> 27 août 2022
Voyager en Italie avec John et Laura n’a rien de très agréable.1 Le jeune couple, qui vient de perdre un enfant, ne cesse de se heurter à deux vieilles femmes... A Torcello comme à Venise, deux vieilles femmes inquiétantes - des jumelles - les poursuivent sans cesse. L’une d’elles se dit voyante... et voit, effectivement, la petite Christine (l’enfant disparue) assise entre ses parents. Rappelée en Angleterre auprès de son fils - celui-ci va être opéré de l’appendicite - Laura quitte Venise en toute hâte, laissant John suivre en voiture. Et voilà que l’inattendu se produit. Laura, à peine dans l’avion, se dédouble et se retrouve dans un vaporetto. Suspense garanti !
Au restaurant, Laura observe les deux curieuses femmes qui se trouvent à une table voisine à l’aide de son... poudrier. « Laura prit son poudrier dans son sac et le miroir tenu à hauteur de ses yeux fit office de rétroviseur. » Et tant qu’elle y est, Laura se poudre « le nez » !
Laura est partie en toute hâte. Quand John pénètre dans la chambre des traces de son passage sont encore bien visibles. « Sur le lit, il y avait les valises de Laura et son imperméable... des traces de poudre sur la coiffeuse... dans la corbeille, un mouchoir de papier maculé de rouge à lèvres... sur le lavabo, un tube de dentifrice abandonné après avoir été pressé au maximum. »
Alors que Laura est partie en avion... voilà qu’elle réapparaît dans un vaporetto ! Impossible pour John de quitter Venise dans ces conditions. Il ne lui reste plus qu’à louer une chambre, à se mettre la tête sous l’eau pour se rafraichir les idées et à battre le pavé pour retrouver au plus vite Laura. « Quand il se retrouva seul », John « se fourra la tête sous le robinet du lavabo, heureux de trouver là le minuscule savon mis à la disposition des clients. »
Une nouvelle surréaliste ; une jeune femme qui, bien que partie en avion pour l’Angleterre, est aperçue dans un vaporetto, entre des jumelles maléfiques... Une histoire à tomber fou ! Une histoire qui place le poudrier et la poudre de riz, au centre de la vie cosmétique d’une femme vivant au tout début des années 1970. Un peu de poudre aux yeux jetée au visage du lecteur. Ça pique un peu !
Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour l'illustration du jour !
1 du Maurier D., Ne regarde pas tout de suite in Pas après minuit, Albin Michel, Paris, 372 pages, 2015
Retour aux regards