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Un Noël chez les March… eau de Cologne, pantoufles, gants et mouchoirs !

> 23 janvier 2020

Un Noël chez les March… eau de Cologne, pantoufles, gants et mouchoirs !

Comme nous sommes encore dans les temps de Noël, il n’est pas encore trop tard pour évoquer la façon dont est célébrée cette fête dans la famille March.1

Le Docteur March est retenu, au loin, par la guerre. Un revers de fortune a, par ailleurs, plongé la famille dan une précarité relative. Les dépenses somptuaires, il ne faut plus y compter. Chaque fille doit désormais participer à la vie de la maison.

Ces 4 filles, ce sont Marguerite, surnommée Meg, l’aînée, 16 ans, un teint de pêche et des mains fines et blanches, Joséphine dite Jo, 15 ans, très grande, très brune, des allures brusques, un vrai garçon manqué qui possède tout de même, il faut le souligner, une « longue chevelure épaisse » qui constitue « sa seule beauté », Elisabeth ou Beth, 13 ans, un vrai ange de bonté douce et bonne avec tous, et enfin Amy, la plus jeune, un tantinet poseuse mais pour le reste une « vraie poupée de porcelaine » aux yeux bleus et à la chevelure blonde bouclée.

Pour préparer Noël, chaque fille a regardé avec attention le contenu de sa tirelire. Le mot d’ordre pour cette année consiste à s’oublier au profit de Madame Mère. Jo offre des pantoufles neuves qu’elle s’applique à « casser » en douce afin de ne pas meurtrir les pieds de leur future propriétaire, Beth de jolis mouchoirs brodés, Meg, une paire de gants et Amy un flacon d’eau de Cologne de bonne taille. Ce flacon a une histoire particulière et révèle le bon cœur qui se cache sous les dehors d’une petite chipie. Si Amy a gardé un temps une partie de son argent pour son usage personnel, elle n’a pas pu résister longtemps à la bonté ambiante qui règne dans la maison familiale. C’est donc le matin même de Noël qu’Amy s’est glissée hors du domicile pour réaliser l’échange entre un flacon de taille modeste et un flacon XXL à la taille de son amour !

Chez les March, la vie est paisible, même si il arrive parfois que des disputes éclatent entre ces jeunes filles aux tempéraments bien trempés. Les soucis d’argent reviennent bien souvent sur le tapis - celui-ci mériterait d’ailleurs un remplaçant tant il est usé, obligeant les jeunes demoiselles à se débrouiller à moindre frais. Le raccommodage est de rigueur et la débrouille prime sur tout.

En prévision, d’une soirée chez les Gardiner, Jo s’improvise ainsi coiffeuse et rate son coup... Les papillotes mises sur la tête de la pauvre Meg se détachent les unes après les autres laissant de cruels vides dans la belle chevelure de la jeune fille. En lieu et place du « nuage de boucles » promis, Jo ne peut que livrer des « petits paquets carbonisés » qui emplissent la maison d’une odeur de grillé ! C’est l’astucieuse Amy, toujours très inventive en matière de mode et de colifichets, qui sauvera la situation en masquant habilement les malheureux cheveux perdus grâce à une bien astucieuse frange.

Si les talents de Jo en tant que coiffeuse ne sont guère convaincants, son passage chez le coiffeur ne l’est guère plus. Lorsque M. March vient à tomber malade loin de sa famille, Jo n’hésite pas à sacrifier sa belle chevelure afin de financer le voyage de sa mère. Vingt-cinq dollars, c’est le prix de son sacrifice. Heureuse de son geste, Jo vante les mérites d’une coupe courte qui la rend « délicieusement fraiche et légère », au milieu d’un concert d’exclamations traduisant la stupeur engendrée par son geste.

Les 4 filles du Dr March de Louisa May Alcott est un ouvrage à lire ou à relire. Il nous transporte en Amérique, au temps de la guerre de Sécession. On rit, on sourit, on pleure, en participant à la vie d’une famille bien sympathique. Les liens qui unissent tous les membres de la famille sont forts ; chacun a fait offrande d’une boucle de cheveux à Madame March afin de lui constituer une chaine de cou d’un prix inestimable à ses yeux.

Les filles du Docteur March, c’est aussi, actuellement, un film de Greta Gerwig, qui restitue parfaitement l’ambiance de l’ouvrage. Meryl Streep, une mantille sur la tête, est une Tante March savoureuse qui peine à cacher l’amour qu’elle porte à ses nièces derrière un vernis de bonnes manières gentiment désuètes.

Bibliographie

1 Alcott L.M. Les quatre filles du Docteur March, texte français de P.J. Stahl, La Galaxie Hachette, 1982, 185 pages

 

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