> 01 décembre 2024
On n’est pas des pigeons… tel pourrait être le sous-titre de ce roman de Frédéric Dard, qui met en scène des pigeons voyageurs transportant des secrets d’état ! Lors d’une chasse privée chez M. Pardérière, Pinaud, un collègue et ami de San Antonio, abat un pigeon porteur d’un papier pelure couvert d’écritures.1 Ces écritures correspondent à un message chiffré concernant la formule d’un produit-miracle permettant de se protéger des « radiations atomiques ». Une invention sensas, qui risque bien de changer la face du monde.
Tout semble accuser le Professeur Thibaudin… qui est empoisonné par le brave San Antonio ! Dommage… le professeur est innocent (ou presque…). C’est sa secrétaire sexy qui est l’espionne recherchée par le commissaire.
Le chef de San Antonio est chauve, ce qui permet à Frédéric Dard de se moquer très souvent de son « front relié pleine peau de fesse » ! Un crâne en forme de « suppositoire » en somme (« Tout en massant son suppositoire, il suggère […] »), un « suppositoire mordoré ».
Il y a un traître dans un laboratoire où des chercheurs (le Professeur Thibaudin en tête) mettent au point un produit de la plus haute importance. « Une personne ayant le derme enduit du produit en question ne souffrira pratiquement pas des méfaits de la radioactivité. » De quoi changer la donne en matière d’utilisation des armes atomiques.
En France, on est bourré d’idées… On y trouve des inventeurs de talent qui mettent au point de « la crème contre le feu du rasoir, et le sérum parabellum contre la maladie des serins »… bref, les cerveaux français sont bien souvent en surchauffe, tant le désir d’innover est puissant !
Cette jolie blonde « platinée » est la secrétaire du Professeur Thibaudin. Elle se nomme Martine et ne résiste pas longtemps au charme de San Antonio.
Cette jolie fille n’est pas si clean que cela. C’est elle l’espionne infiltrée !
San Antonio découvre le pot aux roses, en constatant que la jeune femme a tenté de faire croire à un empoisonnement la concernant en avalant de l’ipéca, « un vomitif très puissant ». « Regarde, il y a encore des traces de ton rouge à lèvres après le goulot. »
De victime, la belle Martine devient ennemie jurée. Celle-ci travaille pour une organisation qui vend « à qui paie le mieux » !
Trahie par des traces de rouge à lèvres… c’est bête !
Pour aider le Professeur Thibaudin, trois pharmaciens (Berthier, Berger et Planchoni) sont à ses ordres ! San Antonio les soupçonnent à tour de rôle. Difficile de savoir qui a l’air le plus coupable !
Dans le laboratoire ultra-secret du Professeur Thibaudin, un cuisinier, à la propreté douteuse, est chargé de préparer de bons petits plats pour l’ensemble des pensionnaires.
Cet homme « n’a jamais appris l’existence du savon, malgré la publicité forcenée que font certaines marques. »
Un cuisinier hors-pair lorsqu’il s’agit d’ouvrir… les « conserves Liebig » !
Celui-ci est sollicité par San Antonio, qui recherche à ouvrir un coffre-fort, sans avoir à le forcer. Le malfrat en question possède un « sens tactile ultradéveloppé » et un doigté d’une extrême douceur. « Ce gars-là serait capable de peindre sur des bulles de savon » ! Un bon allier pour San Antonio !
Depuis la nuit des temps, la météo est le sujet préféré de l’Homme qui, chaque matin, s’interroge entre le choix d’un « parapluie ou d’une ombrelle », d’un « flacon d’Ambre solaire ou d’un imperméable de chez CCC. »
Les lecteurs sont traités ici de « constipés des cellules » et de « tas de betteraves moisies » ! Et Frédéric Dard s’apitoie sur nos « maigrichonnes cellules », qui ne permettent pas de comprendre grand-chose à cette histoire très complexe qui nous est contée.
Une histoire si complexe que San Antonio lui-même y perd un peu le nord et éprouve le besoin de se « concentrer comme une boîte de lait Nestlé » !
« Mais pour moi, je me dis que s’il avait été Nantais et que je le fasse virer, c’eût été la révocation de l’édile de Nantes. »
Comme dans beaucoup de romans de Frédéric Dard, l’expression maquiller quelque chose est employée ici. « Au lieu de me demander ce que je maquille chez lui […] » ; « De ma planque, je peux voir ce qui se maquille dans le hall… »
Une fois de plus, San Antonio a réussi sa mission. La formule du produit anti-radiations du Professeur Thibaudin ne quittera pas la France. Face à Martine, le cœur de San Antonio a vibré un temps. Un temps seulement… car une trace de rouge à lèvres sur un flacon d’ipéca a trahi la belle espionne aux cheveux oxygénés. On ne trompe pas San Antonio comme cela !
Et dire que si Martine avait utilisé un rouge à lèvres intransférable, type Rouge baiser, la face du monde eut été changée !
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illsutration du jour.
1 Dard F., Le secret de Polichinelle in San Antonio – Tome 3, Collections Bouquins Robert Laffont, 2010, 1288 pages
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