> 10 janvier 2019
Marie Orieux a une qualité d’écoute toute particulière. Nous lui conseillons de ne pas faire l’acquisition de méridienne, de sofa moelleux ou de divan offrant des similitudes avec le mobilier que l’on s’attend à trouver chez un psychanalyste de qualité, au risque de voir sa demeure se transformer en cabinet pour « gens stressés ». Une voix calme qui apaise, un timbre grave qui réconforte, des yeux chaleureux, un sourire léger aux lèvres, Marie a les moyens de nous faire parler. En quelques minutes, elle arrive à créer un climat de confiance ; l’on se confie et l’on repart heureux.
Pour notre part, nous avons rencontré pour la première fois Marie Orieux en septembre 2016, lorsqu’elle est venue se former à la socio-esthétique à la faculté de pharmacie de Nantes et préparer le DU. Durant les mois de formation, Marie s’est mise à notre écoute. Nous lui avons transmis notre connaissance des ingrédients et fait partager notre passion concernant les cosmétiques.
Aujourd’hui, alors qu’elle débute son activité de socio-esthétique dans le service de psychiatrie du Dr Rachel Bocher au CHU de Nantes, sur le site de Saint-Jacques, c’est à notre tour de nous mettre à son écoute. En quelques mots, elle retrace son parcours et nous explique ce qui la passionne dans le travail effectué au quotidien. Alors, écoutons-la…
« J'ai travaillé comme esthéticienne durant plusieurs années et créé des liens avec des clientes. Mais, je souhaitais apporter autre chose, être plus utile ! Je me suis alors engagée dans l'enseignement de l'allemand. Cet échange avec des élèves a été très enrichissant, j'apportais quelque chose. En même temps, dans le cadre du bénévolat, en tant qu'esthéticienne (cette envie d'aide était toujours présente !) j'ai accompagné des personnes handicapées ainsi que des personnes atteintes de cancer avec l’association Belle et Bien, à ICO Site René Gauducheau, leur prodiguant des conseils, les aidant à prendre soin de leur peau, et en leur enseignant des techniques de maquillage. Cette aide afin de retrouver une image corporelle positive est importante lorsque l’on vit ce type de situation. A l'issue de chaque séance, individuelle ou collective, je constatais immédiatement le bénéfice : sourire, bien-être, détente, plaisir de se regarder dans un miroir, envie de poursuivre ! Ce bénévolat fut une véritable révélation ! C'est ma place. Je découvre ainsi la socio-esthétique. Une amie me parle du DU dispensé à la faculté de pharmacie de Nantes. Je m'y inscris illico, plus de temps à perdre. Ce diplôme correspond à une intime volonté d'exercer une « autre » esthétique auprès de personnes en souffrance. Une année d'apprentissage très intense, très riche. J'ai découvert l'importance de la formulation cosmétique, l'œil repère l'ingrédient indésirable dans la liste INCI. Les périodes de stage m'ont permis de voir quelle est la place de la socio-esthéticienne dans un service hospitalier. Par l'écoute et par le toucher pour un mieux-être, la socio-esthétique participe à un accompagnement corporel de la souffrance physique et psychique. Le toucher de la socio-esthéticienne n'est pas réduit à sa seule dimension technique, il est différent du toucher médical, c'est une prise en charge spécifique. C'est un toucher doux, délicat, bienveillant, il apporte une re-dynamisation physique et émotionnelle lors des soins, il provoque des sensations agréables déclenchant régulièrement des émotions qui favorisent le désir et le goût de s'occuper de soi. Il relève également d'une temporalité différente, associée à un regard et une écoute individualisée. La personne est accompagnée dans sa globalité.
Aujourd'hui, je poursuis le bénévolat au sein de l'association Belle et Bien au centre René Gauducheau (grâce aux cours de cosmétologie, je suis vigilante quant aux ingrédients retrouvés dans les produits cosmétiques), je prends en charge des patients à leur domicile (PROXILIGUE 44) et j'interviens en soins de suite à la Maison de Convalescence et Rééducation Roz Arvor.
Enfin, je suis heureuse de retrouver le service « l'Unité Espace » du Dr Bocher dans le cadre de l’opération de mécénat financée par la société Rivadis. »
Marie Orieux a décidément trouvé « sa place » ! Elle le dit et le répète à plusieurs reprises. Marie ajoute : « Il est important de rester authentique, transparente, spontanée, ouverte mais aussi savoir rester à sa place. J'écoute la personne qui s'exprime avec tout le soin, toute l'attention et toute la sensibilité dont je suis capable. Je suis heureuse quand, à la fin d'une prise en charge, j'entends : vous aimez ce que vous faites. »
Oui, Marie est vraiment à sa place lorsqu’elle pratique des soins esthétiques auprès de personnes en souffrance. La qualité d’écoute dont elle est capable est mise au service des personnes qu’elle rencontre dans le cadre de son activité professionnelle. La passion qui l’anime lorsqu’elle évoque son travail nous fait presque reculer devant le terme « travail ». Le mot « passion » convient mieux dans le cas présent.
Une envie de chanter nous prend en terminant ce Regard. C’est à Françoise Hardy que nous pensons en tapant ces dernières lignes. « Fais-moi une place/ Dans tes urgences/ Dans tes audaces/ Dans ta confiance/ Je s'rai jamais distante, distraite, cruelle/ Pour qu't'aies des ailes. ». La socio-esthétique vue au travers des yeux de Marie remet les choses en place, en bonne place !
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