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Nair, mais où se cache le cold cream ?

> 03 octobre 2017

Nair, mais où se cache le cold cream ? La crème dépilatoire Nair aisselles & bikini affiche trois revendications particulières : une action hydratante (grâce à l’huile de coton), une action adoucissante (grâce au lys) et une action nourrissante (grâce au cold cream). Ces trois allégations qui accompagnent l’effet dépilatoire (indéniable) reposent sur des bases assez floues.

En ce qui concerne l’huile de graines de coton, celle-ci est composée majoritairement d’acide linoléique (52%). On y trouve également de l’acide palmitique (23%), de l’acide oléique (18%), de l’acide stéarique (3%), de l’acide palmitoléique (2%) et de l’acide myristique (1%). Des traces d’acides arachidique, béhénique, lignocérique et linolénique viennent compléter la composition en acides gras (Charles Dorni, Charles Dorni, Paras Sharma, Gunendra Saikia, T Longvah, Fatty acid profile of edible oils and fats consumed in India, Food Chemistry, May 2017). Toutefois, le fait d’hydrogéner une huile riche en acides gras insaturés change la donne. L’huile perd les caractéristiques liées à ses acides gras insaturés et devient solide. Il s’agit donc alors d’un facteur de consistance. Dans l’esprit du consommateur le coton (hydrophile) utilisé pour nettoyer la peau est synonyme de douceur ! L’huile de coton hydrogénée est un facteur de consistance comme un autre… sans aucun rapport avec la notion de douceur…

Le lys blanc (Lilium candidum) est une fleur très utilisée en médecine traditionnelle. On lui reconnaît de nombreuses propriétés. Par application locale (embrocation, cataplasme, lotion…), le lys permettrait d’éviter le développement d’ecchymoses, favoriserait la cicatrisation, calmerait les brûlures. Pour employer un terme générique, à l’image du lys est associée la notion de plante vulnéraire car elle semble susceptible de guérir les plaies et les blessures (Montse Rigat, Joan Vallès, Ugo D׳Ambrosio, Airy Gras, Jaume Iglésias, Teresa Garnatje, Plants with topical uses in the Ripollès district (Pyrenees, Catalonia, Iberian Peninsula): Ethnobotanical survey and pharmacological validation in the literature, Journal of Ethnopharmacology, 164, 2015, Pages 162-179). Mythe ou réalité, difficile de le dire ; très peu de publications viennent étayer ces hypothèses.

Enfin, concernant le cold cream, celui-ci n’est pas franchement visible au premier coup d’œil. Les marqueurs du cérat de Galien, ancêtre du cold cream sont au nombre de 3 : huile d’olive, cire d’abeille et eaux aromatiques (Voir https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/1-2-3-cold-cream-176/). Par la suite, d’autres ingrédients se sont immiscés dans la formule ancestrale. Huile d’amande douce, blanc de baleine, eau distillée de rose, teinture de benjoin ou bien palmitate de cétyle viendront ainsi grossir la liste des ingrédients ou se substituer à l’un ou l’autre.

Le cold cream Nair est un cold cream « homéopathique », à base d’eau, de paraffine liquide, de cire synthétique et d’huile de coton hydrogénée.

Qu’importe… le produit est efficace. La dépilation consiste à dénaturer chimiquement le poil. Un milieu alcalin est nécessaire pour que la réaction soit optimale. Quand il faut y aller… il faut y aller… Dépilatoire et douceur ne sont pas faits pour s’entendre !

Un parfum contenant de nombreux allergènes vient masquer l’odeur désagréable de la préparation.

Au total : un produit efficace, à utiliser en respectant le temps de pause, sur une peau peu susceptible !

Crème dépilatoire Nair aisselles & bikini : Aqua, paraffinum liquidum, calcium thioglycolate, cetearyl alcohol, calcium hydroxide, sodium hydroxide, ceteth-20, silica, synthetic beeswax, parfum, propylene glycol, lilium candidum flower extract, methylparaben, propylparaben, hydrogenated cottonseed oil, butylphenyl methylpropional, benzyl benzoate, limonene, linalool, alpha isomethyl ionone, citronellol.

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