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Marcel Proust... à la recherche du produit anti-repousse

> 14 janvier 2018

Marcel Proust... à la recherche du produit anti-repousse

Lorsque Colette décrit Marcel Proust, dans « Flore et Pomone » paru en 1944, cela donne cela :

« Je me rappelle un dîner au Ritz, commencé fort tard, prolongé en souper et en causerie. Marcel Proust était encore à cette époque, dans ses meilleurs jours, un homme presque jeune et charmant, tout empreint d’une prévenance excessive, d’une obligeance suppliante, peinte dans son regard. Mais vers quatre heures du matin j’avais devant moi une sorte de garçon d’honneur pris d’alcool, la cravate blanche désordonnée, le menton et les joues charbonnés de poil renaissant, un gros pinceau de cheveux noirs déployé en éventail entre les sourcils [...] ».

Ou encore ceci... Alors que Colette pose pour le peintre Jacques-Emile Blanche, son regard se fige sur le portrait de Marcel Proust réalisé par l’artiste.

« Seul le portrait de Marcel Proust diffère du reste de son œuvre, par un faire extraordinairement lisse, une affection de symétrie, l’exaltation d’une beauté qui fut réelle et dura peu. La maladie, le travail et le talent repétrirent ce visage sans pli, ces douces joues pâles et persanes, bouleversèrent les cheveux qui étaient non point soyeux et fins, mais gros, d’une vitalité à faire peur, drus comme la barbe noire et bleue, qui, à peine rasée, perçait la peau... Ceux qui ont passé des soirées avec Marcel Proust se souviennent qu’ils voyaient sa barbe noircir entre dix heures du soir et trois heures du matin, cependant que changeait, sous l’influence de la fatigue et de l’alcool, le caractère même de sa physionomie. »

Si Marcel Proust s’y connaît parfaitement en cosmétiques lorsqu’il s’agit de décrire le quotidien des personnages qui ponctuent son œuvre, il semble fort mal renseigné en ce qui concerne les produits de rasage efficaces et les coupe-choux de compétition...

Heureusement, le peintre Jacques-Emile Blanche possède un regard plus tendre que celui de Colette ; il nous laisse l’image que nous souhaitons garder de l’auteur d’« A la recherche »… celle d’un dandy rasé de prêt, aux cheveux parfaitement brillantinés !

Un immense merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour sa mise en scène du jour, réunissant Proust et Colette dans un Barber shop !

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