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Le muguet, porte-bonheur et source de parfum

> 01 mai 2017

Le muguet, porte-bonheur et source de parfum Le muguet ou lis des vallées (Convallaria majalis) est un porte-bonheur qui peut s’avérer dangereux. Si on peut le humer sans souci, on ne peut, en revanche, l’ingérer sans risquer des effets indésirables de types digestifs et cardio-vasculaires. C’est l’expérience faite, le 1er mai 2010 par une femme de 87 ans atteinte de démence sénile. Prise en charge à l’hôpital de Caen, l’intoxication ne lui fut, heureusement, pas fatale. Les cas d’intoxication sont rares car la période de floraison est courte. Toutes les parties de la plante sont toxiques ; on y trouve des substances irritantes, des saponines, responsables de troubles digestifs et une vingtaine de glucosides dont la convallatoxine, responsables de troubles cardiaques. La consommation de 5 baies ou de deux feuilles et tiges entraine un empoisonnement sévère potentiellement fatal (Alexandre J, Foucault A, Coutance G, Scanu P, Milliez P. Digitalis intoxication induced by an acute accidental poisoning by lily of the valley. Circulation. 2012, 28, 125 (8) : 1053-5).

Son parfum est à mi-chemin entre celui du poireau et celui du jasmin sauvage (Philadelphus coronarius L.). Traveller, en 1937, dans un ouvrage intitulé « Pour le parfumeur amateur ou professionnel », propose une composition de muguet synthétique contenant du terpinéol, du linalol, de la ionone, de l’acétate de benzyle, des huiles essentielles de bergamote, de jasmin et d’ylang ylang.

Par ailleurs, le bourgeonal ou 4-tert-butyldihydrocinnamaldéhyde est une molécule de synthèse qui recrée l’odeur du muguet.

Le muguet est une fleur discrète qui fête les 13 ans de mariage. Il est de bon ton d’offrir en cette circonstance un bouquet dans lequel au moins un brin présentera les 13 clochettes annonciatrices de félicité.

En 1952, Caron lance « Le muguet du bonheur », « le parfum de la fiancée », comme nous l’indique une publicité de cette époque, un parfum éminemment féminin, alliant dans un bouquet unique la rose (qui selon sa teinte évoque différentes formes d’amour), la bergamote et la violette, modeste et sensible (https://www.parfumscaron.com/muguet-du-bonheur.html).

En 1955, Bourjois (avec un J comme Joie !) emboîte le pas à la célèbre maison et met sur le marché un parfum intitulé très sobrement « 1er muguet ». Pour certains exemplaires de conditionnement, un bouchon en bakélite blanche, reproduisant la corolle de la fleur mise à l’honneur, permet d’obturer le flacon (https://collectionsautourduparfum.jimdo.com/bourjois/).

Le muguet est également la fleur fétiche de Christian Dior qui l’utilise aussi bien en couture (on se souviendra du défilé printemps-été 2016 et d’une certaine veste blanche ornée de brins de muguet dont les clochettes constituées à partir de perles avaient nécessité plus de 300 heures de travail) (http://www.dior.com), qu’en parfumerie (eau de parfum Diorissimo et sa note de cœur muguet).

Parmi les grands noms, on ne peut pas ne pas évoquer notre Coco nationale. Lorsque Gabrielle Chanel commande le N°19 à Henri Robert, celui-ci a de quoi se faire du mauvais sang. Le succès du parfum N°5 est difficile à égaler. Le challenge est, cependant, réussi, grâce à un chiffre fétiche (le 19 août est le jour anniversaire de Coco) et grâce à un porte-bonheur végétal qui apporte sa note florale ou tout simplement grâce à un parfumeur de génie qui sait faire danser les fragrances aux sons de son orgue à parfums (http://www.chanel.com).

The One de Dolce & Gabbana offre son cœur au muguet. Ce parfum « floriental » associe des notes de tête fruitées (litchi, pêche, mandarine) à des notes de fond plus lourdes (mousses, ambre, musc).

Annick Goutal, quant à elle, réalise dans sa gamme Soliflore, une association de benjoin, de muguet, de fruits rouges et de rose.

Comme on peut le constater le muguet est une fleur qui possède plus d’une corde à son arc. Facile à vivre, elle aime à s’associer à un grand nombre de fragrances. En fleur, en jus... le muguet se met en quatre pour réveiller notre joie de vivre, l’hiver terminé.

Un dernier mot : ce joli porte-bonheur est produit majoritairement dans la région nantaise (Saint-Julien-de-Concelles, La Chapelle-Basse-Mer, Carquefou, Saint-Philbert-de-Grand-Lieu...). Environ 60 millions de brins seront récoltés sur une semaine grâce à l’efficacité d’un grand nombre de saisonniers (http://www.nantes.fr/home/actualites/ville-de-nantes/developpement-durable/2015/production-de-muguet.html). Les brins de muguet entameront ensuite un voyage plus ou moins long afin de venir fleurir les intérieurs français.

Bon premier mai, à toutes et à tous !

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