Nos regards
Lorsque Colette nous entraîne dans un cabaret...

> 20 mai 2018

Lorsque Colette nous entraîne dans un cabaret... Dans « Nudité » (1943), Colette se balade dans ses souvenirs et dans ces cabarets où des femmes se produisent nues. On y côtoie de belles inconnues ou des femmes déjà célèbres.

En 1913, alors qu’elle est « tout encombrée d’une grossesse », Colette va rendre visite à Musidora, celle que l’on considère comme la première vamp française et qui se produit aussi bien dans des films de cinéma, que dans des cabarets. Musidora ne possède que deux teintes sur sa palette de maquillage... « Sa charmante beauté blanche et noire pour le cinéma, n’avait pas moins de succès au music-hall. »

Chaque cabaret se reconnaît alors à son odeur. Celle que Colette préfère c’est l’odeur humaine, c’est-à-dire l’odeur qui résulte du mélange subtil de sueur, de parfum, de cosmétiques divers et variés. « Le souffle accouru de l’immense cheminée n’était chargé que d’une odeur de colle et de toile ignifugée. Ni parfum de harem, ni touffeur de salle sportive, ni bonne odeur axillaire un peu sauvage, comme celle que répand un bataillon de danseuses après la danse. » Les femmes dans ce type de cabaret se figent en statue et cela n’est pas du goût de Colette.

A la fin de la soirée, le maquillage a tendance à virer. C’est l’heure du tableau final qui met un point à la ligne d’une soirée pyrotechnique où les filles nues s’offrent aux regards des clients (ou consommateurs ?) qui apprécient les demoiselles en question, à la manière de « pièces d’artifice », plus colorées les unes que les autres.

Au moment de quitter la scène, « le maquillage académique tourne au gris, fonce par plaques comme transparaît la terre sous la neige fondante. Une bande jaunit légèrement, une mulâtresse rehaussée de turquoises devient mauve ; les monochromies ont résisté trois heures et demie, n’exigeons pas davantage. »

Durant une grande partie de la vie de Colette, maquillage de ville et maquillage de scène ne font pas dans la subtilité. La « Nudité » chantée par l’écrivain n’est certainement pas la nudité du teint (https://www.regard-sur-les-cosmetiques.fr/nos-regards/du-maquillage-de-carnaval-au-fond-de-teint-nude-une-petite-histoire-des-produits-pour-le-teint-411/).

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, qui nous offre, aujourd’hui, Colette et Musidora en rouge, blanc et noir !

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