> 16 février 2023

Alice et le tiroir secret… dans ce roman paru en 1955,¹ tout commence par une visite au manoir Loriot. Mme Gallow vient d’hériter de sa tante, qui lui lègue toute sa fortune, ainsi qu’à son cousin. Il y a, en particulier, dans cette demeure une belle collection de meubles de prix. Oui, mais voilà… quand les deux personnes se rendent sur les lieux… la maison a été vidée de son précieux contenu. Une petite table manque, en particulier, à l’appel. La légende indique que, dans un de ses tiroirs secrets, se cache un trésor ! Il ne reste plus à Alice Roy, la jeune enquêtrice célèbre, qu’à se mettre sur la piste du voleur. Deux possibilités… Soit le voleur est un repris de justice du nom de Holt, soit le voleur n’est autre que le propre cousin de Mme Gallow, un dénommé Alpha Zimmel. Quelle que soit l’option choisie, la route à prendre est celle de la Pennsylvanie. De quoi donner envie à Alice, flanquée de ses deux fidèles complices, Bess et Marion, de faire un voyage express au pays des Amish !²

Alpha Zimmel, un petit gros

Facile à reconnaître, cet Alpha Zimmel… « Il est petit et gros. » « C’est un amateur de bonne chère. » Antiquaire de son état ! Et totalement étranger à cette histoire de vol.

Roger Holt, un grand mince

Le repris de justice, Roger Holt, est grand (1 m 86), « mince » avec un « teint olivâtre », des « cheveux bruns » et une « cicatrice fine au menton. » Quel meilleur déguisement pour lui que celui d’un Amish. Pour brouiller les pistes, un travestissement semble tout indiqué ! « De longs cheveux, une barbe fournie, peut-on rêver mieux pour dissimuler ses traits ? ».

Marion, toute mince... Bess, toute ronde

Les amies d’Alice sont aussi différentes que possible. Bess est aussi forte que Marion est mince. Chez les Amish, les plantureux repas conviennent donc parfaitement à Bess, la gourmande. Leur hôte, M. Kreutz rassure Bess à ce sujet : « Dans notre pays, on aime les femmes bien en chair. » Réflexion qui amène illico un « sourire railleur » sur les lèvres de Marion, qui ne manque jamais une occasion de se moquer de sa cousine sur ce sujet précis. A ce régime-là… Bess ne manque pas d’engraisser. Sur la balance d’une ferme, elle contrôle son poids… et constate, avec effroi, qu’elle a pris 5 livres en seulement quelques jours ! Même chose pour Marion, qui envisage de se mettre au jardinage pour résoudre ce petit problème. « Si cela continue, dit-elle, en gloussant de rire, il me faudra bêcher et labourer deux heures au moins par jour, ou renoncer à reprendre une taille normale. »

Les Amish, minces ou gros, c’est selon, mais en tous cas abondemment chevelus !

Et c’est parti pour une aventure au pays des Amish ! Marion, qui connaît bien le sujet, explique à ses amies que ce peuple d’origine allemande se reconnaît aisément physiquement. « Les hommes se rasent la moustache mais pas la barbe » et sont habillés comme au siècle dernier (ou plutôt même l’avant-dernier !). Les hommes portent les cheveux longs. « Ses cheveux » longs couvrent « les oreilles et la nuque ». Il faut dire que l’on ne connaît pas les salons de coiffure chez les Amish. Les hommes se font « couper les cheveux par leur femme ou leur fille et cela le moins souvent possible. » Les femmes, quant à elles, sont coiffées de bonnets à l’ancienne.

Le DIY médicamenteux, une particularité Amish

Chaque famille Amish possède le Gebrausch Buch, un ouvrage « qui indique comment traiter les malades par imposition des mains, sans avoir recours aux médicaments. » Traiter les siens de cette façon n’est pas donné à tout le monde. Seules les personnes ayant un « don » en sont capables. Chez les Kreutz, c’est la mère de famille qui possède ce talent. Ainsi, lorsque Bess se fait une grosse bosse au front, c’est très logiquement Mme Kreutz qui la prend en charge. Celle-ci dispose d’un liniment à sa façon, préparé avec des plantes… Pour le reste, elle laisse agir les prières. « Elle fit étendre Bess sur son lit et lui posa sur le front un épais mouchoir imbibé de liniment. Puis elle prit son Gebrauch Buch. Après l’avoir feuilleté, elle trouva l’incantation qu’elle cherchait et la lut à voix basse. » Quelques « passes » sur le front et sur les membres de Bess… et voilà la jeune fille plongée dans un sommeil réparateur.

Juste une toilette rapide

Chez les Amish, pas de temps de faire la coquette. On se lève tôt pour cuisiner ou préparer les fruits et légumes que l’on vend au marché. Pas de bain, ni de douche… « Alice monta se laver et se recoiffer dans sa chambre. » Une toilette expéditive, qui s’exécute en un rien de temps !

L’histoire dans l’histoire

En se rendant à la ville de Lancaster, Alice et ses amies croisent les pas de Manda Kreutz, une jeune Amish qui, après avoir tenté sa chance à la ville, revient vivre auprès de ses parents. Ses « yeux de velours, ses longs cils, son teint clair »… ont, tout de suite, séduit Alice et ses copines. Pourtant, le retour dans sa famille ne se fait pas aisément. M. Kreutz, en colère, chasse, en effet, sa fille du foyer. Et, comme par hasard, les pas de Manda l’emmènent tout droit chez… Roger Holt ! Vraiment pas de chance de se retrouver chez le seul escroc présent à la ronde ! Pas de panique ! Avec Alice, tout va être remis en ordre. Et Manda retrouvera sa place dans le foyer paternel.

Alice et le tiroir secret, en bref

Comme d’habitude, il est question de « ligne » dans cet opus. On nous parle de sujets maigres, de sujets enveloppés. Le léger surpoids de Bess est évoqué, comme de coutume. Pas de cosmétiques chez les Amish, mais, en revanche, des préparations-maison pour traiter toutes sortes de pathologies. Les liniments sont préparés par les mères de famille à l’aide de plantes récoltées dans la nature.

Comme d’habitude, Alice viendra à bout du mystère des meubles volés. Elle retrouvera le meuble à tiroir secret et mettra à jour une curieuse lettre d’amour restée coincée dans un pied de la table. Pas de trésor pour cette fois-ci, à part le trésor de l’amitié qui lie désormais Alice et ses amies à la communauté Amish de Lancaster !

Bibliographie

¹ Quine C., Alice et le tiroir secret, Bibliothèque verte, Hachette, n°336, 1967, 250 pages

² Houdaille J., Une secte antimalthusienne aux États-Unis : les Amish, Population, 1971, 26-2, 388-390.

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