Nos regards
Mustela, sous le signe du vison

> 29 mars 2017

Mustela, sous le signe du vison En 1950, Paul Berthomé s’associe à Claude Guillon pour créer les laboratoires Expanscience. Il s’agit d’un laboratoire pharmaceutique qui commercialise aussi bien des médicaments que des cosmétiques. Les publicités de l’époque ne manquent pas d’humour. On est bien loin des publicités sucrées mettant en scène des bébés épanouis évoluant dans un monde de douceur ; on est bien loin de l’ourson bleu emblématique de la marque. De grands illustrateurs Piem (alias Pierre Georges Marie de Barrigue de Montvallon), Barberousse (alias Philippe Josse), Chaval (alias Yvan Francis Le Louarn) et André Harvec (de son vrai nom André Hervé) sont sollicités pour la réalisation de planches humoristiques sur le thème, entre autres, des « péchés de la chair ». On y voit des hommes et des femmes en pleine détresse cosmétique ne sachant trop quoi faire de leur peau (au sens propre du terme) ! La marque Mustela est là pour leur apporter une solution. Les produits de la marque « conçus par des médecins » et « hypoallergéniques » se démarquent de la concurrence par un accent mis sur une tolérance optimale (Céline Couteau & Laurence Coiffard, Beauté mon beau souci - Une histoire de la beauté et des cosmétiques, Edilivre, 2015, 285 pages)

Piem s’attaque au problème des « éruptions cutanées ». Un homme se regarde dans la glace de la salle de bain, il arbore un gros bouton sur le nez. Alors qu’il s’apprête à utiliser une scie pour en venir à bout sa femme lui dit : « Tu vas t’abimer la peau ». Au verso de l’illustration, les femmes (et non les hommes) sont mises en garde contre les « produits sensibilisants ou irritants » ; la femme a le droit « d’être belle sans danger ». Piem démontre la supériorité de la femme sur l’homme : alors que l’homme est prêt à utiliser des moyens grossiers et dangereux pour traiter ses petits problèmes cutanés, la femme, beaucoup plus subtile et bien mieux renseignée ne confie sa peau qu’à un expert, celui-ci se nomme Mustela.

Chaval se voit confier le thème de la « coquetterie précoce ». Juchée sur les hauts talents de sa mère, une petite fille tente d’atteindre une étagère chargée de cosmétiques. Premiers pas timides vers le monde des adultes...

Barberousse utilise, quant à lui, les animaux pour divertir les clients de la marque. Des chiens malicieux ont trouvé une méthode originale pour préserver la jeunesse de leur aïeule : « On trouvait grand-mère pas bien conservée », avouent les chiots à leur père très en colère, manches retroussées. Les petits coquins ont vidé le réfrigérateur de son contenu et poussé mémé dans l’enceinte réfrigérée. Il y a sûrement des solutions plus douces pour conserver sa fraîcheur ! Appel du pied discret à la marque Mustela. Puis, ce sont des chats qui vont délivrer un message cosmétique. Une chatte coquette, miroir à la main et collier de perles autour du cou, regarde passer avec convoitise deux poussins en colère : « Ma parole, elle nous prend pour des embryons ». Vraisemblablement, une condamnation de l’utilisation des embryons de poulet pourtant alors très appréciés dans le domaine de l’anti-âge.

Mustela, c’est donc une gamme de produits initialement destinés aux femmes ayant une peau sensible. Le choix du nom de la marque n’est pas anodin ; il est dans l’air du temps. L’huile de vison (ce petit mammifère se nomme mustela en latin) est très appréciée et considérée comme un actif anti-rides merveilleux. La marque se fond dans son époque et met à profit un ingrédient recherché pour donner une image positive d’elle-même.
Si l’huile de vison est toujours répertoriée au Cosing (http://ec.europa.eu/growth/toolsdatabases/cosing/index.cfm?fuseaction=search.details_v2&id=92428) elle est, en revanche, très peu retrouvée dans les cosmétiques à l’heure actuelle. En particulier, on n’en trouve plus trace dans les produits de la marque.

Aujourd’hui, Mustela c’est 7 gammes (soins pour futures et jeunes mamans, peau normale, peau sèche, peau à tendance atopique, soins spécifiques, soins du change, soins solaires) et une eau de soins. Ah ! Il est loin le temps où chaque marque possédait 4 ou 5 références. On peut regretter ce temps car la multiplication des produits n’a aucun sens et ne peut que créer une confusion inutile.

Au milieu de cette foule de produits, nous nous sommes intéressées à la gamme destinée aux peaux à tendance atopique (la plus exigeante après tout) et aux soins du change.
Pas de fausse note en ce qui concerne les produits d’hygiène et de soin (Stelatopia) ! Un rappel à l’ordre, toutefois, en ce qui concerne le change du bébé.

La crème lavante est formulée à partir de tensioactifs doux, vraiment doux (coco-glucoside en tête). Des agents surgraissants (alcool cétéarylique, huile de ricin hydrogénée, huile de tournesol, extrait d’avocat) viennent former un film gras à la surface de la peau. Nous ne nous laisserons pas impressionner par le terme « castor oil ». Il ne s’agit pas d’huile de castor (qui viendrait en remplacement de l’huile de vison) mais tout simplement d’huile de ricin (voir Regard « Castor oil et ricinus communis oil : bonnet blanc et blanc bonnet »).

L’huile de bain est une huile (une vraie) et cela est appréciable. Le terme huile nettoyante, est, comme nous l’avons déjà dit, extrêmement galvaudé de nos jours et rares sont les huiles dont la liste des ingrédients ne commencent pas par aqua ! Cette huile de bain contient majoritairement de l’huile de tournesol. On retrouve également d’autres substances lipophiles : un dérivé d’huile de coco, de la paraffine liquide, de l’huile d’amande douce et de l’huile d’avocat. Comme il s’agit d’une huile nettoyante, on trouve, très logiquement, des tensioactifs responsables de l’action nettoyante. Ceux-ci (PEG-6 isostearate, propylene glycol dipelargonate, laureth-2) sont des tensioactifs non ioniques, bien tolérés.

Baume émollient et crème émolliente s’inscrivent dans la même logique. Il s’agit de deux émulsions dont les principaux ingrédients sont identiques. De l’eau, de la glycérine, de la vaseline, une huile hydrogénée (dont on aurait pu nous dévoiler l’identité précise), une silicone, un facteur de consistance très fréquemment utilisé dans la plupart des cosmétiques (le caprylic/capric triglyceride), des tensioactifs doux (sucrose distearate en tête), un humectant (dextrin), voilà le squelette de base de ces deux produits hydratants. Baume et crème accumulent les corps gras (insaponifiables de tournesol, huile de graines de prunes, cire de candelilla, squalane, huile d’avocat, céramide, phytosphingosine). Notons que la cire de carnauba n’est présente que dans le baume. Tout va bien !

En revanche, en ce qui concerne le liniment dermo-protecteur, nous souhaitons rappeler que les conseils d’utilisation (« Il est inutile de rincer ni de sécher ») ne sont pas en accord avec la nature chimique du produit. S’agissant d’un savon (même s’il est surgras), celui-ci doit être impérativement rincé (voir Regard « Le liniment oléocalcaire, le cauchemar des bébés). Aucun savon ne peut prétendre constituer un produit de soin !!!

Stelatopia crème lavante : Aqua, Coco-glucoside, Cetearyl alcohol, Disodium lauryl sulfoccinate, Hydroxypropyl guar, Sodium cocoyl isethionate, Zea mays starch, Citric acid, Glycine, Glycerin, Hydrogenated castor oil, Sodium benzoate, Polyquaternium-10, Helianthus annuus seed oil unsaponifiables, Titanium dioxide, Sodium chloride, Persea gratissima fruit extract, Sodium hydroxide.

Stelatopia huile de bain : Helianthus annuus seed oil, Ethylhexyl cocoate, Paraffinum liquidum, Prunus amygdalus dulcis oil, PEG-6 isostearate, Helianthus annuus seed oil unsaponifiables, Propylene glycol dipelargonate, lecithin, Laureth-2, Persea gratissima oil, Anthemis nobilis flower extract, Tocopherol, Ethyl cyclohexyl propionate, Ascorbyl palmitate, Hydrogenated palm glycerides citrate.

Stelatopia baume émollient : Aqua, Glycerin, Petrolatum, Hydrogenated vegetable oil, Cyclopentasiloxane, Caprylic/capric triglyceride, Sucrose distearate, Dextrin, Copernicia cerifera cera, Helianthus annuus seed oil unsaponifiables, Prunus domestica seed extract, 1,2-hexanediol, Sucrose stearate, Candelilla cera, Squalane, Glyceryl Caprylate, Hydroxyethyl acrylate/sodium acryloyldimethyl taurate copolymer, Xanthan gum, Glucose, Sorbitol, Citric acid, Polysorbate-60, Sorbitan stearate, Persea gratissima fruit extract, Ceramide NP, Phytosphingosine, Sodium hydroxide.

Stelatopia crème émolliente : Aqua, Glycerin, Petrolatum, Hydrogenated vegetable oil, Cyclopentasiloxane, Caprylic/capric triglyceride, Sucrose distearate, Dextrin, Helianthus annuus seed oil unsaponifiable, Prunus domestica seed extract, 1,2-hexanediol, Candelilla cera, Squalane, Sucrose stearate, Glyceryl caprylate, Xanthan gum, Glucose, Sorbitol, Citric acid, Persea gratissima fruit extract, Ceramide NP, Phytosphingosine.

Liniment dermo-protecteur : Aqua, Olea Europaea Fruit Oil, Calcium hydroxide, Caprylyl Glycol, Acrylates/C10-30 alkyl acrylate crosspolymer, Sodium Hydroxide, Sorbitan Oleate, Daucus carota sativa root extract, Zea mays Oil, Tocopherol (http://www.mustela.fr/content/Liniment-dermo-protecteur)


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