> 13 novembre 2021
C’est en 1943, que le psychologue américain Abraham Maslow expose, pour la première fois, sa théorie, A Theory of Human Motivation. Selon lui, les besoins humains – sachant que, selon le dictionnaire Larousse, un besoin se définit comme une « exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique » - peuvent être hiérarchisés et une représentation de forme pyramidale peut être proposée.1
A la base de la pyramide (niveau 1), on va classer les besoins essentiels de l’homme que l’on va qualifier de vitaux : respirer (l’oxygénation assurée doit être suffisante), boire (pour maintenir l’équilibre hydrominéral), manger (pour maintenir l’équilibre alimentaire), éliminer les déchets du métabolisme (uriner, déféquer, suer), dormir, se vêtir (maintenir sa température centrale). On va ajouter « se laver », ce qui permet de démontrer l’implication des cosmétiques (d’hygiène seulement, bien sûr) dans ces besoins fondamentaux. Se laver, prendre des « douches brûlantes » (ça on déconseillera !), qui forment une buée épaisse dans la salle de bains. « Je donnerais tout, tout et plus encore, pour une douche fumante. » dit Marina, une jeune étudiante, à la « beauté pathétique »,2 d’une voix douce, alors qu’elle se trouve isolée, en pleine guerre, dans un froid glacial, avec pour seul interlocuteur un Professeur d’Université qui veut toujours avoir le dernier mot et pour seul combustible une pile d’ouvrages qui crépiteraient certainement joyeusement dans l’âtre d’une cheminée.
Le niveau 2 correspond au besoin de sécurité, tant sur un plan physique (se loger, vivre dans un état en paix) que psychologique (besoin de sérénité).
Le niveau 3 fait référence au besoin d'appartenance (à un groupe social) : toute personne a besoin d’être objet d’amour et d’affection. Il s’agit pour elle de se sentir acceptée dans un ou des groupe(s) dans le(s)quel(s) elle vit, comme le cercle familial, amical, associatif… Tous les cosmétiques peuvent être concernés, bien évidemment, par ce niveau. Afin de ne pas virer à la « matrone replète », afin que les siens ne détournent pas le regard à la vue de son corps hypertrophié, Marina aura, sans doute, besoin un jour d’une bonne crème amincissante. Avant d’en arriver là et pour séduire Daniel, Marina a sûrement sorti le grand jeu avec mascara volumateur, fond de teint illuminateur et rouge à lèvres Rouge Baiser. Les crèmes anti-rides, les sérums anti-cernes effet glaçon, ce sera pour plus tard, lorsque la paix sera revenue et que le froid, à effet tonifiant, revigorant, pourra, à nouveau, être considéré comme un luxe à bénéfices esthétiques.
Les niveaux 4 et 5, qui correspondent respectivement au besoin d'estime de la part des autres (reconnaissance, bonne réputation) et de la part de soi-même (sentiment d'être utile, valorisé, d’avoir atteint ses buts) et au besoin de s’accomplir (épanouissement personnel), nécessitent, comme on s’en doute, le recours aux cosmétiques. Il n’est, en effet, pas très prudent de compter sur ses seules facultés intellectuelles en matière d’estime et d’accomplissement.
Comme ces besoins sont hiérarchisés, un besoin de niveau supérieur ne peut, en principe, être comblé tant que celui du niveau inférieur ne l’est pas. Pour Olivier Smallwood, « l’image de soi est un élément décisif du bien être psychologique et à ce titre, semble faire partie de la notion de santé telle qu’elle est définie par l’OMS », à savoir « un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d'infirmité ». En s’inscrivant quasiment à chaque étage de la pyramide de Maslow, on comprend que les cosmétiques constituent des biens de première nécessité.
Et les livres, dans tout cela ? Des combustibles, pour se réchauffer lorsqu’il fait froid et que l’on n’a plus rien sous la main à jeter dans le foyer ?
Et entre les cosmétiques et les livres, quel est le plus important ? Notre réponse est simple, les cosmétiques dans la littérature !
2 Nothomb A., Les Combustibles, Albin Michel, 2016, 88 pages
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