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Des pains de savon étonnants et détonants !

> 20 avril 2023

Des pains de savon étonnants et détonants !

Cette fois-ci, le sous-lieutenant Langelot, membre actif du Service National d'Information Fonctionnelle, autrement dit du SNIF, a pour mission d’infiltrer une radio pirate (Radio-équipe) qui émet 24 heures sur 24 de la musique Pa-pou…1 Entendez par là des chansons à l’air entraînant et aux paroles bon enfant. Des chansons pas intellos pour un sou, des chansons qui ne donnent pas la migraine ! Oui, mais le problème, c’est que les fondateurs de cette radio libre ne sont pas d’honnêtes citoyens, mais des espions à la solde de l’étranger, chargés de piller des inventeurs français. Les chanteurs Pa-pous recrutés ne le sont pas pour leur joli filet de voix, mais pour leur casier judiciaire loin d’être vierge. Ces jeunes chanteurs vont donc rencontrer des inventeurs français et leur soutirer les plans et les formules chimiques de leurs inventions… Et notre ami Langelot va être en charge de dynamiter cette horrible organisation.

Les « moustaches » sont sur le coup !

Les moustaches se sont, en argot, les militaires composant les services secrets ! Une expression au poil !

Un inventeur d’une motocyclette volante, la Bretonne

M. Pernancoet est l’inventeur d’une « motocyclette volante », capable de filer dans les airs à vive allure (elle se déplace sur le même principe que les « fusées cosmiques »). Dans son manoir, le vieil homme veille sur sa machine avec l’aide de ses 5 fils, Yves, Tugduald, Yan, Hervé et Corentin. La moto est, bien sûr, convoitée, mais le carnet « noir dans lequel M. Pernancoet a consigné « les formules chimiques des corps indispensables pour le fonctionnement de l’invention » l’est tout autant, voire plus ! Des tentatives de vol ont déjà eu lieu !

Une radio qui vit de la publicité

Radio-Equipe est une radio dont le siège est un ponton, arrimé sur la côte bretonne. Cette radio vit de la publicité. « Les pneus Pim », « L’aspirine Anticrâne », « les pendules électriques Oreste », « le détergent Jeune » sont vantés sur les ondes…

Un Snifien qui chante faux

Le lieutenant Langelot ne brille pas par la justesse de sa voix ; il est pourtant retenu au titre de chanteur Pa-pou pour la radio (sous le nom d’Auguste Pichenet). Il semblerait, toutefois, que ce soit ses talents de crocheteur de serrure et de visiteur de coffres-forts qui aient retenu l’attention du jury. Avec une jeune fille charmante, Francia Lagloire (« Elle avait des cheveux noirs très longs et une robe noire très courte »), Langelot, alias Auguste Pichenet, va pouvoir constituer un duo de choc !

Un Snifien qui dort comme un bébé

Avant de se lancer dans sa nouvelle mission, Langelot se fait tout propre. « Une heure plus tard, il était dans son lit ; déshabillé, douché, et dormant du sommeil tranquille qu’on appelle le sommeil des justes, mais qui est aussi celui de bien des agents secrets. »

Un Snifien surveillé de très très près

Le Snifien semble être une recrue de choix pour qui veut piller des inventeurs de formules secrètes. Toutefois, les cerveaux de l’affaire (Haroun, Al et Rachid, 3 membres du réseau SPHINX) n’ont pas l’air d’avoir une grande confiance en lui. Langelot est donc suivi pas à pas par Greg, un chanteur Pa-pou chargé de sa surveillance. Désolation de Langelot qui se lamente : « C’est à peine s’il me laisse prendre ma douche tout seul ! Et, en effet, au sortir de la douche, il trouvait la sauterelle (la sauterelle est, comme on l’aura compris le petit nom doux donné à Greg) qui l’attendait, un sourire servile aux lèvres : Tu as pris une bonne douche, Séraphino (Séraphino est en effet le nom de radio de Langelot) ? Tu veux que je te porte ta serviette ? Ton savon ?... » Au restaurant, même cirque, pas moyen de s’en séparer une seconde. « Excuse-moi, Greg, je vais aller me laver les mains. » « Bonne idée », dit Greg « Tu penses toujours à tout, Séraphino. J’ai les mains sales, moi aussi. »

Un Snifien qui passe chez le coiffeur avant de filer chez M. Pernancoet

Le blond Langelot est connu de M. Pernancoet et de ses fils. Pour réussir la mission qui lui est assignée, il va donc falloir changer d’aspect. « Langelot, sur les fonds de mission qu’il avait reçus, commença par se faire teindre les cheveux en noir chez un coiffeur et par s’acheter une paire de lunettes de soleil. » Tout cela, sous l’œil vigilant de Greg, son fidèle acolyte !

Une teinture capillaire… qui ne plaît guère à Francia. « Comme tu es laid, Séraphino ! Je ne t’aime pas du tout avec des cheveux noirs. Moi, qui m’étais teint pour te plaire, soupira Langelot » !

Bon, cette teinture n’était sans doute pas nécessaire, quand on sait que tous les membres de la famille Pernancoet vont être endormis, lorsque Langelot viendra leur rendre visite pour la seconde fois. Une petite incohérence à noter !

Bon, cette teinture donne vraiment du fil à retordre à l'auteur de cet ouvrage puisque, par la suite, même de « furieux shampooings » ne pourront venir à bout de la couleur foncée déposée sur les blonds cheveux du jeune sous-lieutenant !

Une chanteuse Pa-pou chargée des basses besognes

A peine arrivée au QG de la radio, voilà Francia mise au pied du mur. A elle, toutes les basses besognes : lessive, vaisselle, changement de l’eau du bocal à poissons. Des tâches qui risquent d’abimer les jolies mains de Francia. A chaque problème sa solution, nous dit Langelot, qui console Francia illico presto : « Pour protéger tes mains, tu exigeras que Radio-Equipe t’achète des gants de caoutchouc. »

Une chanteuse Pa-pou qui se fait passer pour une représentante en savonnettes

C’est la fraîche Francia qui est désignée pour s’introduire dans le manoir de M. Pernancoet. Cette jeune fille, qui n’attirera pas les soupçons, va simuler un accident de bicyclette, afin de pouvoir endormir le vieil inventeur et ses fils. Langelot pourra ensuite se glisser dans la place.

Francia transportera, pour l’occasion, deux mallettes bien distinctes. L’une (celle aux poignées « nickelées ») contient « des savonnettes et des paquets de lessive Jeune », l’autre (« à la poignée de cuivre ») « des morceaux de plastic, enveloppés dans des emballages de savonnettes et de lessive Jeune » !

Une fois arrivée au manoir - pour faire plus vrai, Francia s’est meurtrie volontairement les mains à l’aide de pierres – la jeune femme est prise en charge par les 5 fils de la maison. Avant de se « débarbouiller », elle s’empresse de verser un somnifère dans la pâtée des chiens et dans la soupe aux choux des humains.

Le courant passe bien entre Francia et les jeunes gens. Corentin (l’apprenti vétérinaire) part à la recherche de « Mercurochrome », pour soigner les plaies et revient avec de la « teinture d’iode », qu’il badigeonne avec soin sur les blessures. 

Yves se déclare même prêt à acheter le stock complet de savonnettes transporté par la jeune fille. Son père s’interpose : « Non, non, dit-il pas tout le lot. Nous aurions l’air de vouloir obliger Mademoiselle. Mais si elle peut nous céder quelques morceaux de savon et quelques paquets de lessive, nous lui en serions reconnaissants. » Pour le tarif, c’est presque un cadeau… improvise Francia. « Euh… dix centimes les savonnettes et cinq la lessive, répondit Francia au hasard. » Une marque « avantageuse », comme le dit M. Pernancoet, qui va de ce pas en tester l’efficacité. « S’ils sont aussi bons que peu coûteux, j’en prendrai désormais. »

Langelot chez les Pa-pous, en bref

Il y a une curieuse histoire de mallettes. Seules leurs poignées permettent de distinguer leurs contenus respectifs : les cosmétiques (les savonnettes utiles pour la toilette) d’une part, les engins de guerre (les pains de plastic moulés en forme de savonnettes), d’autre part ! Les contenus des mallettes sont échangés (on s’y perd un peu !). Et tout fait boum à la fin de l’aventure ! Les méchants sont punis. Les plans de la motocyclette volante sont sauvés. Que souhaitez de mieux ?

Bibliographie

1 Lieutenant X, Langelot chez les Pa-Pous, Bibliothèque verte, Hachette, 1969, 250 pages

 

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