> 14 juillet 2020
L’été dernier, nous nous étions émues à la lecture de l’argumentaire du produit solaire Alphanova. L’existence de deux catégories de produits solaires bio nous était révélée : le bon bio d’un côté à base de dioxyde de titane éco-respectueux et le mauvais bio de l’autre, à base d’oxyde de zinc « écotoxique ».1 De quoi, remettre en cause les croyances communément admises jusque-là.
Les laboratoires Cattier sont visiblement sur la même longueur d’onde, avec ce spray solaire, présenté comme respectueux de « la peau et des fonds marins ».
Le seul filtre UV présent dans la formule est le dioxyde de titane… non nanoparticulaire, est-il précisé. Etonnant, vraiment étonnant, lorsque l’on sait que le dioxyde de titane pigmentaire est un colorant utilisé pour son effet couvrant dans les fonds de teint et pour son effet traitant dans les produits destinés à éviter/traiter l’érythème fessier. Ici, on affirme « sans effet blanc »… mystère.
Un « bouclier végétal » agissant contre le spectre lumineux, en provenance du Brésil, est incorporé dans la formule. L’empreinte carbone semble être en disproportion avec le résultat obtenu. Le fruit de Physalus angulata (camapu) est largement consommé en Amérique et en Afrique ; vitamine C et flavonoïdes constituent les ingrédients d’intérêt de cette plante.2 Les extraits réalisés à partir des racines de la plante sont doués de propriétés anti-inflammatoires.3 Les parties aériennes de la plante possèdent également le même type de propriétés ; celles-ci sont à mettre au bénéfice de la physaline E, un sécostéroïde pressenti pour le traitement des pathologies cutanées à caractère inflammatoire, il y a une dizaine d’années.4 La présence d’ingrédient à caractère anti-inflammatoire n’est pas une bonne idée, que l’extrait vienne du Brésil ou d’ailleurs.
Un cocktail – sans alcool - de 3 huiles végétales nous est proposé. Les huiles de carthame (et de 1), de graines de thé (et de 2), de lin (et de 3), de soja (et de 4), de fruits de la passion (et de 5) sont repérées dans la liste.
De texture agréable, d’odeur tout autant (3 allergènes sont apportés par le parfum), ce solaire ne déçoit que lorsque l’on se dirige vers le laboratoire afin de déterminer le niveau de protection atteint. Un SPF de 23 et un Facteur de protection UVA de 9 sont, en effet, obtenus.
Ce solaire au design impeccable (emballage marron avec banc de poissons blancs et corail rouge) n’est pas aussi « beau » qu’il le paraît. Comparé à d’autres produits du marché, il est largement inférieur.
Un grand merci à Mme Eva Paparis pour la détermination des indices publiés ici.
Bibliographie
2 Ana Mery de Oliveira, Lovemore N. Malunga, Camila A. Perussello, Trust Beta, Rosemary Hoffmann Ribani, Phenolic acids from fruits of Physalis angulata L. in two stages of maturation, South African Journal of Botany, 131, 2020, Pages 448-453
3 G. N. T. Bastos, A. J. A. Silveira, C. G. Salgado, D. L. W. Picanço-Diniz, J. L. M. do Nascimento, Physalis angulata extract exerts anti-inflammatory effects in rats by inhibiting different pathways, Journal of Ethnopharmacology, 118, 223, 2008, Pages 246-251
4 N. B. Pinto, T. C. Morais, K. M. B. Carvalho, C. R. Silva, F. A. Santos, Topical anti-inflammatory potential of Physalin E from Physalis angulata on experimental dermatitis in mice, Phytomedicine, 17, 10, 2010, Pages 740-743
Composition
Cattier spray protection solaire SPF 50 visage et corps : Titanium dioxide, dicaprylyl carbonate, carthamus tinctorius seed oil, caprylic/capric triglyceride, oleyl erucate, C15-19 alkane, stearic acid, camellia oleifera seed oil, parfum, aluminum hydroxide, polyglyceryl-3 diisostearate, polyhydroxystearic acid, linum usitatissimum seed oil, polyglyceryl-2 dipolyhydroxystearate, alumina, glycine soja oil, passiflora edulis seed oil, physalis angulata extract, tocopherol, benzyl salicylate, geraniol, linalool.
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