Nos regards
Miss Ylang-Ylang se parfume à… l’Ylan-Ylang !

> 15 mars 2020

Miss Ylang-Ylang se parfume à… l’Ylan-Ylang !

Lorsque Bill Ballantine et Bob Morane partent en vacances,1 il y a de fortes chances pour que cela tourne mal. Pas de farniente en perspective, mais plutôt des courses-poursuites, des coups de poings, des fusillades, des couteaux plantés entre les deux épaules...

Les vacances à Manille commencent plutôt bien pour les deux compères qui prennent, chacun à leur tour, une douche glacée dans la chambre 239 d’un hôtel tranquille, situé près de la capitale des Philippines. Cet hôtel se nomme « Ylang-Ylang », en hommage aux plantes odoriférantes, qui poussent à foison dans son admirable jardin. Ces plantes sont appelées Cananga odorata par les botanistes. Les chimistes nous renseignent sur la composition de l’huile essentielle qui en est extraite, en nous indiquant que l'une des molécules odorantes qui la compose répond au doux nom de salicylate de benzyle.2 La densité de Cananga est telle, à proximité de l’hôtel, qu’ « il faudrait être enrhumé à mort pour ne pas sentir leur parfum ».

Bill Ballantine ne manque pas de s’étonner de la coïncidence étrange entre le nom de cet hôtel et celui de la belle eurasienne, qui dirige le Smog, un réseau d’espionnage mercenaire, qui se loue aux plus offrants. Celle-ci se parfume abondamment à l’Ylang-Ylang, d’où le surnom qui lui a été donné.

A peine dans la chambre, le téléphone retentit. Une voix de femme intime l’ordre aux deux aventuriers d’appliquer à 10 heures précises « un mouchoir largement imbibé d’eau de Cologne, et cela pendant une demi-heure » sur leurs narines. Drôle de consigne !

Effectivement, aux 10 coups de l’horloge, une odeur intense d’Ylang-Ylang se répand dans la chambre. Le parfum ne vient plus uniquement de l’extérieur ; il semble suinter des cloisons. Une molécule soporifique s’est subtilement mariée à ce parfum, afin de transformer l’hôtel en un château de la Belle au bois dormant. Heureusement, Bill et Bob se sont plaqués sur le nez des serviettes imprégnées d’eau de Cologne (« [...] l’odeur de cette eau de Cologne nous empêchant de humer celle de l’Ylang-Ylang répandue dans la pièce [...] »).

Au bout d’une demi-heure, tout devient calme dans l’hôtel. Personnel et clients ont été enlevés !

Bien décidés à se confier à la police, Bill et Bob tentent d’atteindre Manille à bord d’une voiture... empruntée. Ils seront capturés en cours de route par les hommes de main de Miss White, une albinos d’une grande beauté, qui vit dans un monde dont la couleur est exclue. Son teint d’albâtre la fait ressembler à une statue de marbre. Vêtue de blanc dans un appartement blanc dont les gardes du corps sont albinos, la Bête Blanche, puisque c’est également son surnom, est chargée de faire déguerpir au plus vite les deux curieux qui ont tendance à se mêler un peu trop souvent de ce qui ne les regarde pas.

Et hop... nos deux gars sont envoyés sur un vieux rafiot, après avoir été endormis d’un coup de seringue ! Le temps de délivrer au passage une jeune fille qui n’est autre que la fille chérie d’un célèbre chef de gang, Sangre de Aguinaldo, et voilà nos deux aventuriers repartis sur la piste de Miss Ylang-Ylang. Cette dernière est tout simplement à la recherche d’un agent américain qui se cache sous les initiales M.D.O. et qui a eu la bonne idée de retenir une chambre dans le même hôtel que Bob.

Avec Bob Morane, il y a de l’action, de belles espionnes, des bandits aux dents en or (le second de Miss Ylang-Ylang, Roman Orgonetz pour ne pas le citer), des parfums envoûtants...

En une heure, on a le temps de voir débuter et s’achever une aventure trépidante. Comme à chaque fois, Bob Morane frôle la mort. Il faut dire qu’il est joli garçon et que Miss Ylang-Ylang a, comme qui dirait, le béguin pour lui.

Bibliographie

1 Verne H. Un parfum d'Ylang-Ylang, Pocket marabout, 1967, 150 pages

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/le-salicylate-de-benzyle-le-parfum-de-la-lagune-1048/

 

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