Nos regards
Pas de cosmétiques dans la forêt amazonienne, mais du mercurochrome tout de même !

> 06 octobre 2022

Pas de cosmétiques dans la forêt amazonienne, mais du mercurochrome tout de même !

Lorsque Suzanne Pairault, l’auteur de la série « Jeunes filles en blanc » fait embarquer Gisèle Aubry, la jeune infirmière, dans un avion à destination du Brésil, elle sait pertinemment que tout ne va pas se passer comme prévu.1 Le début du voyage avec le jeune docteur Miguel Avado, « un jeune homme élancé, très brun, aux yeux d’un noir de jais », avait pourtant bien commencé. Oui, mais voilà, un pirate de l’air détourne l’avion, afin de livrer des colis plus que louches à l’un de ses complices (un certain Andrès). Et Gisèle de se retrouver prisonnière au sein de la terrible forêt amazonienne. L’occasion pour elle d’adopter un jeune orphelin et de découvrir le métier d’infirmière d’une autre façon. Moustiques, serpents et carences en tout genre seront, bien sûr, de la partie.

Des Indiens aux cheveux huilés

A Manaos, les Indiens ont le « visage couleur de cuivre » et les cheveux « plats » et « huilés ». Pas de mention spéciale quant à la recette cosmétique utilisée pour obtenir cet effet de brillance !

Un homme couturé de cicatrices à l’allure peu engageante

Andrès est un « homme d’une quarantaine d’années, au visage zébré de profondes cicatrices ». Au fin fond de la forêt amazonienne, ce drôle d’individu règne sur une tribu d’Indiens, grâce à l’aide d’un sorcier/guérisseur dénommé Hokan. Difficile, pour Gisèle, dans ces conditions de faire entendre la voie de la sagesse médicale.

De la quinine, contre le paludisme

« Taitements classiques à la quinine »... on n’est pas très étonné !2

De l’amour pour sauver Yahi

Dès son arrivé au camp perdu dans la jungle, Gisèle se retrouve confrontée à la maladie. Le petit Yahi est au plus mal. Gisèle va faire des miracles en lui permettant de surmonter sa fièvre. Et avec une bonne dose d’amour et un bon antipyrétique, tout va pour le mieux.

Du bon sens pour élever les nourrissons

Alors que les nourrissons de la tribu sont emmaillotés solidement, Gisèle réalise la révolution en proposant aux mères de laisser libres les membres de leurs enfants. Finies les « bandelettes » qui entravent les mouvements. Vive la liberté !

Un onguent spécial morsure de serpent

Evidemment le guérisseur Hokan et la jeune infirmière vont se confronter rapidement. En cas de morsure de serpent, Gisèle reste sèche, contrairement à Hokan qui plastronne un « petit pot de bois » rempli « d’onguent » à la main. La recette semble efficace puisque le blessé a la vie sauve.

Un autre onguent pour traiter les blessures de flèche

A peine échappée du camp tenu par Andrès, voilà Gisèle retombée entre les mains d’une autre tribu. Yahi, qui n’a pas voulu la quitter et s’est embarqué dans l’aventure avec elle, en fait les frais. Touché par une flèche il est, toutefois, soigné par Dala, la femme de Hondo, avec « une sorte d’emplâtre qui semblait fait avec de la terre mélangée d’herbes ». Peu ragoûtant, mais très efficace si l’on croit Suzanne Pairault.

Le minimum pour soigner une plaie

Tout va très bien pour Gisèle, tant qu’elle dispose de ses deux belles caisses de médicaments. Mais lorsque Hokan, jaloux de son emprise sur le peuple et sur Andrès, fait voguer les caisses sur la rivière voisine, ce n’est plus la même chanson. Les indigènes, habitués désormais à ses actes médicaux, s’étonnent de la rusticité de ses soins. C’est le cas par exemple d’une femme dont la blessure est simplement lavée à « l’eau bouillie ». Sa copine lui avait pourtant vanté « un liquide merveilleux, tout rouge, qui guérissait la plaie en quelques jours. » Alors pourquoi, tout d’un coup, Gisèle oublie-t-elle ce merveilleux liquide (on aura reconnu, bien évidemment, le célèbre « mercurochrome ») ? Tout simplement parce que le flacon a été subtilisé !

Une drôle de façon de préparer une solution injectable

Parce qu’il ne reste plus de préparations pour usage parentéral (tout est parti dans la rivière), Gisèle prépare une recette-maison, afin de sauver un enfant atteint de paludisme pernicieux. « Gisèle demanda qu’on fît bouillir un peu d’eau avec une pincée de sel ; c’était le plus approchant du sérum physiologique qu’on devait utiliser en pareil cas. Elle y dilua ensuite les produits qu’elle voulait injecter. » Pas très orthodoxe, mais efficace, semble-t-il, au regard des résultats obtenus.

Mission vers l’inconnu, en bref

Mission pour l’inconnu, l’auteur ne pensait pas si bien dire. En plongeant une jeune infirmière tout juste diplômée dans la forêt amazonienne, Suzanne secoue le cocotier des certitudes médicales. Perdue au milieu de nulle part, avec très peu de matériel médical à sa disposition, Gisèle fait des miracles, pour le plus grand bonheur des peuplades rencontrées. Après tout, dans un dispensaire ou au cœur de la jungle, la mission reste la même : sauver des vies. Ah... une précision tout de même. Le beau médecin, le beau Miguel ne laissera pas tomber Gisèle. C’est lui qui la retrouve sur un lit de douleur, terrassée par un violent accès de paludisme. Ouf, il était grand temps !

Bibliographie

1 Pairault S., Mission vers l’inconnu, série Jeunes filles en blanc, bibliothèque verte, Hachette, 184 pages

2 La belle histoire du quinquina | Regard sur les cosmétiques (regard-sur-les-cosmetiques.fr)

 

Retour aux regards