> 13 mai 2022

En 1980, Pierre Bachelet (1944 - 2005) consacre sa chanson Elle est d’ailleurs à une drôle de dentellière qui s’emmêle les fuseaux et semble n’éprouver aucun sentiment pour celui qui la regarde passer, avec un regard plein de vénération, lorsqu’elle fait ses courses chez le boucher.¹ Une sorte d’OVNI qui vient d’ailleurs et qui possède des « gestes de parfum »... Faut-il comprendre par-là que cette femme catapultée en pleine région de corons est une méridionale qui parle avec les mains et se parfume abondamment, au point que chaque geste libère une salve assassine, mêlant des notes parfumées variées ? Il n’y a qu’un pas que nous avons franchi allègrement !

En 1986, l’auteur-compositeur-interprète fait fonctionner la machine à remonter le temps et oublie dans l’affaire quelques années au placard avec une chanson intitulée sobrement Vingt ans. En 1968, le chanteur-poète a 24 ans ; dans sa chanson, il n’en avoue plus que 20. Sur le pavé parisien (avant que celui-ci ne soit descellé), c’est la rencontre avec une jeune fille qui n’a pas encore 18 ans et qui distille un doux et désuet « parfum de verveine ». Ce parfum, très vieille France, se mêle à celui de « grenade lacrymogène » (T'avais un parfum de verveine/ Et de grenade lacrymogène),² le parfum du ras-le-bol d’une certaine jeunesse et d’une certaine révolution.

Qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, une femme, pour Pierre Bachelet, c’est d’abord un parfum. Un parfum lourd de sens, qui laisse un sillage à jamais gravé dans la mémoire. Pierre Bachelet nous mélange les sens avec des parfums qui sont bien visibles et des odeurs qui piquent les yeux...

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration !

Bibliographie

¹ https://www.paroles.net/pierre-bachelet/paroles-elle-est-d-ailleurs

² https://www.paroles.net/pierre-bachelet/paroles-vingt-ans