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Un parfum de trahison pour adepte de dîners de cons !

> 19 février 2023

Un parfum de trahison pour adepte de dîners de cons !

Dans Les morsures de l’hiver,1 Jérôme Duhamel truffe son roman d’allusions aux auteurs, aux choses qu’il aime. On y croise des phrases célèbres mises à la sauce Duhamel. On trouve ainsi dans la bouche de Laurent Pasquier l’expression « Longtemps, je me suis levé de bonne heure. » qui n’est pas sans nous en rappeler une autre.2

Laurent, le magnifiquement raisonnable, le superbement austère, le fabuleusement fidèle est pris du démon de midi et jette aux orties 20 ans de vie conjugale. Face à Camille, l’impétueuse, la sensuelle, l’amoureuse, Jacqueline ne dispose d’aucun moyen de lutte !

Où il est question d’un parfum d’intimité

Le sage Laurent Pasquier a pris une maîtresse qui loge sous son toit ! En digne fils de Raymond Pasquier, (en a-t-il pourtant souffert des incartades du séduisant Ram), Laurent est passé dans le clan des infidèles. Dans le lit matrimonial, Laurent rêve de Camille - celle qui dort dans la chambre d’amie. Il en rêve si fort, qu’un beau jour il se réveille dans ses bras. Finie l’odeur matrimoniale. Bonjour l’odeur d’aventure, d’interdit… Laurent se réveille, chez lui, dans la chambre d’ami. « Sans humer cette odeur légère que laisse le sommeil de la nuit, cet indicible parfum qui dit l’habitude et l’intimité des couples. » Le parfum de Camille, au réveil, est bien différent de celui de Jacqueline, au coucher !

Où il est question d’amours germaniques

Lorsque Laurent Pasquier se confie à François Desqueyroux au sujet de ses amours illégitimes, celui-ci le met en garde. Laurent a visiblement la mémoire courte. Il y a peu de temps, Moscou a, en effet, tenté de glisser dans sa couche une certaine Nadia aux « cheveux d’un blond sombre » et aux « ongles peints »… Les mains « rouges et gonflées d’engelures » de la demoiselle laissaient à penser que la jeune fille ne disposait guère de moyens (crème barrière, gants protecteurs) pour faire face au rude climat soviétique ! Selon François donc, Camille pourrait très bien être une espionne à la solde de l’Allemagne ! Quelle imagination !

Où il est question de dîners de cons

Le sage, l’intelligent, Laurent Pasquier prend, désormais, la vie du côté de l’humour. Finies les sages réunions de l’Académie. Bonjour, les « soupers des débiles », organisés avec des collègues dans le seul et unique but est de se fendre la poire au détriment de pauvres bougres passionnés d’un sujet précis. « Les inventeurs délirants », les « crétins satisfaits », recrutés, successivement, par chaque convive, permettent, maintenant, de passer d’excellentes soirées à peu de frais. Laurent se souviendra, en particulier, à tout jamais, d’un sculpteur sur saindoux, qui avait taillé une « énorme maquette de Notre-Dame de Paris » dans la masse grasse ! Une sculpture qui ne résista guère de temps, la soirée ayant été programmée en plein été ! Petit clin d’œil appuyé à la célèbre et irrésistible pièce de théâtre de Francis Veber.3

Les morsures de l’hiver, en bref

Avec Jérôme Duhamel, Laurent se plaît à faire hennir les chevaux du plaisir. Avec Camille, avec ses copains, il croque, désormais, la vie à pleines dents !

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour.

Bibliographie

1 Duhamel J., Les morsures de l’hiver in L’heure où les loups vont boire, Le clan des Pasquier, Flammarion, 2012, 621 pages

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/marcel-proust-l-ami-des-patissiers-et-des-cosmetologues-125/

3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_D%C3%AEner_de_cons_(pi%C3%A8ce_de_th%C3%A9%C3%A2tre

 

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