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Une définition de l’épiderme, selon Boileau-Narcejac

> 06 août 2017

Une définition de l’épiderme, selon Boileau-Narcejac

Si les noms de Pierre Boileau et de Thomas Narcejac sont indissolublement liés sur les couvertures de leurs polars, il n’en est pas de même dans la « vraie vie ».

Nous nous intéresserons, aujourd’hui, à Thomas Narcejac, du fait de sa carrière d’enseignant qui s’est déroulée à Nantes. Avant de se révéler écrivain de romans policiers, il s’imaginait aisément en philosophe chrétien, faisant le pendant à un Jean-Paul Sartre athée...

Professeur de français au lycée Clémenceau pendant plus de 20 ans, Narcejac ne manquait pas de tester sur ses collègues l'impact qu'aurait, sur les lecteurs, chacun des chapitres de ses futurs romans. Jean-Louis Liters, l’un d'entre eux, racontait que les intercours en salle des professeurs ne manquaient ainsi jamais de piquant. Après l’intermède du week-end, la journée du lundi présentait un intérêt tout particulier lorsque Thomas Narcejac était en période créative. Pour avoir la suite du roman commencé le vendredi et mettre fin à l’insoutenable attente, il n’y avait qu’une seule solution : avoir cours le lundi ! Entouré d’un cercle d’admirateurs ou de critiques selon les séances, Thomas Narcejac lisait à haute voix sa production littéraire et pouvait juger sur le vif de la qualité du travail effectué.

Thomas Narcejac est certes un Nantais d’adoption (il est né à Rochefort-sur-Mer), mais un Nantais tout de même, un Nantais de cœur. La dédicace de son ouvrage « Le cas Simenon » est témoin de ses amitiés nantaises, avec, entre autres, Armel de Wismes, écrivain, historien et peintre à ses heures, et Jean Bruneau, peintre nantais.

Avec Yves Cosson, poète nantais dont la voix si caractéristique (Ah, chère ami(e) était souvent la première phrase qu’il vous adressait !) résonne toujours dans l’oreille de ceux qui l’ont côtoyé, il est membre de l’Académie Régence, un cercle d’intellectuels qui se réunissaient une fois par mois autour d’un bon repas. Cette académie publiera quelques poètes de renommée tels que René Guy Cadou, Hélène Cadou, Yves Cosson, Claude Serreau, Raymond Leray ou encore Gérard Voisin. Elle donnera naissance, par la suite, à l’Académie de Bretagne, toujours très active de nos jours.

Très sympathique, Thomas Narcejac n’hésitait pas à se joindre à des équipes de jeunes, pour commenter des films, dans le cadre d’ateliers de ciné-club. La gentillesse du professeur ne se retrouve guère dans le monde gris-noir de l’univers caractéristique du binôme d’écriture Boileau-Narcejac.

Dans Le mauvais œil, il nous livre une définition de l’épiderme qui n’a rien d’anatomique, mais qui se rapproche de ce que l’on peut en dire dans le domaine esthétique. « Le mensonge commence à la peau, à l’enveloppe, et il y a ce dedans, opaque, indéchiffrable. »

On désigne bien souvent l’épiderme comme une membrane qui sépare le milieu intérieur, du milieu extérieur hostile. Chez Boileau-Narcejac, l’hostilité est aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.

Contrairement à ce que certains se plaisent à croire, si les cosmétiques sont bien appliqués (entre autres) sur l’épiderme, ils n’y restent pas intégralement. Selon les ingrédients utilisés, le phénomène de passage transdermique sera plus ou moins important,1 ce qui explique les précautions qui doivent être prises au moment du choix des matières premières par le formulateur.

Un grand merci à Jean-Claude Albert Coiffard, poète et plasticien, pour les souvenirs partagés qui nous ont permis la rédaction de ce Regard et sa vision de Thomas Narcejac qui a abouti à l’illustration du jour.

Bibliographie

1 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/penetration-oui-ou-non-11/

 

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