Nos regards
Le savon de Marseille, hier

> 05 mars 2017

Le savon de Marseille, hier Jules Vallès évoque dans son roman « L’enfant » paru en 1881 les rituels de toilette alors en vigueur. Dans les maisons, les appartements, point de baignoire ni de douche... une grande bassine, un savon de Marseille font l’affaire. « Je me vois encore dans le miroir de l’armoire, pudique dans mon impudeur, courant sur le carreau qu’on lavait du même coup, nu comme un amour, cul-de-lampe léger, ange du décrotté. »

« Le bain ! - Ma mère en avait fait un supplice. Heureusement elle ne m’emmenait avec elle, pour me récurer à fond, que tous les trois mois. Elle me frottait à outrance, me faisait avaler, par tous les pores, de la soude et du suif, que pleurait un savon de Marseille à deux sous le morceau, qui empestait comme une fabrique de chandelles. Elle m’en fourrait partout, les yeux m’en piquaient pendant une semaine, et ma bouche en bavait... J’ai bien détesté la propreté, grâce à ce savon de Marseille. »

Jules Vallès, dans cet extrait, se rend bien compte des inconvénients liés à l'usage du savon, à savoir son pH alcalin.

Comme tous les savons, le savon de Marseille est un sel d’acide gras obtenu par réaction d'une base forte (de la soude pour un savon solide, de la potasse pour un savon liquide) sur un corps gras (suif ou huile végétale) (voir le Regard « Le savon, quèsaco ? »).
On pourrait penser que la caractéristique du savon de Marseille est d’être produit à Marseille : il n’en est rien (décidément, les cosmétiques sont des farceurs !) et il peut être produit un peu partout (et c’est tant mieux pour Nantes !). Ce qui caractérise le savon de Marseille, c’est son mode de fabrication.

C’est au XVIIe siècle, précisément en 1688, que Louis XIV, par l’édit de Colbert, définit le savon de Marseille en édictant des règles précises pour sa fabrication qui se fait par cuisson dans de grandes chaudières.

Si l’on connaît bien les relations que Nantes entretient depuis toujours avec l’industrie agro-alimentaire, on connaît moins son passé savonnier et pourtant… Notre ville a compté plusieurs savonneries de grande capacité de production telles que la Savonnerie Biette qui était située boulevard Gustave Roch ou la Savonnerie Serpette ou encore la Savonnerie Bernard. Cette dernière, située à Rezé, reste la seule en activité sous le nom de Savonnerie de l’Atlantique, seule savonnerie de capacité industrielle en France.

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