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Leçon de maquillage très spéciale par un dessinateur très spécial

> 25 mars 2020

Leçon de maquillage très spéciale par un dessinateur très spécial

Albert Uderzo est mort, hier, le mardi 24 mars 2020. Ce dessinateur d’origine italienne, véritable « force de la nature », qui paraissait « invincible et inébranlable » à la manière de son personnage préféré Obélix,1 a rendu les armes en pleine crise du coronavirus. Sa mort est sans rapport avec ce dernier, précise la famille.

Dans l’album intitulé Astérix chez les Helvetes, Uderzo se glisse dans le palais de Gracchus Garovirus, « puissant gouverneur romain de Condate ». Il y règne une ambiance toute particulière... Des orgies superbement décadentes y sont organisées ; le vin coule à flots. « Les tripes de sanglier frites dans la graisse d’urus » sont servies dans une vaisselle délicieusement sale, comme il se doit. Les femmes utilisent des produits de maquillage aux teintes extraordinaires. Fonds de teint verts, violets... constituent, pour les belles (vraiment ?) Romaines, les cosmétiques de base pour un teint nauséabond réussi. C’est parfait. Le maquillage n’est pas fait pour rehausser le teint, pour le rendre éclatant de santé... il a pour but de le rendre le plus abject possible. « Tu n‘as pas ton vert à lèvres ? Je voudrais me refaire une laideur. » Tout est dit !

Gracchus Garovirus est aussi sale à l’extérieur (sa tunique est constellée de taches) qu’à l’intérieur. Lorsque le questeur Claudius Malosinus arrive au palais afin de vérifier les comptes, il n’hésite pas à verser divers poisons dans le bouillon de légumes préparé à son intention. Le résultat est immédiat. Malosinus se tord dans son lit, secoué de terribles spasmes.

Heureusement, le druide Panoramix dispose, dans son livre de recettes, d’un antidote infaillible. Celui-ci est à base d’étoile d’argent (ou edelweiss), une fleur qui ne pousse « que sur les plus hautes montagnes »...

Charge à Astérix et Obélix de se mettre en quête de cet ingrédient indispensable.

Chez les Helvètes, le savon coule à flots. Les aubergistes veillent à ce que les chambres soient toujours d’une extrême propreté (« Une délégation barbare a refusé de garder sa chambre, elle lui avait paru trop propre. ») ; le contenu des coffres-forts (« Ce que vous mettez dans le coffre ne me concerne pas. ») est bien gardé, tout au moins jusqu’à ce que nos deux héros gaulois pénètrent dans la banque ; les montagnards ont des intonations qui ne sont pas sans rappeler celles du célèbre barde Assurancetourix !

L’album s’achève sur le traditionnel banquet qui clôt chaque aventure. Un banquet original, puisqu’un romain, Claudius Malosinus, s’est glissé dans les rangs des festoyeurs.

Bibliographie

1 https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2020/03/24/albert-uderzo-l-un-des-peres-d-asterix-est-mort_6034210_3382.html

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