Une histoire de poudre de riz qui cloche… et accuse !

Plutôt que de nommer cet opus Le Saint et le perroquet vert, nous aurions plutôt titré « Le Saint et la poudre de riz qui cloche »… puisque la poudre de riz est à l’origine du déclic qui se produit dans le cerveau du célèbre Simon Templar (ST dit le Saint) et le conduit, de fil en aiguille, de cosmétique en cosmétique, de rouge à lèvres en parfum capiteux, à la résolution d’une curieuse énigme.1 Il semble bien, en effet, que la AAA (Association des Amateurs d’Aventures) soit impliquée dans un certain nombre de morts suspectes. Cette association, dont le siège se trouve, à Kansas City, chez un éditeur de romans policiers, M. Hallister, est, semble-t-il liée à de vrais crimes !

Un jour de tempête, une rencontre fortuite sur le bord d’une route détrempée… et voilà Simon Templar qui rentre dans la danse et démêle les fils d’une histoire fort complexe.

Tout commence un jour de tempête

Simon Templar se trouve pris, en pleine tempête, entre Los Angeles et San Francisco, lorsqu’il trouve sur son chemin une jeune femme complètement trempée sur le bord de la route.

Cette tempête a visiblement pris une bonne dose de « quinquina » nous indique l’auteur pour nous faire prendre conscience de l’intensité du phénomène.

Du vent, de la pluie… le tout en rafales. Avec une route « couverte de boue argileuse », aussi « glissante » qu’un « parquet savonné » !

Tout commence avec un héros bronzé

Simon Templar est bronzé et ce quelle que soit la météo. Sa « main bronzée », son « visage bruni », son « visage bronzé » (expression retrouvée 4 fois dans cet opus) et ses yeux bleus, d’un « bleu insoutenable », sont bien connus du lecteur assidu de la série.

Et l’on apprend, en outre, dans cet opus, le numéro de téléphone de Simon soit : « Beverley 6459 » ! chut, ne l’ébruitons pas !

Joan Brooks, une blonde cendrée trempée

Joan est une charmante jeune femme, « blonde cendrée ». Retrouvée sur le bord de la route, ce jour de tempête, au bout de l’allée qui conduit à sa maison, Joan demande à Simon de l’emmener à San Francisco au plus vite. Le Saint n’obtempère pas… trop mauvais temps ! Il va falloir s’abriter dans la maison de Joan avant de pouvoir repartir.

Joan Brooks, une blonde cendrée trompée

Joan est une belle jeune femme blonde aux yeux verts.

Joan se présente comme étant la femme de Bill Brooks, un homme qui lui a soutiré sa fortune et qui est désormais prêt à fuir avec sa maîtresse, Carla Reyner.

Sauf que… Bill est retrouvé mort dans le placard de l’entrée. Sauf que Carla est retrouvée morte, au volant de la voiture du couple, au fond d’un ravin !

Etrange. Il flotte dans l’air de la maison un parfum de mystère, en plus du « parfum subtil » émanant de la peau de Joan.

Carla Reyner, une brune trompeuse

La soi-disant maîtresse de Bill est, aux dires de Joan, une jolie « brune », aux « yeux noirs ».

Une poudre de riz Rachel incongrue

Dans la maison des Brooks, Joan semble ignorer la disposition des meubles de sa propre chambre. Dans le noir, elle se heurte à sa coiffeuse et fait un vrai carnage de poudre de riz. « Joan se tenait tout contre une psyché ; un tabouret était renversé ; d’une boîte s’échappait de la poudre de riz. » Joan a constellé sa robe de « traînées » de poudre. « Le rachel ne convient pas ma robe bleue »…

Et cela fait tilt dans l’esprit de Simon… la poudre de couleur rachel ne convient ni à la robe bleue, ni au teint d’une blonde cendrée. Cette poudre, de couleur foncée, convient, en revanche, parfaitement, à une brune piquante !

« Vous, Madame Brooks, qui ignorez l’emplacement de votre coiffeuse dans votre chambre !… vous, jolie blonde, qui vous servez de poudre rachel ! »

Faut pas prendre Simon pour un imbécile… il s’y connaît en cosmétiques. Celle qui se fait passer pour la femme légitime est en fait la maîtresse de Bill. Carla ! Une Carla blonde et non brune !

Une tueuse, qui vient de dépouiller les Brooks de leur fortune, avant de les envoyer ad patres.

Une tueuse, qui finit, elle aussi, abattue d’une balle experte, en susurrant à l’oreille du Saint : « Ah !…Ah !…ah… », entendez plutôt AAA, comme Association des Amateurs d’Aventures !

Suzie Smith, une rousse trompeuse

Cette belle jeune fille rousse, d’une vingtaine d’années, arrive à point pour charger dans sa voiture un Simon Templar dépité. Ses pneus crevés ne lui permettent plus d’avancer.

Heureusement, la belle Suzie est là… comme par miracle.

Cette superbe rousse symbolise, aux yeux du Saint, la « santé » même. « Elle eût traversé une épidémie en l’ignorant, nulle maladie n’aurait eu prise sur elle. » Une jeune fille, aux « dents éclatantes », qui pète littéralement la forme.

Cette superbe rousse s’y connait parfaitement en cosmétiques et vérifie régulièrement l’état de son maquillage, en tirant une « minaudière » de son sac. Quand Simon lui raconte l’histoire de la « très jolie blonde », maquillée avec de la « poudre rachel », Suzie réagit au quart de tour : « Alors, elle était folle ! »

Cette Suzie est, semble-t-il, maître-chanteur à ses heures perdues. Une activité dangereuse !

Alicia Hallister, une brune très trompeuse

La secrétaire et nièce de l’éditeur Hallister se nomme Alicia. L’auteur nous la décrit comme une jolie fille mal fagotée, ignorant « le maquillage », faisant même tout pour s’enlaidir.

Simon, avant toute chose, commence par lui donner un cours de maquillage et cela fonctionne plutôt bien. « Croyez-moi, le rouge hortensia pour la bouche et la poudre rachel pour les joues… rachel, vous m’entendez. »

Oui, cela fonctionne même à merveille, puisque la jeune fille sort de ce cours pratique métamorphosée, comme « touchée par la baguette magique du Saint » ! Une jeune fille qui, désormais, conserve, à sa « tête de lit », « une boîte de poudre, un tube de rouge. »

Et un bon bain

Dans cet opus, après une nuit mouvementée de tempête, Simon prend « un bain », en arrivant à Kansas City. Une autre fois, il se douche, se rase

Et, forcément, un perroquet vert

Ce perroquet vert a assisté au meurtre de M. Willis Johnson. Il semble, nous dit-on, être en capacité de livrer le nom de son assassin… Sans doute, la femme de Willis, la belle Edith, au parfum capiteux (« une lourde bouffée de parfum monta aux narines de Simon ») ?

Et un conseil pratique, cosmétique

Tout tourne autour du maquillage dans cet opus qui voit Simon Templar donner un conseil pratique à l’éditeur Hallister : « Mais je vais vous donner deux avis : assurez-vous toujours qu’il n’y a pas une femme parmi ceux que vous voulez surprendre et qu’elle n’est pas en train de rectifier son maquillage ! »

Et une demande pratique, cosmétique

La demande d’un vrai mufle… Celle de Simon qui, ayant gouté aux lèvres de la belle Suzie, lui fait cette requête : « La qualité de votre rouge est parfaite. Il faudra m’indiquer la marque, je la recommanderai à Patricia » ! Faut-il préciser que Patricia Holm n’est autre que la compagne en titre du séduisant aventurier ?

Le Saint et le perroquet vert, en bref

Le Saint va réussir dans cet opus à confondre Alicia Hallister, la jeune fille qui tire les ficelles de l’AAA, une association de malfaiteurs, qui vend, à qui veut, des scénarios de crimes parfaits. Une fois le scénario vendu, Alicia n’a plus qu’à faire chanter le meurtrier qui a suivi ses conseils. En cas de refus de payer… Alicia est sans pitié ! Une organisation parfaitement rodée… Une organisation qui chute… par un défaut de connaissances approfondies concernant les produits de maquillage les plus adaptés en fonction du type de carnation. Comme quoi la connaissance des cosmétiques peut sauver la vie !

Bibliographie

1 Charteris L., Le Saint et le perroquet vert, Librairie Arthème Fayard, 1955, 222 pages