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Fard à paupière et blush pour une héroïne jeunesse pleine de charme !

> 14 janvier 2021

Fard à paupière et blush pour une héroïne jeunesse pleine de charme !

Justine a quatorze ans et demi, de jolies boucles blondes et un « teint doré » ; elle est première de sa classe de première, et lit avec autant de bonheur Boris Vian, Stéphane Mallarmé, Stendhal ou le Lieutenant X.1 Il faut dire que la belle Justine a de qui tenir. Son père, le professeur Jacques Vaillant officie à la Sorbonne, en qualité de linguiste, spécialiste de « philologie ». Une voiture, appelée Sainte-Axe, en hommage à son propriétaire. Un chien XXL, nommé Aigleton. Une petite tortue, appelée Zoé. Justine passe l’année avec son père et ne retrouve son petit frère Benjamin (un élève dissipé qui va redoubler sa septième - c’est-à-dire son CM2 - à la rentrée) que pour les vacances scolaires. Jacques et Nathalie ont décidé de vivre séparément la majeure partie de l’année ; chacun a choisi l’enfant qui lui correspondait le mieux. L’été se passe à Cassis, dans une vieille maison qui, bien que tout juste rénovée, a été baptisée « La Ruine ». Cette année, Nathalie fait faux bond. Elle est à Venise, pour une exposition de peintures ; c’est Marie, la sœur de Jacques, qui assurera une présence féminine dans la maison.

Des baigneurs en trop grand nombre, trop de produits solaires

Justine rêve d’une crique déserte pour son premier bain de l’année. « Des baignades dans un bouillon de culture de microbes », non merci ! Ce n’est pas vraiment à son goût ! Justine rêve de se baigner tout l’été comme si on était aux premiers jours de septembre, c’est-à-dire sur une plage déserte. La plupart du temps, Justine rouspète « contre les vautrés de la côte ; les odeurs d’huile à bronzer et les plages poubelles » ; rien de pire que d’avoir à slalomer entre les « corps grillés » et de devoir pousser du « pied les produits solaires ». Justine n’est pas du genre à se grâler au soleil. A peine sur le sable, déjà dans l’eau ! A peine sortie de l’eau, déjà rentrée chez elle, « sans avoir pris la peine de se sécher ou de s’habiller » ;

Un promoteur immobilier qui met le feu à la pinède, trop de feux et son homme de main, Gaston Bouffigue (un drôle de personnage bronzé dont la bouche rouge « semblait maquillée », dont les cheveux lustrés semblaient « oxygénés »), font de fructueuses affaires pour l’Immotrac, une agence immobilière qui n’a pas l’air d’être à cheval sur les principes. Un petit feu par-ci par-là et les propriétaires deviennent des vendeurs très raisonnables.

Les jumelles Lathermite, Marthe et Marta, sont des jeunes filles rousses, abondamment peinturlurées. Leur teint pâle contraste avec celui des personnes rencontrées dans la région (« Autour d’elle, les femmes étaient belles et bronzées. Les hommes étaient beaux et bronzés. »). Des lèvres très rouges, des cils collés par paquet par un rimmel, qui ne résiste pas aux larmes. Marthe, la plus bête des deux sœurs, n’hésite pas à dire à qui veut l’entendre que les feux, c’est bon pour le commerce ! Rabrouée par Marta, elle se transforme en fontaine et le rimmel coule le long de ses joues.

Une secrétaire de mairie qui refuse de laisser consulter le cadastre

Pour y voir clair sur les liens qui existent entre l’Immotrac et les feux de pinède, Justine se rend à la mairie, afin de consulter le cadastre. Une « blondinette au visage peinturluré », qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Gaston Bouffigue, ne se montre guère coopérante. On est en fin de journée, son « fard mal étalé et usé » lui fait une figure de clown ; revenez demain !

Un feu qui brûle la peau de Justine

Arrivée à temps, Justine réussit à stopper un départ de feu. Résultat : une brûlure au bras, une brûlure qu’il faut traiter au plus vite avec un baume apaisant. Un baume, qui n’est rien d’autre qu’une « pâte gluante, brune, translucide, à la puissante odeur ». Le principe actif, « un calmant efficace », agit très vite. Justine traîne derrière elle une puissante odeur, qui fait ironiser le reste de sa famille. « Le dernier parfum de Chanel ? » Non pas vraiment ! Au fil de la journée, et du fait de la chaleur, le parfum tourne à l’aigre et empeste littéralement.

Une Justine maquillée avec délicatesse

Justine n’est pas très féminine. « Elle avait horreur des sacs presque autant que des bijoux et des maquillages. » Pourtant, lorsque son père l’invite au restaurant, elle n’hésite pas à frapper à la porte de sa tante Marie, pour lui réclamer un fard à paupières (du plus beau brun), afin de masquer une paupière gonflée de larmes. Et pourquoi pas un fard à joue (du plus beau rose) ? Pâle, « comme un navet bouilli », Justine a bien besoin d’un blush, pour retrouver quelques couleurs. Au lieu d’appliquer la poudre avec doigté, Justine frotte, avec une belle énergie, chacune de ses joues. Le résultat est satisfaisant. Ces produits de maquillage ont redonné confiance à la jeune fille. « Justine était très rassurée par un peu de poudre brune et de rose à joues : elle avait l’impression de porter une cuirasse en acier trempé. »

Justine sort de l’ombre, en bref

Dans ce roman qui met en scène la pétillante Justine, il n’y a guère d’ombre. Il y fait une chaleur torride. Et des petits malins en rajoutent encore en mettant le feu aux brindilles sèches. Heureusement, Justine et son vélo flambant neuf sont là pour veiller au grain et faire taire les méchants. Pour Justine, pas encore de mallette complète de maquillage, pas de mascara volumateur ; juste une ombre sur la paupière et du rose sur les joues !

Bibliographie

1 Laurencie, Justine sort de l’ombre, bibliothèque verte, Hachette, 1982, 187 p

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