> 14 mars 2023

Ecrire le mot « shampoing » sans se tromper n’est pas facile nous glisse, entre deux définitions, le dictionnaire de l’Académie Française, qui opte pour shampoing (avec un seul o), tout en admettant que shampooing (avec 2 o pour mieux laver !) est également toléré (mon préféré !)¹

Pour Julien Piédalu, un personnage inventé par le journaliste-caricaturiste-rédacteur en chef, Henri Bouyer,² le produit cosmétique vendu chez le coiffeur, entre autres, s’écrit comme on peut. « Champoin »… avec un t… ou pas selon l’humeur et selon que l’estomac est à vide ou pas.³

La chronique de Piédalu, publiée au départ dans Le Populaire de l’Ouest, a fait l’objet, en 1947, d’une diffusion sous la forme d’un album imprimé à Rennes. Le premier d’une belle série.

Quid de Julien Piédalu ? C’est un petit bonhomme dont la casquette est vissée sur la tête et la cigarette rivée au bec. « Né natif du département de la Loire-Inférieure (Haute Bretagne) du croisement de quelque Donatien Piédalu et d’une quelconque Varginie Retailleau, le garçon grandit sur place dans un village indéterminé du sud de la Loire. » Marié à Valentine X… dans les années 1920, Julien est l’archétype du Français moyen de ce début de XX^e siècle, vivant dans un petit pays où les nouvelles arrivent sans se presser. Plein de bons sens, sa philosophie de vie se lit dans un fond de bouteille de… muscadet.

Dans la chronique intitulée Convalescence, Julien Piédalu réalise sa première sortie après avoir eu « une pointe de conjexion » ! Régime sec… au « Vitèle » imposé par le docteur ! L’idée est d’aller chez le coiffeur en passant par le bistrot… Julien avoue : « J’ai mit un bou de tant pour arrivé che le frater pour qu’il me grate la couaine. » Les verres se succédant à un rythme effréné. Une fois chez le coiffeur, rasage au coupe-chou. Pour rendre service, Julien se met à la déclaration d’impôts de son hôte, Grégoir. « La déclarassion pour le préssepteure » c’est pas rien à rédiger ! Julien est connu dans tout le pays « Fot dir que tout le mond save bien dans le paït que les écritur, sa me fait pas peur, vu que s’est moi que je baliait le burot des ségrétaire au réjimant pendant la drolle de guère : » Une fois la barbe faite donc… voilà notre Julien stylo en main. De quoi en perdre son latin avec toutes ces informations à donner (je t’en pose des questions ?). Aussi, lorsque la bouteille d’encre se renverse sur le document, voilà Grégoir ravi qui s’écrie : « Comesa il pouron pas lir et y seront bien be atrapé ! »

Des chroniques savoureuses, à lire à haute voix, avant de faire son shampooing, estampillé « Sèvre et Maine » s’il vous plaît !

Bibliographie

¹ https://www.dictionnaire-academie.fr/article/A9S1514

² https://www.lyceedenantes.fr/julien/bouyer-henri/

³ Bouyer H., La chronique de Julien Piédalu, Aux portes du large, Rennes, 1947