Nos regards
Un regard écrit à l’encre sympathique

> 20 décembre 2020

Un regard écrit à l’encre sympathique

Tout commence par « une simple fiche dans une chemise à la couleur bleu ciel qui a pâli avec le temps. » Et c’est tout ! Voilà de quoi est composé le « dossier » ! C’est bien maigre, quand même pour retrouver une disparue… une certaine Noëlle Lefebvre… La tâche en incombe à un employé de l’agence Hutte. Aucune information auprès de la concierge du 88 rue de la Convention, Paris 15e… Rien non plus « au bureau de la poste restante ».1

Juste une photo

« La photo est beaucoup plus grande qu’un simple photomaton. Et trop foncée. On ne saurait pas dire la couleur des yeux. Ni des cheveux : bruns ? châtain clair ? » Décidément, c’est bien maigre…

Un jeune homme au mouton retourné

Dans un bistrot, « se tenait devant le zinc », un homme jeune « en tout cas pas plus de vingt-cinq ans. Il était grand, les cheveux bruns, et portait une veste de mouton retourné. » Peut-être ce « Gérard Mourade » aurait-il des nouvelles ?

Un coiffeur coopérant

C’est un peu par hasard que le détective frais émoulu se retrouve « dans la petite boutique d’un coiffeur de la rue des Mathurins. » En attendant son tour, il feuillette les magazines à disposition et tombe sur « un annuaire de cinéma ». Dans « la partie « photographies d’artistes », un nom attire son attention « Gérard Mourade ». « Au bas de la photo, un numéro de téléphone était écrit au crayon rouge. » Dans un élan de générosité (!), le coiffeur est prêt à offrir gracieusement cet annuaire… au cas où ça pourrait servir à quelque chose…

Un lieu pour danser, le « Dancing de la Marine »

« Un ancien garage » du « quai de Grenelle » reconverti en dancing où Noëlle Lefebvre venait guincher de temps en temps… L’affectation antérieure du lieu est perceptible, avec désormais « au-dessus de l’entrée béante [une] enseigne, en lettres rouges : « Dancing de la Marine » ».

M. Mollichi, un témoin capital ?

M. Mollichi est « un homme de petite taille, le front dégarni, les traits secs comme taillés dans du bois clair, les yeux légèrement bridés ». Il était capable de lancer « un sourire aussi sec que son visage ».

Une ancienne collègue de la maroquinerie Lancel

« Une femme brune d’environ trente ans » a bien connu Noëlle Lefebvre qui a travaillé quelque temps chez Lancel. Elle a même eu l’occasion de rencontrer Gérard Mourade, qu’elle désigne comme « le grand brun bouclé qui prenait des cours de théâtre ».

Roger Béavioure, le garagiste qui ne sait rien

Roger Béavioure est « un homme d’une cinquantaine d’années, les cheveux blancs coupés en brosse courte, quelque chose de juvénile dans le visage, sans doute à cause du regard et de la peau lisse et bronzée qui contrastaient avec les cheveux blancs. » Sa femme a « les cheveux roux » et bien vingt ans de moins que lui.

André Vernet, un sosie de Gérard Mourade ?

Le détective croit reconnaître Gérard Mourade, un jour de juin, « dans la pharmacie de la place Blanche ». « Malgré sa corpulence et ses cheveux à la teinture trop blonde », un homme fait vraiment penser à Mourade qui, pourtant, « était brun une quinzaine d’année auparavant ». Il s’est finalement engouffré dans « une Volkswagen grise », sans donner plus d’explication…

Où l’on se retrouve finalement à Rome…

Encore du bleu : Le ciel est, par-dessus le toit,/Si bleu, si calme ! La piazza del Popolo…, la via Flaminia… Noëlle Lefebvre est retrouvée…

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et palsticien, pour cet hommage, en bleu, à Patrick Modiano !

Bibliographie

1 Modiano P. Encre sympathique. Gallimard Ed., 2019

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