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Pas de" Rouge baiser", sans René Gruau

> 11 février 2017

Pas de" Rouge baiser", sans René Gruau C’est au chimiste Paul Baudecroux que l’on doit le célèbre rouge à lèvres, "Rouge baiser", le rouge à lèvres qui résiste au baiser, né dans les années folles. Le nuancier de la marque qui propose une quarantaine de teintes précise que le Rouge baiser a été calculé à Paris (ville-cosmétique mythique).
Cette notion de « calculs » ne fait pas vraiment bon ménage avec le rêve que peut susciter un rouge à lèvres qui ne file pas (comme les bas) c’est-à-dire qui ne se dépose pas à tout bout de champ sur les différents supports rencontrés (verre, serviette...). Pour arriver à ses fins, Paul Baudecroux s’est plongé dans de savants calculs mélangeant en proportions variables des cires, des graisses, des huiles, un colorant, l’éosine qui teinte puissamment les lèvres. Le raisin (nom donné au bâton de rouge à lèvres hérité du temps où l’on mélangeait du raisin à une base de corps gras) obtenu est suffisamment dur pour ne pas casser à la moindre pression et suffisamment onctueux pour laisser un film agréable sur les lèvres. Bref, il a toutes les qualités... certes, mais des qualités que l’on retrouve également chez ses concurrents dont on a oublié le nom depuis belle lurette. Pour faire traverser le temps à ce cosmétique incontournable, il fallait trouver l’illustrateur de génie qui en quelques coups de crayon allait propulser le rouge à lèvres sur la première marche du podium. René Gruau était l’homme de la situation. Presque en un seul trait, il dessine un visage de femme, visage qui reste et restera mystérieux puisqu’il est en partie caché par un béret, des cheveux, une colombe ou tout simplement un bandeau.
Plus qu’un calcul minutieux, c’est donc un dessinateur de talent qui a permis d’immortaliser un rouge à lèvres et de lui faire passer allègrement les années.

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