Le maquillage permanent, pour faire durer les ennuis !
Un rouge à lèvres permanent très joli, tatoué sur les lèvres d’Angelina, afin de leur donner une couleur pétillante et un aspect de volume. Un trait d’eye-liner, au ras des paupières d’Elisabeth Taylor1… Des stars ont recours au maquillage permanent, des anonymes aussi ! Le maquillage permanent est à la mode, nous disent les auteurs des publications scientifiques, qui s’intéressent au sujet. Tout comme le tatouage en général, le tatouage « cosmétique » séduit de plus en plus de gens, qui ont une totale confiance dans cette technique. Une technique avec des avantages et des inconvénients que nous allons résumer en un regard !
Une technique populaire
Le terme de technique « populaire » ou qui gagne en « popularité »2 est souvent employé pour montrer la popularité de ce type de maquillage. Pourtant, si l’on dit que ce type de maquillage est « populaire », l’on n’évoque, toutefois, pas de fréquence de réalisation. On connait le nombre de personnes tatouées (sans plus de précisions), soit environ 12 % de la population adulte en Europe et 33 % aux Etats-Unis,3 mais on ignore le pourcentage de la population ayant recours au maquillage permanent.
Une technique récente
Si le tatouage est une technique ancienne, le maquillage permanent, en revanche, est une technique moderne, qui a vu le jour il y a une quarantaine d’années, dans des instituts de beauté américains.4
Toutes sortes de synonymes
Le maquillage « permanent » ou « semi-permanent »5 peut être désigné de différentes façons en utilisant l’une ou l’autre des expressions suivantes : « tatouage cosmétique », « cosmétiques permanents » ou « micropigmentation ».6
En fait, il s’agit tout simplement d’un tatouage (avec une aiguille, on injecte du pigment dans le derme) qui, au lieu de siéger au nouveau du torse, des bras ou des jambes, va être localisé dans les zones où l’on se maquille, c’est-à-dire les abords de l’œil, avec le tracé d’un trait d’eye-liner, au ras de la paupière (on parle alors de blépharopigmentation)7 ou bien le tracé de la ligne des sourcils ou bien encore la pose d’une « ombre à paupière » permanente ou au niveau des lèvres.
Il peut, dans certains cas, s’agir d’un maquillage permanent thérapeutique, qui permet de reconstituer l’aspect de l’aréole du sein ou bien de masquer des cicatrices.8,9 Dans ce dernier cas on parle plutôt de tatouage « décoratif ».10
Toutes sortes d’avantages
Le maquillage permanent est présenté comme une technique efficace, adaptée aux femmes pressées, qui n’ont pas le temps de répéter toujours les mêmes geste le matin. Une technique qui permet un maquillage « waterproof » très résistant, adapté aux sportifs… Voilà un des arguments marketing mis en avant. Se réveiller « maquillée » ou bien pouvoir pratiquer un sport où l’on transpire beaucoup ou bien où l’on doit plonger dans l’eau sans voir son maquillage couler sous l’effet de la sueur ou du milieu ambiant constitue les deux raisons les plus souvent évoqués pour justifier le recours à cette technique.11
Il faut également signaler le fait que ce type de tatouage est adapté à des personnes handicapées ou malades et donc incapables d’effectuer le geste précis imposé par un maquillage traditionnel.8 Une technique également adaptée à des personnes âgées ayant une mauvaise vue, qui souhaitent toujours se maquiller pour conserver une bonne estime de soi mais n’ont plus l’acuité visuelle suffisante pour pouvoir utiliser des cosmétiques.12
Certaines publications mettent également en avant un effet trompe-l’œil du maquillage permanent des lèvres, qui remplacerait ainsi de manière économique des injections de matériaux de comblement (technique « French lips »), permettant de donner une impression de volume.13
Toutes sortes de risques et de complications
Les risques peuvent être de différents types, allant du saignement au moment de la réalisation du tatouage, à la lésion du globe oculaire, en passant par le risque infectieux (en cas de réalisation du tatouage dans de mauvaises conditions d’hygiène) localisé ou systémique,14,15 les réactions inflammatoires (avec une granulomatose cutanée ou une sarcoïdose)16-20, et allergiques (pour les encres rouges en particulier.21-23 Il est à noter qu’une sarcoïdose systémique secondaire à un tatouage peut engendrer une uvéite.24,25 Est également évoqué le risque hypothétique de survenue de cancers cutanés (carcinome basocellulaire ou épidermoïde). Avec comme principe le fait de considérer le pigment comme un corps étranger créant une inflammation persistante ou bien de le considérer comme une source de matières premières cancérigènes.
Les risques immédiats (environ 12 % des cas) ne sont pas négligeables. Il s’agit principalement de démangeaisons consécutives aux interventions concernant les sourcils et de gonflement pour les interventions ciblant le contour de l’œil.4
Un autre risque relève, cette fois, de l’esthétisme et non de la sécurité d’emploi, avec des cas d’insatisfaction quant au résultat obtenu. La couleur peut ne pas convenir au moment de la réalisation du tatouage ou se modifier au cours du temps et ne plus convenir alors. Outre la couleur, la forme peut également déplaire.8
Un problème de qualité
Suite à la lecture de la littérature scientifique consacrée à ce type de tatouage, on relève deux problèmes, l’un ayant trait aux conditions de tatouage (avec certains professionnels peu soucieux du risque infectieux) et l’autre à la qualité des encres utilisées, à base de pigments inorganiques sources de métaux lourds26 et de colorants organiques sources d’allergie.27 Sachant que parfois on peut combiner les deux problèmes ou même trouver sur le marché des encres contaminées par des bactéries.28,29 La pratique du tatouage devrait impliquer évidemment la prise de mesures énergiques concernant les contrôles à destination des professionnels du domaine et des produits qu’ils utilisent.30
Le maquillage permanent, en bref
En résumé, on connaît les bienfaits (le maquillage augmente l’attractivité, l’estime de soi, donne une apparence de bonne santé…)31,32 des produits de maquillage. On connaît aussi les limites des produits de maquillage qui sont présentés par certains auteurs comme des concentrés de substances très indésirables.33
On connaît cela… ce maquillage temporaire, qui peut contenir des substances indésirables, mais qui est ôté de la surface cutanée, lors de la toilette du soir.
Et on connaît aussi le tatouage cosmétique, également appelé maquillage permanent, qui est pratique, car il ne nécessite pas d’en remettre une couche chaque jour. Et la littérature n’est pas avare en ce qui concerne la dénonciation des nombreux ingrédients indésirables retrouvés dans les encres utilisées. Des effets indésirables sont rapportés.
Pourtant, il semble bien que ce qui est placé sur la peau, puis éliminé, tourmente plus le public que ce qui est instillé dans le derme. Curieux !
Bibliographie
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