> 13 avril 2023
Se rendre des îles Marquises à Honolulu, voilà le trajet qu’a décidé d’effectuer Langelot, dans une coquille de noix,1 ceci, bien sûr, pour la bonne cause, puisque notre héros, rebaptisé pour l’occasion Jérôme Blanchet, a pour mission de détecter la présence d’un espion parmi une équipe de 5 chercheurs scientifiques (MM. Barberet, Le Goffic, Planacassagne, Porticci et Mme Therrien) chargés de mettre au point des engins maritimes ultra-innovants. Ces chercheurs, retirés sur l’île de Paramotou, vont donc devoir être approchés, par voie maritime, sans attirer leurs soupçons !
Dans le petit port de l’île d’Oboubou où Langelot décide d’embarquer, le capitaine du port ironise. Ce vieux loup de mer d’origine bretonne, « hâlé jusqu’à la teinte du chocolat amer », ne croit pas une seconde que le jeune homme pourra gagner ce pari fou (la jeune fiancée de Langelot attend le succès de cette entreprise avant de nouer les liens du mariage, c’est du moins l’histoire qu’il raconte à qui veut l’entendre) !
Mais, malgré tout, et pour la bonne raison que ce marin hâlé n’est autre qu’un « honorable correspondant » du Service Nationale d’Information Fonctionnelle (SNIF), voilà Langelot embarqué sur un voilier et vogue la galère !
Mais Langelot n’est pas seul à bord… Il y a là Liane Dotrante, une jeune fille, cachée dans un caisson. Une fille « mince aux yeux verts », qui s’est invitée là par goût de l’aventure (c’est du moins ce que l’on croit au début !).
Sur cette île (ce n’est pas elle qui était visée), Langelot et Liane rencontrent un curieux habitant du nom de Saturnin. Professeur d’anthropologie, Saturnin s’exerce à la vie sauvage, en réalisant lui-même tout ce dont il a besoin (de l’huile d’éclairage à son pagne en peau de bête)… Pour être tout à fait honnête, il faut avouer qu’il a caché, quelque part sur l’île, sa réserve « d’apéritif à la mode, de l’Estérel » et quelques outils bien précieux comme une scie, une pelle, une canne à pêche… Lorsque Saturnin déclare, haut et fort, son aversion pour l’alcool, Langelot ne peut donc s’empêcher de s’interroger dans son fort intérieur : dans ces conditions, l’apéritif stocké sur l’île lui sert il « à se laver les pieds » ?
Sur l’île de Paramotou, les scientifiques vivent en vase clos, dans un bunker ultra-protégé. En inspectant le laboratoire de chimie, Langelot y voit des « boîtes », des « fioles », des « éprouvettes ». Les ingrédients les plus toxiques s’y cachent sous des dénominations végétales anodines. L’acide sulfurique (« SO4H2 ») est étiqueté « Camomille ». Le « cyanure de potassium » apparaît sous le nom de « Verveine » ! Il y a aussi un mystérieux ingrédient dénommé « tilleul » : « une poudre de couleur turquoise, inodore et sans saveur » ! Langelot connaît sa « formule chimique par cœur » ; il se garde bien, toutefois, de nous la révéler ! On saura juste que ce drôle de « tilleul » devra être utilisé pour tout faire sauter au cas où la mission tournerait vinaigre.
Afin de pouvoir s’isoler du reste de la troupe, quoi de mieux qu’un « coup de soleil » simulé ? C’est du moins l’avis de Langelot, qui feint un mal de tête violent, avant de se retirer sous sa tente après avoir pris un petit verre d’Estérel comme remontant !
La vie est rude pour Langelot qui ne peut guère dormir que d’un œil. Quelqu’un s’amuse, en effet, à planter dans sa couverture, une drôle de flèche, dont le bout est « recouvert d’un enduit rouge que Langelot n’avait pas les moyens d’analyser », mais dont il pressent qu’il ne s’agit pas de « mercurochrome » !
Lorsque l’Estérel vient à manquer, les chimistes ne sont pas en mal d’en fabriquer. « 20 % d’alcool à 90, 70 % d’eau, 9 % de jus de raisin, 1 % de naphtaline. » La naphtaline est peut-être quand même de trop, comme le mentionne Barberet !
Tous des espions… malgré eux. Et oui, c’est aussi bête que cela. Chaque membre de l’équipage - et Liane aussi - fournit des informations à un certain Cordovan, un « officier français. Grand, beau, brun, athlétique, les yeux bleus, le teint bronzé » ! De quoi faire chavirer le cœur de Liane ! Le seul problème c’est que ce Cordovan n’est absolument pas un officier français !
Jubilatoire cette aventure, où un bel espion bronzé arrive à extorquer de l’information à 5 chercheurs en même temps. Un bronzage qui séduit, qui fait sérieux, qui amène les confidences. Heureusement, Langelot est là pour remettre bon ordre et mettre fin à cette mascarade.
1 Lieutenant X, Langelot sur l’île déserte, Bibliothèque verte, Hachette, 188 pages
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