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Les vacances du Petit Nicolas, des vacances qui ont l’odeur de l’huile solaire

> 21 mars 2021

Les vacances du Petit Nicolas, des vacances qui ont l’odeur de l’huile solaire

Lorsqu'en 1962, René Goscinny,1 aidé de la pointe guillerette du crayon du dessinateur Sempé, fait paraître le recueil Les vacances du Petit Nicolas, la mode du bronzage bat son plein. Chez le Petit Nicolas, c’est maman qui décide chaque année où l’on va passer les vacances. Papa rechigne bien un peu... mais c’est pour la forme. C’est sûrement Maman aussi qui cale, au milieu des bagages, les précieux flacons d’huile solaire qui permettront, en théorie, de bronzer en toute sécurité.

A l’hôtel Beau-Rivage, à Bains-les-Mers, tout va pour le mieux, jusqu’à ce que le temps ne se gâte.

Nicolas s’est fait de nombreux copains dans l’hôtel. Tous les matins, c’est rendez-vous sur le sable. Papa rêve de soleil, de bronzage, de repos. Programme difficile à tenir, lorsque Nicolas et sa bande (Blaise, Fructueux, Mamert, Irénée, Fabrice, Côme) rôdent dans le coin. « Va jouer gentiment avec tes petits camarades m’a dit papa ce matin, moi je vais me reposer et prendre un bain de soleil », un bain de soleil protégé, puisque Papa se vide quasiment le flacon d’huile solaire sur le corps. Après la baignade, il faut s’huiler à nouveau... et lorsque le flacon est vide, filer au bazar en acheter un autre. De chouettes vacances, quoi !

Les jours de pluie, évidemment, l’ambiance est plus morose. On se heurte aux uns et aux autres ; les enfants sont agités, les claques volent, les portes claquent. Papa, qui a attrapé des coups de soleil (l’huile solaire, c’est pas encore le top en matière de photoprotection), n’est pas à prendre avec des pincettes, surtout après avoir croisé M. Lanternau, un joyeux drille qui donne des claques magistrales sur les épaules de tout le monde. Ouille, ça fait mal ! Les filles font des chichis ; les parents obligent les enfants à jouer ensemble. Il faut donc supporter Isabelle, Micheline et Gisèle, des mijaurées qui « se mettent du rouge sur les ongles », avec des crayons. Les pôvres n’ont même pas l’intelligence d’utiliser le vernis à ongles de leurs Mamans...C’est vous dire le QI !

Et puis, une autre année, c’est la joie des colonies de vacances. Une toilette de chat, pas de produit solaire. Les enfants reviennent noirs de crasse et « bien brûlés par le soleil ».

De retour à la maison, il est toujours temps de transformer les pauvres souvenirs de colonie en un récit épique dans lequel Nicolas joue les héros, devant les yeux peu émerveillés de sa petite voisine Marie-Edwige. Des cheveux blonds, des yeux bleus, une peau « toute foncée »... elle est décidément bien jolie cette petite fille. C’est dommage qu’elle n’en ait que pour Jeannot, un « gars terrible pour les galipettes » !

Chez le Petit Nicolas, il y a quelques frottements entre adultes (et papa n’est jamais le plus fort) ; il faudrait huiler tout cela pour que ça glisse, huiler les rapports humains, huiler les corps étalés sur la plage.

Bibliographie

1 Sempé et Goscinny, Les vacances du Petit Nicolas, Folio junior, IMAV éditions, 2012, 151 pages

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