> 10 septembre 2019
Après avoir établi un palmarès des meilleurs produits de l’été à l’attention des juilletistes et des aoûtiens,1 nous revenons avec une mini-sélection de produits à destination de nos lecteurs qui nous ont demandé cet été de nous pencher sur l’efficacité de produits qu’ils aimeraient bien emmener en vacances avec eux en septembre.
Le lait solaire fondant Waterlover de Biotherm est « respectueux de la vie aquatique », nous dit-on, mais pas de nos yeux. Pour notre part, cette mention qui apparaît en bleu sur fond jaune, apposée au-dessus d’une vague, nécessite un effort oculaire important. Waterlover, water résistant… On demande à voir.
Si l’on détaille la composition de ce produit de protection solaire, on constate la présence de 7 filtres UV, ce qui est tout à fait réjouissant en matière d’effet photoprotecteur. Ce qui met la puce à l’oreille, c’est l’arrivée en tête de liste des filtres UV de l’homosalate, un filtre UVB à effet protecteur médiocre. Si le filtre en tête de liste est médiocre, comment peut-on espérer obtenir un haut indice ? En 6e position, on note la présence d’alcool, un ingrédient dont nous faisons la chasse dans les cosmétiques en général et dans les solaires en particulier. Nos amis Américains ont redécouvert, à ce sujet, au mois de mai dernier, ce que l’on sait depuis fort longtemps, c’est-à-dire que les filtres UV sont capables de se retrouver dans la circulation sanguine, suite au phénomène de passage transdermique.2 Afin d’éviter ce phénomène non souhaité, il est donc important de mettre toutes les chances de son côté et d’éviter d’incorporer des exhausteurs de pénétration tel que l’alcool.
L’originalité de cette formule est liée à la présence d’une bactérie Gram négatif, qui répond au joli nom de Vitreoscilla filiformis. Cette bactérie peut être retrouvée au niveau des eaux sulfureuses employées en balnéothérapie à destination des sujets souffrant de certaines dermatoses ou des boues utilisées dans les spas pyrénéens. Elle peut être également obtenue par fermentation industrielle afin de mettre au point un lysat bactérien (bactérie dont la membrane cellulaire a été détruite ce qui a généré sa destruction) facile à mettre en œuvre pour le formulateur.3 Une publication de 2006, émanant du service recherche de L’Oréal, a mis en évidence l’intérêt d’une émulsion (sa composition est la suivante : aqua, glyceryl mono/distéarate, polyéthylène glycol stéarate, isoparaffine, cyclopentadiméthylsiloxane) renfermant 5 % d’extrait de Vitreoscilla filiformis dans la prise en charge, pendant une durée de 4 semaines, de 13 patients atteints de dermatite atopique légère à modérée.4 Même constat deux ans plus tard avec une taille d’échantillon plus grande (75 patients).5 Rebelote 9 ans après, avec, cette fois 60 patients et une crème renfermant 20 % de beurre de karité, 4 % de niacinamide, de l’eau thermale de La Roche Posay, du mannose et la biomasse issue du milieu de culture de Vitreoscilla filiformis en suspension dans de l’eau thermale de La Roche Posay (pourcentages non précisés). Une régulation de la flore cutanée ou microbiote est observée.6,7
Tout cela est bien joli, mais il nous faut des résultats.
En matière d’efficacité, ce produit est décevant, puisqu’il ne permet d’atteindre qu’un SPF de 35. Le Facteur de protection UVA est de 17. Le ratio SPF/FP-UVA est donc de 2, ce qui est bien.
En matière de résistance à l’eau, ce produit aime l’eau à n’en pas douter. Il aime même tellement l’eau qu’il s’y précipite avec délectation. Le pourcentage de résistance à l’eau dans ces conditions n’est que de 8 % ce qui est ridiculement bas.
En matière de photostabilité, cela s’arrange. Avec une perte d’efficacité limitée à 11 %, ce produit se classe dans la catégorie des produits dont la photostabilité est très honorable.
Comme la brave Mère Denis qui vantait dans les publicités de notre enfance les lave-linge Vedette en ponctuant ses phrases de « C’est vrai ça », nous avons envie de dire « C’est bien vrai ça, ce produit aime l’eau mais pas dans le sens attendu ».
Bibliographie
2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/mais-mais-ils-sont-fous-ces-americains-1056/
3 Contreras S, Sagory-Zalkind P, Blanquart H, Iltis A, Morand S., Complete Genome Sequence of Vitreoscilla filiformis (ATCC 15551), Used as a Cosmetic Ingredient, Genome Announc., 2017, 24, 5, 34
4 Guéniche A, Hennino A, Goujon C, Dahel K, Bastien P, Martin R, Jourdain R, Breton L, Improvement of atopic dermatitis skin symptoms by Vitreoscilla filiformis bacterial extract, Eur J Dermatol., 2006, 16, 4, Pages 380-384
5 Gueniche A, Knaudt B, Schuck E, Volz T, Bastien P, Martin R, Röcken M, Breton L, Biedermann T, Effects of nonpathogenic gram-negative bacterium Vitreoscilla filiformis lysate on atopic dermatitis: a prospective, randomized, double-blind, placebo-controlled clinical study, Br J Dermatol., 2008, 159, 6, Pages 1357-1363
7 Seité S, Zelenkova H, Martin R, Clinical efficacy of emollients in atopic dermatitis patients - relationship with the skin microbiota modification, Clin Cosmet Investig Dermatol., 2017, 12, 10, Pages 25-33
Composition
Lait solaire fondant (formule hydratante enrichie en Life Plankton) SPF 50 : AQUA / WATER, GLYCERIN, HOMOSALATE, C12-15 ALKYL BENZOATE, DROMETRIZOLE TRISILOXANE, ALCOHOL DENAT., ETHYLHEXYL SALICYLATE, BIS-ETHYLHEXYLOXYPHENOL METHOXYPHENYL TRIAZINE, ZEA MAYS STARCH / CORN STARCH, DIETHYLAMINO HYDROXYBENZOYL HEXYL BENZOATE, ETHYLHEXYL TRIAZONE, PROPYLENE GLYCOL, TRIETHANOLAMINE, PARFUM / FRAGRANCE, SODIUM STEAROYL GLUTAMATE, SYNTHETIC WAX, TEREPHTHALYLIDENE DICAMPHOR SULFONIC ACID, STEARIC ACID, PALMITIC ACID, PEG-100 STEARATE, GLYCERYL STEARATE, CAPRYLYL GLYCOL, ACRYLATES/C10-30 ALKYL ACRYLATE CROSSPOLYMER, XANTHAN GUM, VITREOSCILLA FERMENT, MYRISTIC ACID.
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