> 07 novembre 2024
Cette brave Bécassine, la voilà qui accompagne le neveu de Mme de Grand-Air et son épouse sur les lieux stratégiques de la Première Guerre mondiale.1 L’occasion pour la jeune Bretonne de voir du pays et de faire montre de courage, comme en toutes circonstances. Dans cet album, Bécassine s’occupe de sa maîtresse, cherche des denrées dans un pays en pleine pénurie, découvre les joies de l’aviation. Bon cœur et patriote, Bécassine efface ses bévues par une bonne humeur contagieuse et une joie de vivre épidémique !
Lorsque Bécassine veut se souvenir de quelque chose, elle ne fait pas un nœud à son mouchoir, elle se contente de mettre deux papillotes et non une seule au bigoudi qui orne son front. Comme cela, lorsqu’elle se réveille et qu’elle fait sa toilette, elle sait tout de suite qu’il y a quelque chose à faire ou à acheter dans la journée. Dans le cas précis de cette histoire, Bécassine a simplement voulu se rappeler qu’il fallait qu’elle achète un nouveau « porte-plume », afin de pouvoir continuer à raconter ses aventures à ses lectrices.
Pour oublier les méfaits de bestioles comme les cafards. Et comme Bécassine a tendance, en ces temps de guerre (c’est la Première) à broyer du noir, elle n’hésite pas à acheter le remède infaillible chez le marchand. Une boîte qui s’ouvre par inadvertance et fait tousser, à l’unisson, Mme de Grand-Air et sa bonne. Pour le reste, cette poudre fonctionne à merveille, car, à peine utilisée, voilà notre Bécassine qui retrouve tout son entrain. Il faut dire qu’une dépêche vient d’annoncer la venue de M. Bertrand et de son épouse, ce qui réjouit la brave fille.
Lorsque Bécassine suit ses jeunes maîtres, elle va forcément contre le vent… A chaque voyage, son lot de quiproquos et d’aventures variées. Dans le cas présent, Bécassine se retrouve à prendre des photos des lignes ennemies, à bord d’un avion avec le major anglais Tacy-Turn. Bécassine a vaillamment assisté le major. Elle en ressent, toutefois, le contre-coup le lendemain. Toute pâle, elle n’est guère dans son assiette. Sa logeuse, Mme Ferluyr, l’installe alors dans un fauteuil, avec ordre de n’en point bouger. Un régime à base de tisanes (de « la mauve, du tilleul, de la camomille, de la bourrache… ») est mis en place… sans grand succès. L’état empire. Le docteur n’a plus qu’à administrer un antidote à tous ces médicaments liquides : un bon steak et un verre de Bordeaux ! Et franchement, ça va tout de suite nettement mieux !
Le major Tacy-Turn a confié à Bécassine, qui accompagne ses maîtres en Angleterre, une lettre d’amour pour sa fiancée, Daisy Grace et un trèfle à quatre feuilles. Un beau quiproquo survient alors, car Bécassine qui ne connait qu’un mot en anglais (Yes) se retrouve par erreur, sur le siège de Mary Grace, la sœur dentiste de Daisy. A la question « Souffrez-vous ? Venez-vous en rendez-vous chez la dentiste ? », il ne fallait évidemment pas répondre : Yes !
Alors que l’assistante lui tend un verre de bain de bouche, Bécassine, terrorisée, boit tout son contenu d’une traite. « Bécassine avait le gosier desséché par les émotions qu’elle venait de subir. Elle flaira le contenu du verre, lui trouva un agréable parfum de menthe et but d’un trait. Elle ne comprit pas ce qu’il y avait de risible dans ce qu’elle avait fait. » Heureusement, l’affaire n’ira pas plus loin… et Bécassine pourra, enfin, remettre la précieuse missive à sa destinataire !
On découvre dans cet album une Bécassine, patriote et courageuse. Un brave cœur, à qui il arrive bien des aventures, mais qui finit toujours par retomber sur ses pieds. Le coup du bain de bouche avalé comme un apéritif ou un digestif… c’est certain, Bécassine n’est pas la première à l’avoir fait !
1 Caumery, Pinchon, Bécassine chez les Alliés, Paris, Gautier – Languereau, 1980, 61 pages