> 13 mai 2019
Les « super » billes d’agitation contenues dans le brumisateur Supergoop SPF 50 permettent de réaliser un mélange homogène à partir d’une solution biphasée. Depuis les années 1970, on sait que la bouteille d’Orangina doit être secouée avant d’être consommée.1 En 2019, on découvre la version « solaire » de la boisson légendaire !
La brume, qui doit être secouée avant application, est destinée au visage. On nous demande, sur l’emballage, de tirer nos cheveux en arrière, de fermer les yeux (c’est vraiment nécessaire quand on découvre les ingrédients utilisés), de rentrer les lèvres (!!!), et de faire des ronds concentriques (7 à 10) à une distance de 20 à 25 cm du visage (l’équivalent d’un avant-bras) en pulvérisant le produit. Attention, on n’ouvrira les yeux avec précaution que 3 secondes après l’application. Pour appliquer ce produit, il vous faudra un poignet énergique, une règle pour mesurer la distance à respecter entre le produit solaire et le visage et un chronomètre pour ne pas brûler les étapes.
Ce produit commercialisé dans les magasins de l'enseigne Sephora est très surprenant. Décidément, on trouve tout (et n’importe quoi) chez cette célèbre enseigne !
Lorsque l’on détaille ce qui compose cette drôle de formule, on découvre de l’alcool en première position de la liste des ingrédients. Vient ensuite un ingrédient répertorié à l’inventaire européen comme solvant et agent conditionneur pour les cheveux et la peau, le butyloctyl salicylate.2 Ce salicylé doit sans doute également posséder des propriétés absorbantes UV si l’on en croit sa structure chimique. Il est associé à 4 filtres UV (ethylhexyl methoxycinnamate, homosalate, butyl methoxydibenzoylmethane, ethylhexyl salicylate) et à un second agent filmogène, la PVP.
Au laboratoire, ce produit donne des résultats mitigés. Après avoir été secoué dans les règles de l’art, puis appliqué sur une plaque de PMMA, le verdict tombe : le SPF obtenu est de 50. Pari tenu, donc (juste, juste). Le Facteur de protection UVA est de 17, ce qui est presque insuffisant. En matière de résistance à l’eau, le produit tient le choc (merci les agents conditionneurs !). Le pourcentage de résistance à l’eau est de 87 %. En matière de photostabilité, en revanche, c’est la catastrophe. Le produit perd 73 % de son efficacité après irradiation dans un simulateur solaire pendant une durée de 2 heures.
En vacances, on aime la douceur. En vacances, on jette le cartable aux orties (avec les instruments de mesure qui sont à l’intérieur) et la montre est laissée aux oubliettes. Pas de moyen de suivre, dans ces conditions le mode d’emploi bizarroïde de ce produit solaire « pas comme les autres ».
Le produit Supergoop, qui est censé fixer le maquillage et assurer la protection du visage durant toute la journée, est un produit qui aime l’ombre. Il se délite au soleil et perd toute son activité. On se rappellera qu’il ne faut pas utiliser quotidiennement un produit de protection solaire.
La super bonne idée consistera donc à bouder ce produit solaire que l’on ne peut absolument pas recommander.
Un grand merci à Mme Eva Paparis pour la détermination des indices publiés ici.
Bibliographie
2 http://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/index.cfm?fuseaction=search.details_v2&id=31733
3 Séhédic D, Hardy-Boismartel A, Couteau C, Coiffard LJ. Are cosmetic products which include an SPF appropriate for daily use? Arch Dermatol Res. 2009, 301 (8) 603-608.
Composition
Supergoop SPF 50 : Alcohol denat, butyloctyl salicylate, isododecane, ethylhexyl methoxycinnamate, dicaprylyl carbonate, homosalate, aqua, butyl methoxydibenzoylmethane, ethylhexyl salicylate, silica silylate, caprylic/capric triglyceride, PVP, mentha piperata oil, mentha viridis leaf oil, rosmarinus officinalis leaf extract, limonene.
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