Quand Simon Templar se moque du roi de l’upcycling !

Simon Templar est un éternel amoureux… Il nous le prouve, une fois de plus, dans l’opus intitulé Mais le Saint troubla la fête. En effet, voilà notre homme tiraillé entre deux jolies jeunes filles.1 Une brune aux cheveux « couleur de vieil acajou », du nom de Madeline Gray. Une blonde aux yeux bleus à la « beauté classique », du nom d’Andréa Quennel. Qui est la plus honnête ? La plus loyale ? C’est la question que se pose Simon, qui embrasse, tour à tour, l’une et l’autre de ces jeunes filles visiblement aussi amoureuses l’une que l’autre.

Le Saint… avoue son âge

Il nous dit avoir 35 ans ! Information suffisamment rare pour être indiquée. Il nous confie ses petits secrets : un rasage parfait, qui s’explique par le fait qu’il n’hésite pas à aller « chez le coiffeur pour se faire raser ».

Madeline Gray n’avoue pas toutes ses intentions

Cette charmante jeune fille, rencontrée comme par hasard au bar de l’Hôtel Shoreham de New-York, est très séduisante. Si elle a cherché à rencontrer Simon Templar (dit le Saint), ce n’est pas pour le plaisir de voir de près un authentique aventurier-justicier, mais c’est surtout pour lui demander de l’aide.

Son père (Calvin Gray) a inventé un caoutchouc synthétique révolutionnaire et personne ne veut l’écouter. Personne et en particulier pas un certain M. Imberline, un puissant industriel, qui a mandaté un expert sur le sujet. Un expert, qui a conclu à la nullité de l’invention !

Le rouge à lèvres de Madeline, un joli prétexte

Madeline fouille dans son sac… « Elle avait ouvert son sac et elle en sortait des objets qu’elle posait sur la table, comme si elle cherchait son bâton de rouge. Elle le trouva. » Et en même temps, elle en profite pour montrer à Simon un joli petit mot de menace : « N’essayez pas de voir Imberline » !

Andréa Quennel, celle qui n’avoue pas toute la vérité

Cette charmante jeune fille s’est introduite tranquillement dans la chambre d’hôtel (Le Shoreham) de Simon. Elle attend Simon tout bêtement. Pour justifier sa présence, Andréa annonce à Simon qu’elle est là pour l’interviewer et aussi pour passer un bon moment avec un homme qu’elle juge très séduisant.

Son père (Hobart Quennel) est fils de pharmacien. Il a travaillé avec ce dernier quelques années avant d’œuvrer dans l’industrie chimique, où il a excellé au point de devenir le directeur général d’un véritable empire industriel, la Quenco. Un empire du caoutchouc naturel et de ses substituts qui ne manquerait pas de s’écrouler si la découverte de Calvin Gray venait à être connue et exploitée.

La poudre de riz d’Andréa, un joli prétexte

Simon fouille dans son sac… « Il marcha lentement vers elle, ouvrit le sac à main posé sur ses genoux, et en tira plusieurs objets. Il trouva un poudrier qui portait les initiales A.Q. Il ne chercha pas plus avant. »

Et il a raison de se méfier, Simon… car la jeune fille a tendance à changer d’identité et se glisse, parfois, dans la peau d’une certaine Diana Barry. Elle est visiblement manipulée par son père, qui l’utilise pour soudoyer ses ennemis, ses concurrents.

La vie luxueuse d’Andréa, comme dans un bain permanent

Andréa vit dans un univers luxueux ; tout est huilé, feutré dans sa vie. Le luxe y est « aussi naturel qu’un bain journalier » !

Le savon d’Andréa, comme un carburant du tonnerre

Alors qu’il la croit très loin de New-York, Andréa débarque, fraiche et pimpante, dans la chambre de Simon qui lui demande : « A quoi marchez-vous ? A l’eau de savon ? » Non, pas du tout, à l’essence répond espièglement Andréa !

Sylvestre Angert, une sorte de Professeur Tournesol

Cet homme, qui ressemble à une petite souris et se présente comme le directeur de la « Compagnie des Tubes Métalliques », est en réalité un espion, chargé de suivre, pas à pas, Madeline Gray. Ce drôle de personnage a la fâcheuse habitude d’écouter aux portes, à l’aide d’un petit système se présentant sous la forme d’un cornet.

Et la formule du caoutchouc synthétique

Chut… Secret d’état. Et puis zut, l’auteur craque et nous donne la formule de ce composé tout nouveau, qui peut être obtenu par un simple mélange réalisé « dans n’importe quel récipient : une lessiveuse ou une baignoire ». Pour le synthétiser, il vous faut : « de la sciure de bois, du vinaigre, du lait », en « proportions » très précises et aussi « deux ou trois choses importantes », qui ne nous sont pas révélées et nous sont présentées comme étant des « matières inertes » indispensables.

Devant la simplicité de réalisation de ce caoutchouc, Simon ironise et s’étonne qu’une substance fabriquée dans une « baignoire », à l’aide de « sciure, de vieux souliers, de sauce tomate et de bouillon de légumes » n’ait pas mis le monde industriel en émoi. Il a des doutes ce cher Simon, il ne croit guère à l’upcycling !

Et une chute détonante !

Alors, forcément, l’empire du caoutchouc n’est pas d’accord du tout pour laisser M. Gray développer son invention. Celui-ci est kidnappé par Hobart Quennel, qui souhaite s’approprier la formule du composé de synthèse. Dans son laboratoire, Calvin Gray est prié de réaliser la synthèse en direct, sous peine de menaces terribles concernant sa fille Madeline.

L’homme courageux est prêt à mettre au point de la « nitro-glycérine », afin de périr avec son invention. Heureusement, Simon arrive à temps pour arrêter le geste du chimiste et sauver son laboratoire.

Soit dit en passant cette synthèse de nitroglycérine n’a été possible qu’à cause d’un manque de rigueur du chercheur, qui a pu mélanger le contenu de « flacons sans étiquettes », sans attirer l’attention de Hobart Quennel, présent à ses côtés. Comme quoi…

Mais le Saint troubla la fête, en bref

Entre la brune et la blonde, le cœur de Simon hésite. La brune semble tout de même plus franche que la blonde. Mais la blonde va permettre de sauver la mise, en libérant le Saint ! Une belle histoire de mise en valeur des déchets, comportant, au fil des pages, quelques traces de rouge à lèvres et quelques grains d’amidon, échappés d’un poudrier. Tout cela est fort bien vu !

Bibliographie

1 Charteris L., Mais le Saint troubla la fête…, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1948, 221 pages