Nos regards
Sanytol, un cosmétique en pleine confusion !

> 29 août 2018

Sanytol, un cosmétique en pleine confusion ! Là où Sanytol passe, les “microbes” trépassent... Cette société spécialisée dans les produits destinés à la désinfection de la maison propose une large variété de produits destinés à traiter les surfaces et le linge. Nous avons repéré, parmi l’ensemble des produits, une gamme de savons liquides « antibactériens », destinés au lavage des mains (http://www.sanytol.fr/) qui nous intrigue.

On connaissait les dispositifs médicaux à visée désinfectante... Ces solutions hydro-alcooliques qui ont élus domicile dans les sacs à mains, vide-poches, boîtes à gants… sont très largement utilisées et sont d’autant plus populaires que les épidémies (de grippes, de gastro-entérites...) font rage. On découvre ici des cosmétiques qui se prennent pour des dispositifs médicaux.

On connaît l’importance de la flore cutanée (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-microbiote-cutane-un-univers-qui-commence-a-etre-courtise-par-les-cosmetologues-278/) pour le bon état de santé de la peau. On nous le dit et le redit à une époque qui considère le microbiote comme le centre de gravité de tout organisme équilibré !

Sanytol nous propose un savon antibactérien au quotidien.

Ce savon liquide est un syndet, composé d’une base lavante classique (lauryléthersulfate de sodium, cocamidopropylbétaïne) ; l’huile d’amande douce est, sans doute, l’actif hydratant à l’origine de la mention « nourrissant » ; le laurylsulfate de sodium, qui s’est égaré dans la formule, colle mal avec l’appellation « dermo-réparateur »… Attention, plus l’on fait de promesses, plus il faut être rigoureux en matière de formulation.

Reste l’aspect antibactérien… celui-ci est, nous souffle-t-on, lié à la présence de gelée royale, cet ingrédient produit par l’abeille (Apis mellifera) durant une très courte période de sa vie. Cette sécrétion est, en effet, produite par les glandes hypopharyngiennes et mandibulaires des jeunes ouvrières entre le 5e et le 14e jour de leur vie. Elle a pour objet de nourrir les larves durant 3 jours et la reine de façon privilégiée tout au long de son existence. Elle est composée d’eau (50 à 65 %), de protéines (11 à 18 %), de sucres (10 à 15 %), de lipides (4 à 8 %), de sels minéraux (1,5 %) ainsi que de polyphénols et de vitamines. Deux acides gras, les acides 10-hydroxy-2-décénoïque et 10-hydroxydécanoïque représentent une forte proportion des acides organiques qui entrent dans sa composition (Daniele G, Casabianca H. Sugar composition of French royal jelly for comparison with commercial and artificial sugar samples, Food Chem., 2012, 15, 134, 2, 1025-1029 ; Isidorov V.A., Bakier S., Grzech I. Gas chromatographic-mass spectrometric investigation of volatile and extractable compounds of crude royal jelly, J Chromatogr B Analyt Technol Biomed Life Sci., 2012, 15, 885-886).

Dans les années 1980, des travaux réalisés sur la gelée royale avaient montré l’intérêt de cette matière première dans le traitement des brûlures superficielles. Une gaze imprégnée de vaseline et de gelée royale s’avérait aussi efficace qu’un traitement à base de povidone iodée (Wilson G.R., Fowler C., Ledger J., Thorley M. Evaluation of a new antiseptic dressing in minor burns, Burns, 12, 7, 1986, 518-520). Plus récemment, une étude réalisée à la Faculté de Pharmacie du Caire a démontré l’intérêt de la gelée royale dans la prise en charge de pathologies dues au staphylocoque doré résistant à la méthicilline par réduction de la formation d’un biofilm (El-Gayar M.H., Aboshanab K.M., Aboulwafa M.M., Hassouna N.A. Antivirulence and wound healing effects of royal jelly and garlic extract for the control of MRSA skin infections, Wound Medicine, 13, 2016, 18-27). L’effet antiseptique semble donc bien réel…

Est-il nécessaire pour tout un chacun de se désinfecter les mains plusieurs fois par jour à la manière d’un chirurgien qui entre en salle d’opération ?

Quid de la gelée royale utilisée ? Rappelons que la production française de gelée royale est très faible au regard de la consommation qui en est faite.

Quid de la place de la gelée royale dans la formule ? Dans le cas présent, bien au chaud à côté du parfum, la gelée royale n’est pas utilisée en dose excessive…

Enfin et pour finir, soulignons le fait qu’il serait de bon ton de faire disparaître des formules qui se disent « dermo-réparatrices » des ingrédients tel que le laurylsulfate de sodium !


Savon liquide antibactérien nourrissant dermo-réparateur : Aqua, sodium laureth sulfate, glycerin, cocamidopropyl betaine, propylene glycol, PEG-150 distearate, coco-glucoside, glyceryl oleate, C12-13 alkyl lactate, sodium lauryl sulfate, prunus amygdalus dulcis fruit extract, royal jelly, parfum, styrene/acrylates copolymer, ethylhexylglycerin, C11-15 pareth-7, C11-15 pareth-40, sodium benzoate, potassium sorbate, sodium chloride, tetrasodium EDTA, lactic acid.

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