> 09 septembre 2024
Une publication intéressante est parue en mars 2023 sur le sujet des filtres UV présentés comme une « espèce en voie de disparition », une « espèce menacée » par toutes sortes de peurs diverses et variées.1 Cette publication émanant de chercheurs de Procter & Gamble a le mérite de mettre le doigt là où ça fait mal, c’est-à-dire de poser le doigt sur un coup de soleil tout chaud et tout cuisant. Quand on s’expose sans crème solaire… on s’expose à développer un coup de soleil qui, à répétition, fera le lit d’un cancer cutané. Il y a donc un danger à s’exposer au Soleil. Il y a donc une utilité à s’en protéger à l’aide de crèmes solaires formulées avec des filtres UV.
On sait ce que l’on doit aux filtres UV, même si l’on a du mal à mettre des chiffres sur le nombre de cancers évités grâce à cette catégorie de produits.
On ne sait pas comment on va faire si la liste des filtres UV disponibles se réduit comme une peau de chagrin. Ce sera sûrement notre peau qui en sera le plus chagriné !
Selon les réglementations en vigueur dans le monde, les filtres UV autorisés sont plus ou moins nombreux. En Europe, on compte 30 filtres UV, listés en Annexe VI du Règlement (CE) N°1223/2009. Une liste qui est à la fois longue (30 actifs ce n’est pas si mal) et courte (si l’on souhaite ne pas utiliser les filtres présentés comme étant jugés les plus préoccupants). Alors, évidemment, dès qu’un filtre commence à être sur la sellette, tout le monde frémit, car il parait difficile de formuler un produit solaire hautement efficace sans matière première à disposition.
200 candidats au bas mot, voici le nombre évoqué par Paul Matts et Jack Nash en ce qui concerne les nouvelles molécules photoprotectrices, susceptibles d’entrer dans la composition des futures crèmes solaires.
Toutefois, avant de pouvoir les considérer comme des filtres UV, ces molécules vont devoir se couler dans le moule européen après expertise par des toxicologues avertis. Pour entrer dans l’Annexe VI du Règlement, il faut montrer patte blanche et savoir résister aux « vents contraires » !
Cette publication fait écho à ce que nous pensons au sujet des filtres UV, que nous considérons comme des actifs indispensables, mais à manier pourtant avec précaution. Contrairement aux auteurs de cette publication, nous considérons que les produits à hauts indices sont les meilleurs et les plus susceptibles d’être recommandés.
Afin d’atteindre ces hauts indices, il est indispensable d’associer plusieurs filtres entre eux. Certains, les plus anciens, sont d’accès libre. Il suffit de les commander aux fournisseurs d’ingrédients pour mettre au point le produit voulu. D’autres, et c’est là où le bas blesse, sont brevetés et ne peuvent être employés que par les laboratoires qui les ont conçus.
Historiquement, et à ce sujet on a l’habitude, les filtres brevetés sont sans défauts. De vraies perles ! La littérature scientifique est muette à leur sujet. Rien à voir avec les filtres communs à différentes marques (les cinnamates, salicylates…) auxquels on attribue toutes sortes d’effets délétères !
A force de taper dans le tas, à force de rabioter (ou de raboter) les doses d’emploi (quand on passe sous la barre des 1 % le filtre UV devient un additif et non un actif), à force de breveter des filtres UV nouveaux, on risque fort de tuer la poule aux œufs d’or.
Et bien, là on sera bien obligé de faire attention à nos heures d’exposition, on ressortira les ombrelles, les vêtements couvrants. On se mettra à l’ombre !
Oui, très clairement. Reste à mettre au point un programme pour assurer leur survie. Pour ce faire, au lieu de continuer à en déverser dans tous les produits cosmétiques du quotidien, on pourrait commencer par lever le pied ! Et puis, on pourrait aussi faire un peu de ménage parmi toutes les références présentes sur le marché.
Les filtres UV, c’est comme les antibiotiques, faut pas que ça devienne automatique !
1 Matts PJ, Nash JF. Sunscreens - another endangered species? Int J Cosmet Sci. 2023 Oct;45 Suppl 1:20-32
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