Nos regards
Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la dose... la juste dose !

> 29 décembre 2017

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la dose... la juste dose ! Un cosmétique se définit du point de vue galénique comme un mélange homogène et stable, à concurrence de sa date de péremption, de différents ingrédients. Parmi eux, on dénombre des ingrédients permettant la mise en forme galénique, des actifs (les ingrédients responsables de l’action revendiquée) et des additifs (les ingrédients permettant la conservation du produit et la modification des caractères organoleptiques de la formule). Les additifs incluent les conservateurs antimicrobiens et antioxydants, les colorants, les aromatisants, les édulcorants et les parfums. La forme galénique obtenue (une solution, une émulsion, une suspension) est conditionnée dans un emballage primaire (celui-ci est directement en contact avec le produit fini) et éventuellement dans un emballage secondaire (celui-ci correspond au suremballage ; il s’agit en général d’un emballage en carton qui protège le conditionnement primaire).

Le conditionnement joue un rôle capital ; il permet de protéger le contenu ; il permet de véhiculer l’ensemble des informations imposées par le Règlement (la réglementation impose un certain nombre de mentions légales devant y figurer). Le choix du conditionnement ne doit pas se faire au hasard. Il ne doit pas être à l’origine de confusion. C’est pour cette raison que nous ne sommes pas favorables aux conditionnements qui ressemblent à s’y méprendre à des emballages alimentaires (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/des-contenants-dangereux-du-fait-de-la-confusion-possible-57/).

Le conditionnement peut, selon le cas, être d’une grande sobriété (c’est le cas de la plupart des gammes vendues en officine) ou bien, au contraire, être extrêmement coloré et plein de fantaisie.

Il peut prendre des formes variées. Dove a fait sensation, il y a quelques mois, avec ses conditionnements à physionomie changeante. Cinq flacons adaptés à cinq morphotypes (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/dove-100-grotesque-227/), c’est le pari réalisé par la marque qui aime à faire parler d’elle. Pour notre part, un seul flacon nous suffirait, pourvu qu’il soit rempli d’une formule irréprochable !

Les relations entre le cosmétique et son conditionnement doivent être étudiées, car il est hors de question de retrouver des monomères de matière plastique dans le produit fini… il est également hors de question de voir se déliter le conditionnement sous l’effet du vieillissement. Les tests de compatibilité contenant–contenu sont là pour garantir l’intégrité du cosmétique dans le temps et pour assurer la sécurité du consommateur.

L’équipe brestoise du Pr Alain-Claude Roudot s’intéresse de près aux habitudes de consommation des Français en matière de cosmétiques. C’est le tour des conditionnements d’être, pour une fois, sous le feu des projecteurs. L’aspect toxicologique de l’étude menée en collaboration avec la société Pierre Fabre et la société Eurosafe n’apparaît pas spontanément au premier abord.

La question qui se pose est de savoir si le choix du conditionnement (flacon à visser ou flacon pompe) influence la quantité de produit utilisée (par application, par jour).

La réponse est oui. Cette étude menée sur un échantillon de 221 Français (108 femmes et 113 hommes) met en évidence des habitudes de consommation différentes selon le type de conditionnement.

On observe ainsi une augmentation de la quantité de produit utilisée de l’ordre de 5% dans le cas d’une crème émolliente conditionnée en flacon à visser lorsque l’utilisateur est une femme et de l’ordre de 22% lorsqu’il s’agit d’un homme. De la même façon, en ce qui concerne le cas du gel douche, la quantité utilisée est plus importante dans le cas d’un flacon à visser ; cette augmentation est de 7% pour les femmes et de 23% pour les hommes (M.P. Gomez-Berrada, A.S. Ficheux, M. Galonnier, J.E. Rolfo, A. Rielland, S. Guillou, D. de Javel, A.C. Roudot, P.J. Ferret, Influence of the container on the consumption of cosmetic products, Food and Chemical Toxicology, 109, Part 1, 2017, Pages 230-236).

Ces informations sont, bien évidemment, précieuses pour les toxicologues en charge d’apprécier le niveau d’exposition du consommateur. Elles le sont également pour les services marketing qui trouveront, dans cette recherche, matière à de futures études.

Décidément, Alfred de Musset ne cesse d’inspirer l’industrie cosmétique.

Après tout, qu’importe le flacon pourvu qu’on ait la dose… la juste dose ! C’est-à-dire celle qui ne nuit pas à la santé humaine !

Retour aux regards