se rase pour la première fois » !
« Les femmes en Orient s’épilent absolument. »
Savez-vous que le comédien Lepeintre avait une maladie du « fondement » ? Que pensez-vous qu’il fit de la prothèse qu’on lui posa pour venir à bout de ses problèmes digestifs ? « On finit par lui mettre un anus en argent. En 1846, il n’avait plus qu’un anus en plaqué, ayant mis l’anus en argent au mont-de-piété. »
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, qui nous apprend quel est le véritable auteur des blagues de Toto...
1 Hugo V., Choses vues 1830 - 1846, Gallimard, 1972, 508 pages
2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-dr-dupuytren-un-bon-bain-et-j-opere-912/
4 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/l-eau-de-cologne-d-ici-ou-d-ailleurs-175/
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