> 05 décembre 2024
Mythique Ben-Hur, que celui de Lewis Wallace.1 Un jeune homme juif d’une beauté extraordinaire, Juda Ben-Hur, qui, par la faute d’une tuile mal fixée à un toit, blesse un procurateur romain, Valerius Gratus, et se voit envoyé aux galères, sans même l’ombre d’un procès. Derrière cette décision expéditive, la main de Messala, son ami d’enfance romain, devenu son pire ennemi avec l’âge. Messala convoite les biens de la richissime famille Ben-Hur. En se débarrassant du fils aîné et en murant vivantes la mère et la fille, il pense pouvoir jouir des biens de son ancien compagnon de jeu, en toute impunité. C’est sans compter l’intervention divine qui prend soin de Juda et tire les deux femmes du cachot où elles croupissent, avant de les guérir de la lèpre dont elles sont couvertes.
Un roman d’amitié trahie, d’amour fidèle, de piété récompensée. Un roman parfumé, qui exhale le « parfum doux et entêtant » des jardins cachés de Jérusalem. « Les lilas et les jasmins » embaument. « La pénétrante odeur de l’asphodèle sauvage » s’immisce jusqu’aux portes des villes.
La nourrice de Juda, Amrah, est une vieille esclave égyptienne, au « visage fendillé de rides ». Dévouée de tout temps à la famille Ben-Hur, Amrah est là qui veille, qui prie, qui offre une main compatissante et aimante.
A Nazareth, le fils de Joseph le charpentier, croise les pas de Juda Ben-Hur. A l’aide d’une main posée sur son épaule et d’une cruche d’eau versée sur les lèvres desséchées du prisonnier, Jésus redonne force à celui qui va être enchainé à une galère ! Plus tard, Juda voudra prendre les armes pour sauver celui qui a apaisé ses peines.
« Rameur n°60 » de la galère « L’Astrée », commandée par Quintus Arrius, Juda est un jeune homme à la plastique parfaite et à la beauté sculpturale. Une « peau mate » et une musculature parfaitement équilibrée ! Une musculature parfaitement homogène, liée à une requête faite au chef des rameurs. Juda a obtenu de son « hortator » de ramer un jour à droite et un jour à gauche, afin de pouvoir conserver un corps parfait. Il a remarqué, en effet, que tous ses compagnons « esclaves des galères ont le corps déjeté soit à droite, soit à gauche », à force d’être placé toujours sur le même banc de rame. Malin, Juda a rusé, afin d’obtenir la faveur de changer de place à chaque relève… « Tu comprends, hortator, un jour de bataille, si l’un de mes compagnons est tué, tu peux avoir besoin de moi pour servir à sa place, à droite ou à gauche. » Et cela a fonctionné… l’hortator séduit (« Par les dieux ! l’idée est neuve ! ») change ainsi son protégé régulièrement de place.
Juda est donc un jeune homme soucieux de son corps, de son aspect. Elevé comme son ami Messala, « il prend soin de son corps comme un citoyen de Rome », ce qui le distingue de ses camarades couverts de vermine.
Cette galère ne sera, toutefois, pas le tombeau du jeune homme, qui, lors d’une bataille avec des navires brigands, sauve Quintus. Celui-ci va l’adopter et lui donner le nom d’Arrius, avant de lui faire apprendre le métier des armes.
Simonide, le fidèle serviteur de la famille Ben-Hur, a veillé sur les restes de la fortune de Juda, sur les biens auxquels Messala n’a pu accéder. Lorsque Juda retrouve Simonide, celui-ci lui restitue ses biens et lui offre, en sus, son bien le plus précieux, sa fille, la douce Esther.
Belle comme un « lis sauvage », Esther est la pureté et la beauté incarnées.
Cette jeune Nubienne, nommée Iras, couverte de bijoux exotiques, possède des « yeux admirables, agrandis par un trait d’antimoine », des yeux qui ont « la profondeur des eaux du vieux Nil ». Le khôl (puisqu’il s’agit de cela) forme un « arc » sombre au-dessus de ces « yeux admirables », brillants comme des « soleils », qui s’allonge également « vers les tempes ». Un arc, capable de tirer des fléchettes enflammées en direction du cœur de Juda. Celui-ci hésitera, un instant, entre l’ensorcelante Iras et la pure et éclatante Esther, avant de choisir cette dernière.
Sauvé des galères, rentré en possession de ses biens, ayant retrouvé sa mère et sa sœur et épousé Esther, Juda, qui doit son bonheur retrouvé à Jésus, responsable de la guérison des deux lépreuses, va désormais se mettre au service du Crucifié. Sa fortune sera utilisée pour aider les chrétiens à fuir les persécutions, en creusant des catacombes. Quant à Messala, infirme depuis la célèbre course de char qui l’a opposé à Juda, l’on ne désespère pas de voir son cœur se ramollir au Soleil de l’amitié retrouvée. Peut-être qu’un jour…
1 Wallace L., Ben-Hur, Société nouvelle des Editions G.P., Paris, 1960, 251 pages
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