Nos regards
Un maquillage de théâtre raté !

> 27 juin 2020

Un maquillage de théâtre raté !

Pour arriver à s’y retrouver dans Le troisième homme de Graham Greene,1 il vaut mieux ne pas avoir mal à la tête. C’est embrouillé, c’est embrouillant comme pas possible. On a du mal à s’y retrouver parmi des personnages qui n’ont pas des personnalités très affirmées. Les seconds rôles, Crabbin, Kurtz, Cooler, Winkler... bonnet blanc, blanc bonnet.

Ah non tout de même, des petits détails esthétiques ou cosmétiques. Kurtz porte une perruque, « des cheveux plats et jaunes coupés nets par derrière ». Il semble s’être grimé en vieil homme, tant ses rides sont placées « aux bons endroits ».

Le Dr Winkler, quant à lui, est d’une propreté hors norme. Au point que « Le Dr Winkler était le médecin le plus propre que Martins eut jamais vu. »

On comprend évidemment que Harry Lime est un truand qui se livre au marché noir avec une pénicilline frelatée, à Vienne, dans l’après-guerre. Il a convoqué son ami d’enfance, Rollo Martins pour l’état civil et Buck Dexter de son nom de plume, un écrivain qui peine à gagner sa vie à coup de western de médiocre qualité. Malheureusement, une fois arrivé sur place, Rollo apprend le décès brutal de Lime - accident de voiture !

Le petit écrivain de piètre talent, en ami fidèle, se met à poser des questions, à enquêter sur cette mort subite et se rend compte que Lime n’est pas vraiment mort. Il se rend compte aussi que Lime n’était pas vraiment au-dessus de tout soupçon.

Le petit écrivain piètre séducteur, mais éternel amoureux (« le parfum d’une chevelure » peut déclencher chez lui des « moments de brusque folie »), en ami fidèle, va prendre la succession de Lime au bras d’Anna Schmidt, une piètre actrice, au visage assez ordinaire. Anna ne se donne pas la peine de se maquiller avec soin pour entrer en scène (sa loge est vide de « tubes de fard et de crèmes » ; juste une « boîte de fer-blanc usé contenant du maquillage à demi usé », une « crème grasse » paraît-il) ; elle ne se donne pas, non plus, la peine d’apprendre avec soin son texte. Une vraie cata !

Il y a dans ce roman, une scène mémorable qui réunit Harry Lime et son ami Rollo Martins au sommet de la grande roue de Vienne, il y a une perruque mal ajustée, un maquillage plutôt approximatif... un médecin qui semble être au top de l’hygiène. Bref, tout un peuple de petites fourmis qui s’agitent dans tous les sens… avant l’écrasement final. C’est gai, c’est léger, c’est joyeux !

Un grand merci à Jean-Claude A.Coiffard, poète et plasticien, pour l'illustration du jour.

Bibliographie

1 Greene G. Le troisième homme, Robert Laffont, 256 pages

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