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Une vie de chien, un regard de cocker !

> 13 août 2022

Une vie de chien, un regard de cocker !

Un travail harassant... voilà comment Mazie définit le plus vieux métier du monde.1 Ses amies s’en vont l’une après l’autre dans la solitude la plus complète, sans même une main amie pour franchir l’étape ultime. Des kilomètres de trottoir, des chaussures usées jusqu’à la corde, des clients sans le sou... une vie morose sans grand espoir.

Une tête de « mouton bouilli » savamment maquillée

Pour masquer les traces de fatigue, Mazie applique sur son visage toutes sortes de cosmétiques. « Elle s’était tamponnée du fard sur les joues et avait enseveli le tout sous un épais masque de poudre. Voilà qui ressemblait plus à un visage, vraiment. Avec soin, elle appliqua du khôl sur ses yeux et étala sur ses lèvres un rouge cramoisi à l’aspect humide et poisseux. » Dès qu’il le faut, Mazie réapplique son produit fétiche, la poudre de riz. « Machinalement, elle tira son poudrier de son sac et se couvrit le visage d’un nuage de poudre. » Et puis, également un coup de bâton de rouge à lèvres (« Elle étala du rouge sur ses lèvres »). Le résultat n’est certainement pas grandiose, si l’on croit le peu de succès rencontré.

Un corps maigre comme un coucou

Petit à petit, Mazie se met à fondre, ce qui n’est pas souhaitable pour le genre de profession exercée. Traitée de « sac d’os », Mazie est délaissée par les amateurs de chair fraîche et généreuse.

Des cheveux raplapla comme un Bearded Collie

Les cheveux de Mazie sont « blonds » et « gras » ; ils tombent tout raide ! Une permanente ferait bien l’affaire. Encore faudrait-il économiser l’argent nécessaire à un passage chez le coiffeur. Y penser tout de même... Des « cheveux permanentés » pourraient permettre de séduire un « gentleman », un amoureux régulier, un homme élégant, qui la mettrait à l’abri du besoin pour quelque temps.

Une église, une mariée, une bouffée parfumée

Une porte d’église ouverte, une cérémonie de mariage qui se prépare et des tonnes de fleurs... qui font tourner la tête de la pauvre Mazie. L’air « était rempli comme d’un parfum - un parfum luxueux qui coûtait une livre le flacon. »

Mazie, en bref

Mazie est une prostituée sur le déclin, qui voit avec terreur la vieillesse frapper à sa porte. Une vieille mendiante qui vient la déranger pendant son travail semble lui dire : regarde donc comment tu seras d’ici peu. Un voile de poudre de riz et voilà Mazie requinquée. Oui, mais pour combien de temps ? Comme une envie de se pencher un peu trop près au-dessus de la Tamise...

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour ce portrait de Mazie !

Bibliographie

1 du Maurier D., Mazie in « La poupée » nouvelles, Albin Michel, 2013, 251 pages

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