Nos regards
Le Noël de Maigret, insolite, forcément !

> 25 décembre 2020

Le Noël de Maigret, insolite, forcément !

Le 25 décembre, boulevard Richard Lenoir, est une journée en général paisible, un peu triste aussi, puisqu’il n’y a pas d’enfants à choyer.1 Madame se lève de bonne heure (avant huit heures) et se déplace à chaton dans l’appartement désert, afin de ne pas éveiller le commissaire. Elle prépare le plateau du petit-déjeuner, se glisse dehors dans la ville à peine saupoudrée de quelques flocons de neige pour chercher des croissants, et fait traditionnellement grise mine en constatant que son époux est levé. « Fraîche, coiffée, parée d’un tablier clair »... Mme Maigret n’arrive pas à s’y faire. Maigret n’est pas du genre à traîner au lit !

Il est, par contre, du genre à enquêter sur un père Noël, qui s’est glissé dans la chambre de la petite voisine d’en face, Colette, pour lui offrir une jolie poupée et par la même occasion pour soulever des lames de parquet à la recherche d’un objet mystérieux.

Il est aussi du genre à « se donner un coup de peigne », à « se brosser les dents et à se passer un peu d’eau sur le visage », en toute hâte, pour recueillir le témoignage de Mme Martin, la belle-mère de la fillette et de Melle Doncoeur, une voisine visiblement amoureuse de lui.

Il est du style à s’arrêter juste au moment où il s’apprête à se raser pour appeler Lucas et Torrence, de garde au quai des Orfèvres. « C’est au beau milieu de sa toilette, au moment où il allait mouiller son blaireau, qu’il avait décidé de téléphoner. »

Il est aussi du style à se préoccuper de trouver un cadeau de Noël à glisser entre les mains de Paul Martin, un ivrogne qui a laissé la garde de sa fille à son frère et à sa belle-sœur, depuis la mort de sa femme, début de sa descente aux enfers. Ce sera un joli dé à coudre, donné par Madame Maigret.

Il est de l’espèce d’hommes capables de proposer son rasoir et tous les éléments de toilette qui vont avec, pour permettre à un père (pas vraiment frais !) d’aller souhaiter un joyeux Noël à sa fille. « Vous voulez vous raser, Monsieur Martin ? » Et puis, allez un petit coup de brosse aussi sur les vêtements.

Chez les Maigret, la journée du 25 décembre est généralement paisible... sauf quand le père Noël a la curieuse idée d’aller ragaler sous les lames de plancher. Ces Noël-là, Maigret est en forme. Il y a du mystère dans l’air. Il y a des témoins à faire venir. C’est le quai des Orfèvres qui se déplace à domicile. Et puis, pour Madame Maigret il y a un joli cadeau, une petite fille qui va venir passer quelque temps chez elle, pas toujours, mais quelque temps !

Merci et "Joyeux Noël", à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, pour son illustration du jour !

Bibliographie

1 Simenon G. Le Noël de Maigret, Tout Simenon 5, 861 pages

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