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Le mascara, entre savon et émulsion son cœur balance

> 14 février 2017

Le mascara, entre savon et émulsion son cœur balance

Le mascara moderne est le lointain descendant du khôl des Egyptiens. Sous sa forme industrielle, il naît à la fin du XIXe siècle. En effet, en 1880, Eugène Rimmel met au point un mélange de vaseline et de pigments, qui a pour finalité de colorer les cils et d’intensifier le regard. Le produit plaît tellement que le nom de Rimmel perd sa majuscule et devient un nom commun.

En 1914, c’est au tour de Maybel Williams de rentrer dans la danse. Tout commence par un accident domestique tout bête. Mabel, une jeune habitante de Chicago se roussit cils et sourcils au feu de sa cuisinière. Pour pallier aux conséquences inesthétiques de cet accident domestique, Mabel bricole un mascara-maison à l’aide de charbon et de vaseline et se recrée ainsi une ombre de sourcils et de cils. Son frère Thomas, admiratif, voit là tout le potentiel de cette découverte et lance, sur le marché, trois ans plus tard, le premier cake. Ces fards compacts qui se présentent dans des petites boîtes sont formulés en mélangeant du savon (savon de coco, savon de palme...) avec du charbon. Celui-ci est appelé noir de fumée ou noir d’ivoire. « Le Noir d’ivoire provient le plus souvent de la calcination des os, c’est donc le Noir animal du commerce, mais le Noir d’ivoire de choix ou Noir de Cassel, ou Noir de Cologne est obtenu par calcination des résidus des défenses d’éléphant. » On peut également utiliser du Noir pour encre de Chine qui « résulte de la calcination lente de l’huile de colza, ou de l’huile de sésame ou de l’huile de Dryandra cordata pétrie avec du vernis et de l’axonge. » Pour appliquer ce mascara, il faut humecter le savon dur avec un peu de salive afin d’en faire une émulsion facile à appliquer.1

Dans les années 1960, le mascara redevient pâteux. Il se glisse dans un étui comportant une brossette, qui permet une application aisée. C’est le mascara-matic d’Helena Rubinstein et le Magic-mascara de Maybelline.

Mais le cake à humecter soi-même n’est pas mort. Il a toujours ses adeptes. Dans les années 1980, Rose Codina milite pour le cake, contre le mascara automatique. « Le vrai rimmel pique toujours autant. » nous confie-t-elle. Ce n’est pas étonnant, c’est du savon !!! Elle le préfère aux mascaras automatiques dont le prix est prohibitif et la conservation hasardeuse (« Il durcit dans le tube après quelques temps »)²

Dans les années 1990 - 2000, les formules se raffinent. Il s’agit désormais d’émulsions cireuses, comportant de la cire d’abeille, de carnauba et de la paraffine en fortes proportions.

Aujourd'hui, ce sont surtout les brossettes qui se perfectionnent et allongent les cils à merveille.

Bibliographie

1 Cerbelaud R. Formulaire de parfumerie, 1933

2 Rose Codina - Les méthodes révolutionnaires de l’esthéticienne - La beauté au naturel - 1982

 

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