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Pas de danger avec l’EDTA, continuons d’utiliser sans complexe (appréciez le jeu de mots !) les cosmétiques qui en contiennent

> 15 mars 2017

Pas de danger avec l’EDTA, continuons d’utiliser sans complexe (appréciez le jeu de mots !) les cosmétiques qui en contiennent

Qu'est-ce que l'EDTA ?

L’acide éthylène diamine tétra-acétique (EDTA) ou acide édétique est un séquestrant très largement utilisé dans le domaine cosmétique. On a recours à différents sels dont les noms INCI sont les suivants : calcium disodium EDTA, diammonium EDTA, dipotassium EDTA, disodium EDTA (certainement le plus utilisé), disodium EDTA-copper, trisodium EDTA…1

L’EDTA, un coordinat hexadenté ou « à six dents » (il possède, en effet, 4 fonctions carboxyliques et 2 fonctions amines) est, comme son nom l’indique, capable de se lier à 6 atomes métalliques. Ceux-ci sont très variés.

Il a été synthétisé dans les années 1930 par Franz Munz. A la même époque, l’Américain Frederick Bersworth utilise un procédé différent de celui de l’Allemand pour aboutir au même résultat.

A quoi sert l'EDTA ?

L’EDTA a des applications très variées. Depuis longtemps, il est utilisé dans le domaine thérapeutique en tant que principe actif pour le traitement des intoxications aux métaux lourds. Dans le cas d’intoxications au plomb par exemple, celles-ci pouvant survenir lors de la rénovation de maisons anciennes dans lesquelles les peintures sont au plomb, l’administration d’EDTA permet de traiter efficacement les symptômes.2 Dans la mesure où il permet d’éviter le phénomène de coagulation sanguine, on peut y avoir recours afin de conserver le sang dans de bonnes conditions, à des fins d’analyse biologique.

Dans le domaine de la détergence (lessives) et dans l’industrie cosmétique ou plus largement dans tout domaine industriel où un chauffage par circulation d’eau est nécessaire l’EDTA permet d’adoucir l’eau du circuit de distribution. La complexation des ions calcium (II) et magnésium (II) permet d’éviter la précipitation de ceux-ci sous forme de carbonates, ce qui permet d’éviter le phénomène d’entartrage. Dans l’industrie alimentaire, c’est un additif indispensable qui prévient les phénomènes de décoloration liés à une oxydation et sert, entre autres, à éviter la formation de benzène (molécule cancérigène) dans les aliments renfermant des substances présentant un noyau aromatique (c’est le cas, entre autres, de la vitamine C ou du benzoate de sodium). Le calcium disodium EDTA est l’additif alimentaire E 385. On le désigne parfois comme un antioxydant dans la mesure où, en complexant les métaux responsables des phénomènes d’oxydation, cet additif prévient par là-même ces phénomènes. Ceci est totalement transposable au domaine cosmétique.

L'EDTA, un ingrédient sans souci

Après administration par voie topique d’un produit en contenant, les cas d’allergie sont rarissimes et font l’objet d’une publication à intervalles de temps très espacés (un cas d’allergie à un dermocorticoïde contenant de l’EDTA en 1986, un cas d’allergie à un produit de protection solaire contenant de l’EDTA en 2009…)

Les résultats d’une étude concernant l’utilisation de cet additif et réalisée en 2016 à la Faculté de Pharmacie de Pittsburgh sont pleinement rassurants. Testé avec d’autres additifs tels que des humectants (propylène glycol) ou des conservateurs (méthyl paraben), l’EDTA s’avère parfaitement bien toléré par la muqueuse vaginale et dénué d’une quelconque toxicité.3

On l’aura compris, l’EDTA est un ingrédient pour lequel on possède un excellent recul, puisqu’il est utilisé depuis des dizaines d’années. Sa présence est indispensable dans un certain nombre de produits. Il n’y a donc aucune raison de s’en passer. Il n’y a pas de raison non plus de le remplacer par un substitut qui serait peut-être moins sûr. On devra ce souvenir du remplacement des parabens par la méthylisothiazolinone qui n’a pas eu des suites très heureuses… c’est le moins que l’on puisse dire !

Alors… Vive l’EDTA dans les cosmétiques !

Bibliographie

1 http://ec.europa.eu/growth/tools-databases/cosing/index.cfm?fuseaction=search.results

2 Leila Schneitzer, Harold H Osborn, Arlene Bierman, Andrew Mezey, Balkrishena Kaul, Lead poisoning in adults from renovation of an older home, Annals of Emergency Medicine, 19, 4, 1990, 415-420

3 Hu M, Zhou T, Dezzutti CS, Rohan LC. (2016) The Effect of Commonly Used Excipients on the Epithelial Integrity of Human Cervicovaginal Tissue. AIDS Res Hum Retroviruses. 32 (10-11) : 992-1004

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