> 30 décembre 2021
Et hop... « un voyage inattendu » pour Alice, Bess et Marion. Direction New York, afin de venir en aide à une riche veuve, Mme Annabelle Richards - une amie de Tante Cécile - tombée entre les griffes d’un aigrefin.1 Celui-ci lui avait promis, contre 3000 dollars, un voyage autour du monde resté lettres mortes. Pas de vol prévu, une fois arrivée à l’aéroport. Nos trois détectives amateurs vont ainsi se retrouver au cœur d’un réseau diabolique qui les entraînera à Mexico, puis à Los Angeles. Et puis, de nouvelles victimes à défendre et une course-poursuite pour retrouver un flacon de poison avant qu’un malheur n’arrive.
La maison de Mme Richards possède de nombreuses pièces. Pour accueillir ses amis, Annabelle dispose de chambres décorées dans des styles différents. Alice et les cousines (Bess et Marion) découvrent ainsi avec ravissement la chambre japonaise. Sur le sol, un matelas typique ; en guise d’oreiller, un drôle de traversin très lourd permettant aux élégantes de conserver l’intégrité de leur coiffure durant leur sommeil. « Leur coiffure très élaborée, était le fruit d’un long et coûteux travail. Afin de ne pas endommager l’aspect de leur chevelure en dormant, les femmes posaient leur cou sur ces traversins si durs et ne dénouaient leurs cheveux que pour les laver. » Consternation de Marion, qui a les cheveux coupés court « à la diable ». Comment dormir dans de telles conditions ? La chambre florentine, quant à elle, révèle la présence d’un mannequin habillé à la mode d’autrefois. Dans l’une de ses poches, Alice, toujours curieuse, déniche une « petite fiole de verre », bien étrange. Parfum ou poison, telle est la question. L’analyse ultra-rapide réalisée par un laboratoire voisin révèle la présence d’un « extrait de champignons vénéneux » dans le flacon (celui-ci est par la même occasion daté ; XVe siècle, voilà le verdict !). Et forcément, le précieux flacon est volé... par un certain Enzo Scorpio. Un collectionneur de flacons de... poison et de « bagues à poison » sera, ensuite, contacté par un voleur.
Tombée dans le piège des magiciens, la senora Mendez voit sa petit-fille Dolorès arrachée aux siens. Une rançon ne tarde, évidemment, pas à être demandée.
Dans sa boutique de vêtements, Clara est contactée par un drôle de représentant, qui souhaite lui vendre une fibre textile synthétique de dernière génération. Un tissu « thermostat naturel » qui, selon le cas, rafraichit le corps ou le refroidit. Une invention « fabuleuse » portant le nom de « Persiston » ! Arrivée à temps, Alice évite à Clara de se faire arnaquer en beauté.
Son nom : Henry Clark. Son aspect : un charmeur, plein de séduction, à la belle « barbe noire » !
Bess, contactée par un certain Henry Parker (un « bel homme blond »), se verra proposer un séjour à vie dans un hôtel de luxe, pour un tarif dérisoire. Et voilà Bess prise au jeu et rêvant de sable fin et de séances de bronzette (« Si vous n’avez pas envie d’aller sur la plage, vous pouvez prendre un bain de soleil sur votre balcon. »)
L’enquête va rapidement révéler l’existence d’un homme connu des services de police sous le nom de Ralph Rafferty. « Sa barbe constitue l’un de ses nombreux déguisements » !
Pour repérer leurs proies, les bandits ont besoin de renseignements. Rien de plus simple pour une équipe de magiciens aguerris que de subtiliser sacs et portefeuilles le temps nécessaire pour réaliser une fouille en règle. Dans le sac de Bess, les bandits trouveront ainsi des objets aussi variés qu’un livret de caisse d’Epargne (intéressant !) ou qu’un flacon de parfum. Les « magiciens sont tellement maquillés durant le spectacle » qu’il ne paraît pas possible de pouvoir les identifier par la suite. A la porte d’entrée, un « homme maquillé » avec « une perruque grise, une moustache et une barbe. ». Un type « tellement maquillé » qu’il est impossible de l’identifier !
Une enquête trépidante, voilà ce que l’on peut dire. Sur la piste de Dolorès, la petite fille kidnappée, sur la piste de la fiole de poison... Alice a fort à faire. On comprendra dans ces conditions qu’un bon bain chaud de temps à autre n’est pas de trop. « Je rêve d’un bon bain chaud, avoua-t-elle. Je me sens toute contractée. »
Pour passer inaperçues, Alice, Bess et Marion décident de se déguiser et investissent pour cela la boutique de la senora Clara. Marion, comme d’habitude, titille sa cousine réclamant pour elle « des tailles pour grassouillettes ». A une autre occasion, afin de changer sa physionomie, Alice cache ses célèbres cheveux blonds sous un foulard et arbore un « maquillage provocant », afin de se faire « une tête entièrement différente ».
Alice pose un dur constat en ce qui concerne l’état de la peau des Mexicaines. « Je suppose que ce soleil de plomb doit accélérer le vieillissement de la peau, ce qui explique pourquoi elles se rident aussi vite. »
Les « petites cellules grises » de Bess sont en « ébullition », tant l’énigme en cours est pleine de rebondissements. Et Marion d’ironiser, une fois de plus : « Allons donc, si ta cervelle était aussi active que ton estomac, tu serais plus forte qu’Hercule Poirot. »
Le chef de la bande est... un magicien, bien évidemment. Un certain Horace Brown, également connu sous le nom de Ronaldo Jensen ou de Sam Gambro, un drôle de coco, qui a subi « plusieurs opérations esthétiques » et réalisé différents régimes amaigrissants, afin de modifier son aspect. Un prestidigitateur de talent, un voleur de compétition qui sème les victimes sur son chemin, au gré des tournées et des spectacles. Heureusement, Alice et ses amies sont là pour mettre le mot : FIN à cette terrible succession de vols et d’enlèvements. Des postiches à volonté, une pluie de fond de teint, une bonne dose de mascara. Les cosmétiques coulent à flots, pour notre plus grand bonheur ! Et puis, à la manière d’un album de Goscinny, tout se termine par un formidable banquet, réunissant Monsieur Roy, Sarah Greg (la bonne Sarah qui a élevé Alice), tante Cécile, Mme Richards, la senora Mendez ainsi que quelques autres protagonistes de l’histoire. Un banquet, où un valet de pied veille à ce que tout se passe au mieux, dans le meilleur des mondes.
1 Quine C., Alice et les magiciens, Masque jeunesse, Hachette, 1983, 186 pages