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Vitamine A et produits de protection solaire

> 03 juillet 2017

Vitamine A et produits de protection solaire Tout a commencé en juillet 2010 avec les résultats d’une enquête publiée par l’association américaine Environmental Working Group. Il apparaît que 41% des produits de protection solaire retrouvés sur le marché contiennent du palmitate de rétinyle, un ingrédient pointé du doigt du fait de son caractère photo-carcinogène potentiel. L’affaire est relayée par les médias qui clament haut et fort : « Votre produit solaire peut vous donner un cancer » (http://www.ewg.org/sunscreen/) (Steven Q. Wang, Stephen W. Dusza, Henry W. Lim., Safety of retinyl palmitate in sunscreens: A critical analysis, Journal of the American Academy of Dermatology, 63, 5, 2010, Pages 903-906).

Depuis, on trouve toujours cette information relayée par certaines associations ou certains blogs (http://sain-et-naturel.com/etude-mythe-cancer-creme-solaire.html).

Dans ce type de situation, il est important de se pencher sur les listes d’ingrédients cosmétiques afin de savoir si le marché américain et le marché français sont similaires. C’est ce que nous avons fait.

La vitamine A (ou rétinol) et ses dérivés sont traditionnellement utilisés, en France, dans le domaine cosmétique pour leur effet anti-âge. On leur reconnaît un effet exfoliant : en réduisant l’épaisseur de la couche cornée, on peut ainsi réduire la profondeur des rides. On leur prête également un effet bénéfique en profondeur, par stimulation de la synthèse des fibres de collagène.

Le rétinol est utilisé sous la forme d’esters (palmitate, par exemple) afin d’augmenter sa stabilité. Les rétinoïdes constituent une famille de molécules présentant une piètre tolérance. Ce sont des molécules irritantes, donc susceptibles de provoquer des irritations, des érythèmes, des brûlures, des démangeaisons… (Ho Seong J, Jo Eun S, Min Soo K, Mean Hyung K, Dong H, Sang Ok J, Seong Hoon J, Young Wook C, Sangkil L (2013) A retinyl palmitate-loaded solid lipid nanoparticle system: Effect of surface modification with dicetyl phosphate on skin permeation in vitro and anti-wrinkle effect in vivo. International Journal of Pharmaceutics 452 (1–2) 311-320). Pour cette raison, les dérivés de vitamine A ne conviennent pas à tout le monde. Et ce d’autant plus, que ces dérivés sont capables de se transformer au niveau cutané en acide rétinoïque, une molécule interdite dans les cosmétiques… L’acide rétinoïque est, en effet, un principe actif médicamenteux utilisé dans le traitement l’acné. Il nécessite des précautions d’emploi du fait de son effet tératogène.

Rétinol et rétinaldéhyde sont incorporés quasiment exclusivement, en France, dans les produits à visée anti-âge. Sur l’ensemble des produits testés au Laboratoire de Pharmacie industrielle et de Cosmétologie durant cet été 2017, nous n’avons pas mis en évidence cet ingrédient.

Suite à une irradiation du palmitate de rétinyle dans le domaine UVA et en présence de lipides, il se produit la formation d’espèces réactives de l’oxygène. On parle de lipo-peroxydation (Xia Q, Yin JJ, Cherng SH, Wamer WG, Boudreau M, Howard PC, Fu PP (2006) UVA photoirradiation of retinyl palmitate—Formation of singlet oxygen and superoxide, and their role in induction of lipid peroxidation. Toxicology Letters 163 (1) 30-43). Palmitate de rétinol et soleil ne font donc pas bon ménage. Il conviendrait de le préciser sur l’emballage des cosmétiques qui en contiennent.

En conclusion, il est important de souligner que la majorité des PPS du marché français sont exempts de dérivés de vitamine A. Cet ingrédient est, en effet, loin d’être le bienvenu dans ce type de produits cosmétiques.

Les polémiques qui secouent le milieu cosmétique ne peuvent qu’être nuisibles aux consommateurs qui se retrouvent véritablement déboussolés face à une masse d’informations qu’ils ne peuvent aucunement vérifier. Le risque de les voir se tourner vers des produits dangereux présentés comme parfaitement sûrs est une réalité.

Afin de regagner la confiance des consommateurs, il paraît indispensable de réfléchir sérieusement à la question de la formulation des PPS. Des formules simples, exemptes d’un certain nombre de molécules indésirables sont souhaitées. L’établissement d’une charte dans le domaine est plus que nécessaire !


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