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Lancaster, in vitro veritas

> 25 mai 2017

Lancaster, in vitro veritas Le titre de ce Regard est un petit clin d’œil à Marc Pissavini, un chercheur que les termes exactitude, justesse, sincérité ne laissent pas indifférent.

Lancaster est une société qui, malgré ses 70 ans, reste dans le coup ! L’aventure monégasque débute en 1946 par l’association de deux hommes, Georges Wurz, pour les aspects financiers et le chimiste Eugène Frezzati, pour les idées et la mise en pratique. Le choix du nom de cette société s’est fait en hommage aux bombardiers anglais, les Avro Lancaster qui ont participé à la libération de la France. Wurz et Frezzati s’apprêtent, quant à eux, à livrer une guerre sans merci aux bourrelets, aux chairs affaissées, aux rides… bref, à l’ensemble des signes visibles et caractéristiques du vieillissement cutané. C’est le domaine de l’anti-âge qui est donc ciblé en tout premier lieu. Les extraits embryonnaires sont mis à l’honneur. Par la suite, la société s’essaiera avec bonheur à la formulation des produits de maquillage, puis plus tard encore mettra son expertise au service des produits de protection solaire (C. Couteau & L. Coiffard, Dictionnaire égoïste des cosmétiques, Edilivre, 2016, 246 pages). En 2008, Marc Pissavini rejoint le pôle solaire de la société, s’impliquant dans le développement d’une méthode de détermination in vitro des produits de protection solaire plus éthique que la méthode in vivo couramment utilisée. Sa thèse de doctorat, soutenue à Nice, en 2003 et intitulée «Analyse des mécanismes d'action de différents filtres ultraviolets en concentration élevée sur des substrats irréguliers » démontre son intérêt pour la photo-protection topique. Son activité de publications dans le domaine de la photo-protection topique de 2002 à nos jours est régulière et témoigne de sa volonté d’éclaircir le domaine parfois opaque de la détermination de l’efficacité des produits de protection solaire. La notion de vérité scientifique est une notion qui ne manque pas de titiller Marc Pissavini. En 2011, c’est avec humour qu’il fait le point sur la méthode in vivo « Predicting the efficacy of sunscreens in vivo veritas », dans la revue International journal of cosmetic science. En 2017, la recherche de la vérité est toujours au cœur de ses préoccupations : « The perplexing dilemma of measuring sun protection factors » (International journal of cosmetic science). Et c’est très bien ainsi…

Dans ces conditions, nous ne pouvions qu’être tentées par l’étude des produits de protection solaire de la marque.

La crème confort Sun beauty (Full Light Technology) SPF 50 a attiré particulièrement notre attention. L’argumentaire marketing est séduisant… une protection qui cible 100% des rayons du soleil… à voir !

« Pour la 1ère fois chez Lancaster, nos chercheurs, pionniers internationaux en recherche solaire, ont décodé l’intégralité du spectre solaire pour vous apporter leur nouvelle protection solaire exclusive ultra-large spectre : la « Full Light Technology » cible 100% des rayons du soleil, au-delà des UVB et UVA elle protège également la peau des rayons infra-rouges et de la lumière visible, responsables du vieillissement cutané prématuré et des hyperpigmentations. Pour un bronzage encore plus uniforme et idéalement doré, notre Complexe Activateur de bronzage (TAC) complète ces formules avant-gardistes ».

La notion de bronzage associée à la notion de protection solaire est quelque chose qui nous déplait toujours. Si l’on est bien protégé (ce que l’on peut espérer lorsque l’on utilise un produit de protection solaire et il est bon de rappeler à cette occasion que ce sont les personnes les plus rétives au bronzage - du fait de leur phototype - qui doivent se protéger le plus), il paraît difficile de bronzer !!! Protection et bronzage sont deux termes que le public aime à voir associés sur les produits de protection solaire, car s’il souhaite être protégé des cancers cutanés photo-induits, il espère, en revanche, revenir de vacances avec un hâle qui témoignera de la réussite de ces dernières ! Non décidément, et n’en déplaise aux accros du bronzage, les produits de protection solaire ne sont pas les produits les plus adaptés à leur souci esthétique !

Nous avons voulu en savoir plus sur l’efficacité véritable de ce produit. Pour ce faire, nous l’avons testé par méthode in vitro.

Le verdict est sans appel : le SPF affiché sur l’emballage est en accord avec le SPF déterminé par nos soins. L’obtention d’un SPF de 52 et d’un Facteur de protection UVA de 25 nous permet de dire que ce produit appartient à la classe des produits de « protection haute ».

L’analyse de la formule permet de mettre en évidence des filtres UVB (octocrylène, acide phénylbenzimidazole sulfonique), un filtre UVA (butyl méthoxydibenzoylméthane), deux filtres organiques à spectre large (méthylène bisbenzotriazolyl tétraméthylbutylphénol et bis-éthylhexyloxyphénol méthoxyphényl triazine) d’action synergique et un filtre inorganique à spectre large (titanium dioxide). Deux filtres UVB (diéthylhexyl butamido triazone, éthyhexyl méthoxycinnamate) sont retrouvés en fin de liste; cela signe qu’ils sont introduits en faible concentration dans la formule. On notera que le dioxyde de titane émarge à deux reprises : une première fois, en tête de liste sous forme nanoparticulaire (il s’agit donc d’un filtre UV), une seconde fois en fin de liste sous forme pigmentaire (il s’agit donc d’un colorant). Il est important de rappeler que seul le dioxyde de titane nanoparticulaire est efficace en photo-protection topique ; la forme pigmentaire, très couvrante, convient, en revanche, parfaitement à la formulation des produits de maquillage ou à la réalisation de crèmes blanches (c’est cet effet qui est recherché ici).

Côté filtres UV, rien à redire donc !

Côté ingrédients associés, on regrette la présence d’alcool, de nombreux allergènes, d’un extrait de racine d’angélique, racine dont on connaît, depuis bien longtemps, la composition en furocoumarines, des molécules photo-sensibilisantes (A. Chatterjee, S. Sen Gupta, The constitution of archangelin, A new coumarin isolated from the root of Angelica archangelica linn. (Umbelliferae), Tetrahedron Letters, 5, 29, 1964, 1961-1965), d’un extrait de graines de karanja (Pongamia pinnata seed extract) dont les propriétés anti-inflammatoires sont démontrées (D. Dwivedi, M. Dwivedi, S. Malviya, V. Singh, Evaluation of wound healing, anti-microbial and antioxidant potential of Pongamia pinnata in wistar rats, Journal of Traditional and Complementary Medicine, 7, 1, 2017, 79-85) et qui peuvent trouver des applications dans des produits cosmétiques (on parlera alors de propriétés adoucissantes) autres que les produits de protection solaire… une formule longue, trop longue à note goût !

En résumé, Sun Beauty SPF 50 Lancaster : un SPF cohérent avec le mélange filtrant utilisé et des ingrédients indésirables à supprimer !

Sun Beauty Crème confort SPF 50 Lancaster : aqua, cyclohexasiloxane, glycerin, C12-15 alkyl benzoate, octocrylene, petrolatum, phenylbenzimidazole sulfonic acid, tribehenin PEG-20 esters, butyl methoxydibenzoylmethane, methylene bisbenzotriazolyl tetramethylbutylphenol, bis-ethylhexyloxyphenol methoxyphenyl triazine, titanium dioxide [nano], stearic acid, palmitic acid, VP/eicosene copolymer, acrylates C10-30/alkyl acrylate crosspolymer, alcohol, alpha-isomethyl ionone, aluminum hydroxide, aluminium stearate, angelica archangelica root extract, ascorbic acid, ascorbyl palmitate, benzyl benzoate, benzyl salicylate, BHT, caprylyl glycol, butylphenyl methyl propional, caffeine, camellia sinensis leaf extract, citrus aurantium amara (bitter orange) peel extract, coffea arabica seed extract, cyclopentasiloxane, decyl glucoside, diethylhexyl butamido triazone, disodium EDTA, elaeis guineensis (palm) oil, ethyhexyl methoxycinnamate, eugenol, farnesol, geraniol, glycine, hydrolyzed citrus aurantium dulcis fruit extract, hydroxycitronellal, hydroxyisohexyl-3 cyclohexene carboxaldehyde, hydroxypropyl methyl cellulose, lecithin, linalool, magnesium aluminum silicate, maltodextrin, mauritia flexuosa fruit oil, mica, PEG-8, polyquaternium-51, pongamia pinnata seed extract, potassium cetyl phosphate, propylene glycol, ruby powder, sclerotium gum, sodium hydroxide, sodium lactate, methylsilanol, tocopherol, xanthan gum, chlorphenesin, phenoxyethanol, propyl paraben, salicylic acid, sodium methyl paraben, sorbic acid, parfum, FD&CRed N°4 (CI 14700), FD&C Yellow N°5 (CI 19140), titanium dioxide (CI 77891).

Que Mme Eva Paparis qui est à l'origine des valeurs de SPF et de FP-UVA données ici soit vivement remerciée !

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