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Mercurochrome, une huile lavante nickel chrome !

> 02 février 2021

Mercurochrome, une huile lavante nickel chrome !

Notre guerre contre les huiles lavantes qui sont en réalité des gels lavants (gels aqueux qui peuvent par ailleurs posséder une composition tout à fait honorable) ne date pas d’hier.1 Dès que nous avons constaté cet abus de langage, notre sang de galénistes n’a fait qu’un tour et nous avons commencé à communiquer sur le sujet, afin de rétablir une vérité galénique quelque peu malmenée.

Sur le site de la marque Mercurochrome, les indicateurs sont au vert. On nous parle de « peau très sèche à tendance atopique », d’une formule « relipidante » ; on nous signale des précautions d’emploi : « Bien rincer la baignoire ou la douche après utilisation afin de ne pas glisser. Ne pas laisser à la portée des enfants » qui signent la présence d’une huile végétale susceptible de créer un environnement glissant.

Avant d’aller plus loin quelques rappels historiques s’imposent.

Des onctions d’huile bibliques, aux bains d’huile parfumée, qui attendent Ulysse quasiment à chaque étape de son retour mouvementé à Ithaque,2 l’huile se glisse avec bonheur dans tous les cabinets de toilette, traînant derrière elle des tonnes de douceur et d’images positives.

Le bain d’huile... une technique vraiment pas récente ! Mais lorsque l’on parle de bain d’huile, faut-il entendre huile fixe (c’est-à-dire huile végétale, composée de triglycérides et obtenue, le plus souvent, par pression) ou huile essentielle (huile volatile, douée de propriétés parfumantes) ? Les deux, mon capitaine... mais pas en même temps et pas pour les mêmes auteurs (à part Homère qui mélange huile d’olive et huiles aromatiques, pour le plaisir des sens d’un Ulysse qui en a bien besoin) !

Dans les années 1920, Rudolf Steiner, le père de l’anthroposophie, propose le bain à dispersion d’huile, dans le cadre de la prise en charge globale des patients. En se plaçant en amont de la maladie, le thérapeute souhaite développer les capacités salutogénétiques (!) de son patient, afin de créer un environnement favorable au maintien d’un état de santé florissant. Pour lui,3 l’eau du bain constitue un excipient idéal pour les huiles essentielles chargées en énergie positive ! Dans les années 1930, Werner Junge met en application les théories du maître... en mettant au point un système de dispersion des huiles essentielles dans l’eau (utilisation d’un vortex permettant de générer un fin brouillard de gouttelettes).4 Voilà pour le bain d’huile essentielle. Esotérique à souhait et un peu trop monde parallèle à notre goût !

Passons maintenant au bain d’huile fixe... Une technique, ni très pratique, ni très agréable, se disent des dermatologues américains, à la fin des années 1950. Trois Texans de Houston, Knox, Everett et Curtis, prennent donc le taureau par les cornes et ont l’audace de mélanger des tensioactifs non ioniques, réputés pour leur douceur, à des huiles végétales, réputées pour leur effet relipidant. Le produit qui en résulte, facile à formuler par le pharmacien de service, se disperse à merveille dans l’eau du bain. Ces cow-boys de la dermatologie, à l’esprit très pratique, viennent de mettre au point la toute première huile de bain. Celle-ci, étudiée sur une période de 4 ans, s’avère efficace et bien tolérée.5,6

A l’heure actuelle, dans le cas de la prise en charge de l’hygiène de l’enfant atopique, les huiles pour le bain sont bien souvent recommandées, du fait de leur capacité à laisser un film gras à la surface cutanée. Ce film, en permettant de réduire le phénomène de xérose, permet d’améliorer la qualité de vie de l’enfant.7 Ceci est bien sûr extrapolable à tous les âges de la vie.

Mais revenons-en à l’huile Mercurochrome dont tous les voyants sont au vert ; reste à se pencher sur la formule...

Une formule impeccable qui ne triche pas. De l’huile de tournesol,8 une base lavante composée de tensioactifs non ionique et anionique (car sans tensioactifs difficile de se laver !) et un agent anti-oxydant, l’acétate de tocophérol.

Pour les dermatologues qui recherchent une vraie huile lavante à destination de leurs patients atopiques ou xérotiques, qui se plaignent de l’effet asséchant du bain ou de la douche, pour tous les consommateurs qui veulent s’envelopper dans la douceur d’une huile (attention ça peut faire glisser) l’huile relipidante Mercurochrome est la formule à connaître.

Une formule où tout baigne, une formule nickel chrome !

Bibliographie

1 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/on-ne-va-pas-se-mentir-l-industrie-ne-nous-ment-pas-tout-le-temps-1276/

2 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/pour-ulysse-tout-baigne-dans-l-huile-1695/

3 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/weleda-ou-le-laboratoire-philosophique-195/

4 Arndt Büssing , Dirk CysarzFriedrich EdelhäuserGudrun BornhöftPeter F MatthiessenThomas Ostermann, The oil-dispersion bath in anthroposophic medicine--an integrative review, BMC Complement Altern Med, 2008, 4, 8, 61

5 Knox JM,  Everett MZ, M.D.Curtis AC. The Oil Bath, AMA Arch Derm, 1958, 78, 5, 642

6 James AP. Bath oils in the management of dry, pruritic skin, J Am Geriatr Soc, 1961, 9, 367-9

Lorena S Telofski 1A Peter Morello 3rdM Catherine Mack CorreaGeorgios N Stamatas. The infant skin barrier: can we preserve, protect, and enhance the barrier?, Dermatol Res Pract, 2012, 198789

8 https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/avec-l-huile-de-tournesol-laissons-entrer-le-soleil-dans-les-cosmetiques-847/

Composition

Huile lavante relipidante Mercurochrome : Helianthus annuus seed oil, laureth-4, Mipa-laureth-sulfate, laureth-3, propylene glycol, tocopheryl acetate.

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