> 20 décembre 2019
L’hidrosadénite (ou hidradénite) suppurée est une maladie qui a été décrite, pour la première fois, en 1854, par le chirurgien français Aristide Verneuil. Elle est également appelée parfois acné inversée.1
Cette maladie folliculaire cutanée chronique, inflammatoire, récurrente, incapacitante, se manifeste généralement après la puberté et se traduit par des lésions douloureuses, profondes, siégeant dans les régions cutanées riches en glandes apocrines, à savoir les régions axillaire, inguinale et anogénitale. Cette maladie est considérée comme rare dans la mesure où elle ne touche, en moyenne, pas plus de 1 % de la population. On peut, toutefois, relever des valeurs plus importantes, 4 %, par exemple, sur un échantillon de jeunes Danoises, en fonction des études. Ceci s’explique par le fait que la prévalence est plus importante dans les populations jeunes et féminines (sex ratio : 1/3,3). La consommation de tabac et le surpoids sont considérés comme des facteurs de risque.2
Cette maladie, assez mal connue des médecins et chirurgiens, est longue à diagnostiquer, ce qui engendre un mal-être profond des patients qui en souffrent.3
Etant donné que cette pathologie correspond à une inflammation des glandes sudoripares, il convient de déconseiller fortement l’usage d’anti-transpirants aux patients.
Dans ces conditions, il est étonnant de trouver certains conseils sur des sites d’organismes qui se veulent sérieux et informatifs : « utiliser une pierre d’Alun naturel comme déodorant plutôt qu'un produit synthétique »,4 « La pierre d’ ALUN : le plus naturel des déodorants ! Le cristal de roche dépose sur l’épiderme des microparticules : Antiseptiques, qui empêchent le développement des bactéries, source des mauvaises odeurs. Astringentes, qui limitent naturellement la sudation sans la bloquer. Agissant en surface et non en profondeur. »5
Précisons que la pierre d’alun est un anti-transpirant. Il s’agit d’un sel double d’aluminium et de potassium. Ce type de produit obstrue aussi bien les glandes eccrines que les glandes apocrines.6
Concernant ce type de produit, rappelons qu’il se place en dernière position des anti-transpirants employés par le consommateur. Roudot et al placent en tête de liste les aérosols, les roll-on, les sticks… La pierre d’alun vient en dernière position, les femmes en utilisant plus que les hommes.7 On remarquera que, dans cette étude, on évoque pêle-mêle des types de conditionnement (aérosol, roll-on), des formes galéniques (stick) et des matières premières (pierre d’alun). Ne connaissant pas la composition des produits utilisés, mise à part la pierre d’alun, il est possible que les consommateurs utilisent de la pierre d’alun cachée dans l’une des formes citées (aérosol, roll-on ou stick). C’est sous le nom INCI « potassium alum » que l’on cherchera à la démasquer.
Des chercheurs pakistanais ont pu montrer que la pierre d’alun, appréciée par les barbiers en tant qu’astringent et antiseptique, n’était pas le cosmétique de choix, dans la mesure où il permet de véhiculer un certain nombre de germes d’un client à un autre. Il a ainsi pu être démontré que le virus de l’hépatite C pouvait être retrouvé dans les pierres d’alun utilisées par eux.8
Dans le souci du confort du patient atteint de la maladie de Verneuil, il conviendra de conseiller l’usage d’un déodorant et non d’un anti-transpirant. On pourra recommander, par exemple, le déodorant très doux à l’althéa blanc Klorane,9 les déodorants Créaline,10 ou encore le déodorant bio Naïa.11
Pour notre part, nous souhaiterions que l’industrie soit plus claire en matière d’étiquetage et arrête de créer la confusion entre déodorant et anti-transpirant… et ceci au bénéfice des consommateurs qui sont parfois des patients…12,13
Bibliographie
1 J. Loget, C. Saint-Martin, P. Guillem, L. Kanagaratnam, sous l’égide de « ResoVerneil », Errance médicale des patients atteints d’hidradénite suppurée : un problème majeur et persistant. Étude « R-ENS Verneuil », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, 145, 5, 2018, Pages 331-338
2 Besma Ben Dhaou, Fatma Boussema, Zohra Aydi, Lilia Baili, Lilia Rokbani, Hidradenitis suppurativa (Verneuil’s disease),Journal of the Saudi Society of Dermatology & Dermatologic Surgery, 17, 1, 2013, Pages 1-5
3 J. Loget, C. Saint-Martin, P. Guillem, L. Kanagaratnam, sous l’égide de « ResoVerneil », Errance médicale des patients atteints d’hidradénite suppurée : un problème majeur et persistant. Étude « R-ENS Verneuil », Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, 145, 5, 2018, Pages 331-338
4 http://www.celtipharm.com/Pages/Conseil-comptoir/2018/06/MALADIE-DE-VERNEUIL.aspx
5 http://www.afrh.fr/la_maladie_de_verneuil_ou_h/trucs_et_astuces.html
6 Kris G. McGrath, Apocrine sweat gland obstruction by antiperspirants allowing transdermal absorption of cutaneous generated hormones and pheromones as a link to the observed incidence rates of breast and prostate cancer in the 20th century, Medical Hypotheses, 72, 6, 2009, Pages 665-674
7 A. S. Ficheux, N. Wesolek, G. Chevillotte, A. C. Roudot, Consumption of cosmetic products by the French population. First part: Frequency data, Food and Chemical Toxicology, 78, 2015, Pages 159-169
8 Waheed Y, Safi SZ, Role of Potash Alum in hepatitis C virus transmission at barber's shop, Qadri I, Virol J., 2011, 9, 8, 211
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