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Néfertiti, une icône beauté de l’Antiquité

> 18 novembre 2018

Néfertiti, une icône beauté de l’Antiquité

La Reine Néfertiti (c. 1370-1330 ap. J.-C.), grande figure de l’Antiquité égyptienne était la grande épouse royale du pharaon Akhenaton, connu aussi sous le nom d’Amenophis IV. Tous deux forment le couple vraisemblablement le plus prestigieux de l’Egypte ancienne.1

 

Les traits de cette figure-clé de l’histoire de la XVIIIe dynastie, nous sont presque familiers grâce au plâtre polychrome trouvé, le 6 décembre 1912, lors de fouilles et actuellement conservé au Neues Museum de Berlin, et auquel manque l’iris gauche, manque qui ne cesse depuis lors d’alimenter les controverses. Le célèbre historien de l’art, Henri Stierlin s’interrogeait sur l’authenticité de ce buste.2 Alain Zivie, en revanche, atteste qu’il s’agit bien d’un buste de l’Antiquité égyptienne.

 

Alors, nous direz-vous, vous êtes devenues égyptologues ? Pas du tout, pourrons-nous répondre en chœur. Quand on nous connaît et que l’on sait que le couple mythique formé par Néfertiti et Akhenaton avait un rapport tout particulier avec le Soleil… on commence à comprendre.

 

En effet, Amenophis IV a initié un culte monothéiste universel au dieu solaire Aton et dans ce contexte, a pris le nom d’Akhetaton et fondé, entre Thèbes et Memphis, une capitale qui sera éphémère, Akhenaton, l’actuelle d’el-Amarna.

 

On aura d’ailleurs présent à l’esprit une jolie scène de l’intimité familiale représentée sur un bas-relief (vers 1345 av. J.C.) qui nous donne à voir Akhenaton, Nefertiti et trois de leurs filles sous les rayons bienfaisants du Soleil, représenté, au centre, sous la forme d’un disque, dardant des sortes de petites langues de feu.

 

Lors de fouilles d’un quartier sud de la ville d’Armana réalisées au début du XXe siècle, l’équipe de Ludwig Borchardt a mis à jour un ensemble de plus de 400 œuvres dont une dizaine de représentations de Néfertiti, parmi lesquels le buste d’une quarantaine de centimètres - 48,3 très exatement –3 auquel nous consacrons le Regard de ce jour. L’ampleur de cette découverte a permis d’émettre l’hypothèse qu’en ce lieu précis se trouvait l’atelier du sculpteur officiel du règne d’Akhénaton, dénommé Thoutmès ou Thoutmôsis. Ceux qui tenaient pour l’hypothèse que ce buste est un faux avaient même avancé qu’il serait l’œuvre de Ludwig Borchardt… En tout état de cause l’analyse des pigments a conclu que ceux-ci dataient bien de l’époque pharaonique et qu’ils correspondent aux matériaux utilisés à l’époque d’Akhenaton.

 

Nefertiti se présente ainsi désormais à nous le visage allongé minutieusement maquillé. Les pigments utilisés à l’époque sont tous d’origine minérale : de la chaux, des oxydes de cuivre et de fer, du noir de carbone et du sulfure d’arsenic également appelé orpiment.4 Elle est coiffée d’une lourde couronne et son décolleté est richement décoré de pétales de lotus et de mandragores.5 Reste à savoir si l’allongement des lignes face auquel nous nous nous trouvons est le reflet exact de cette femme ou alors s’il s’agit d’une vision artistique de Néfertiti, sublimée par le sculpteur. On pensera à ce sujet à des représentations beaucoup plus proches de nous dans le temps et l’espace : les Vierges romanes, les portraits du Gréco, ceux de Bernard Buffet...

 

Non, Néfertiti n’était pas borgne et s’il manque un œil complet alors que la cavité où il aurait dû prendre place est parfaitement réalisée, c’est que le buste est « inachevé » et qu’il a pu servir de modèle pour la réalisation d’autres statues de la reine.

 

« La belle est venue » nous a laissé un buste qui ne cesse d’intriguer et a donné son nom à une technique particulière de lifting (le « Néfertiti lift »), une technique de médecine esthétique, qui a pour but de modifier le contour mandibulaire et le cou, afin de redonner un aspect plus jeune et plus  tonique au visage, grâce à des micro-injections de toxine botulique.6

 

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, qui nous offre, aujourd'hui, une Néfertiti tellement sûre de sa beauté, qu'elle ne craignait rien... pas même les rayons du Soleil ! 

 

Bibliographie

Ries J. Andrée Chedid, Nefertiti et le rêve d’Akhenaton. Les mémoires d’un scribe. Revue de Théologie de Louvain, 7-1, 1976, 105.

2 Ascaso F.J., Lizana J. An enigmatic eye in an enigmatic bust. Archivos de la Sociedad Espanola de Oftalmologia (English Edition 87, 4, 2012, 125-126).

3 Collins M. The Attractiveness of the Average Face. Seminars in Orthodontics, 18, 3, 2012, 217-228.

4 Hardy A.D., Walton R.I., Vaishnay R., Myers K.A., Pirrie D. Chapter 5 Egyptian eye cosmetics '"Kohls"): Past and present. Physical Techniques in the Study of Art. Archaeology and Cultural Heritage, 1, 2006, 173-203.

5 Cortegianni J.P. « Les mystères du buste de Néfertiti », France 3, 28 décembre 2011.

6 Gassia V., Beylot C., Béchaux S., Michaud T. Les techniques d'injection de la toxine botulique dans le tiers inférieur et moyen du visage, le cou et le décolleté. Le "Néfertiti lift". Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, 136, Supplement 4, 2009, s111-s118

 

 

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