Nos regards
Le bonheur à un cheveu près !

> 10 mai 2020

Le bonheur à un cheveu près !

En Californie, dans les années 1930, George, un petit gars sec et nerveux marche en compagnie de Lennie, une sorte de géant, à l’aspect mou, mais à la force herculéenne, capable de broyer une souris, tout en pensant la caresser avec douceur.1

Ces deux hommes cheminent, de ranch en ranch, afin de gagner leur croûte en louant leurs bras. Tout commence en général bien, mais se termine en eau de boudin. Il y a toujours, un pépin qui chasse les deux amis et les pousse en avant.

Le confort, ils ne connaissent pas trop. La vie s’organise dans des dortoirs où chacun dispose d’un lit spartiate et d’une caisse pour mettre « savons, poudre de talc, rasoirs, médicaments, petites fioles, peignes » et des magazines spécialisés. Le liniment est également le produit incontournable. Lorsque l’on est journalier dans un ranch, mieux vaut, en effet, prévoir une bonne réserve de liniment pour se frotter le dos et les zones douloureuses, après une journée de labeur.

Dans le ranch de Curley, un type plutôt bagarreur nouvellement marié à une bombe qui traîne sans arrêt dans le dortoir des ouvriers, l’ambiance est électrique. Le Curley, il est jaloux, c’est incroyable. Sa femme, il l’aime... C’est pour elle, qu’il porte toute la journée un gant « plein de vaseline » à la main gauche. Cette main-là doit être bien « douce pour sa femme ».

La femme de Curley, on n’en connaît pas le prénom. On sait juste que c’est la possession de Curley. On sait aussi que c’est une femme provocante qui aime à rôder autour des hommes. Ses « grosses lèvres enduites de rouge », ses « yeux très maquillés », ses ongles vernis en rouge ne sont pas du meilleur goût. Ses cheveux bouclés font toute sa fierté. On dirait des « petites saucisses » ou des « tire-bouchons ».

George et Lennie rêvent d’une ferme remplie d’animaux... particulièrement des lapins. C’est Lennie qui s’en occupera. Candy, un vieux qui a perdu sa main au ranch et qui a mis de côté des petites économies, a bien envie de participer au projet. Ce rêve, il voudrait bien le faire lui aussi.

Mais un os va survenir à nouveau. Lennie va recommencer les bêtises. Cette fois, c’est un chiot qui a fait les frais de sa force hors norme. Manque de bol. La femme de Curley se pointe à ce moment-là et commence un brin de causette.

Elle balance sa belle chevelure ; ses cheveux sont fins et soyeux, car elle les peigne souvent. Elle invite Lennie à toucher ces cheveux dont elle est si fière.

Et bing... La ferme et tous ses gentils animaux, c’est fini. Lennie se cramponne à la chevelure, serre, serre... et étrangle le projet d’une vie paisible partagé entre amis d’enfance.

Un grand merci à Jean-Claude A. Coiffard, poète et plasticien, qui nous rappelle qu'il y a plusieurs types de souris !

Bibliographie

1 Steinbeck J. Des souris et des hommes, Le livre de Poche, Gallimard, 1949, 182 pages

Retour aux regards